samedi 27 octobre 2012

Une pop ensorcellée

Sympathique concert des BeWiTcHeD hAnDs vendredi soir dans un cadre intimiste (la petite salle de la Laiterie), un public peu nombreux mais chaleureux et un groupe au top de sa forme au dynamisme communicatif qui nous a offert un joyeux concert d' 1h15.


Les BeWiTcHeD hAnDs, s'ils chantent en anglais sont pourtant originaires de Reims. Le groupe est composé de 6 trentenaires (5 gars qui ont l'air de sortir du lit et une fille) et sur scène on sent une véritable complicité entre les membres du groupes. Eux même disent que the BH est avant tout un délire de copains.

Leur musique pop rock n'est pas sans faire penser à Arcade Fire, les mélodies et les percus sont entraînantes, les bruitages et chants chorals enthousiastes, certains titres sont de joyeuses fanfares qui, à l'écoute de l'album me semblent un peu trop cacophoniques (par exemple la chanson So cool, Kings Crown  ou Cold),  mais rendent vraiment bien en concert !


En 2010 sort leur album Birds and Drums  dont voici quelques extraits :

Un de mes titres préférés :
Hard to cry

Les musiques les plus connues:
Out of Myself 

Birds & Drums


Le 21 septembre dernier est sorti leur nouvel album Vampiry Way, les musiques sont ici plus posées, les mélodies font moins "fanfares" et chorales que sur le premier album, les influences sont plus rock, comme dans Westiminster ou 50 s are good, et il y a de superbes balades comme Words can let you down ou Modern Dance.

Extrait:
Westminster

Vraiment une belle surprise en concert, de quoi redonner la pêche en ce début d'hiver...

ThE BeWiTcHeD hAnDs
Birds & Drums . - label Jive Epic, 2010
Vampiry Way . - label Jive Epic, 2012

lundi 22 octobre 2012

des ours plein de douceur


Je viens de découvrir Grizzly Bear, véritable bijou qui oscille entre pop, folk et rock indépendant.  En écoutant Grizzly Bear on se sent comme enveloppé d'une couche de coton. Voici une musique à écouter bien au chaud durant les longues soirées d'hiver.


Ce groupe américain composé de 4 garçons n'en est pas a son coup d'essai puisqu'ils viennent de sortir leur quatrième album et ont apparemment déjà acquis une certaine notoriété après avoir fait les premières parties de Feist, de TV on The Radio et de Radiohead ! De plus, vous avez peut être déjà entendu leurs voix si vous avez regardé la série Skins ou How I met your mother.


J'aime les superbes mélodies mélancoliques, les voix aériennes, les rythmes variables aux influences pop et folk (surtout présentes dans les deux premiers albums) et davantage rock dans les deux derniers. On pense  à The XX en écoutant certains morceaux très épurés ou a Sufjan Stevens sur certains titres plus folk.
Leur tube Two weeks issu de l'album Veckatimest est entré au top 10 américain en 2009.


Leur nouvel album Shields sorti en septembre est sans doute le plus accompli. Le groupe lui même affirme que c'est son meilleur disque. Il est d'ailleurs difficile d'effectuer quelque comparaison avec d'autres groupes sur ce dernier album tellement il semble unique.
Grizzly Bear est devenu une référence en matière de rock inde, un groupe à suivre!

Voici quelques extraits:

Knife, issu de l'album Yellow House sorti en 2006


Ready, able, issu de l'album Veckatimest sorti en 2009


Yet again, issu de l'album Shields sorti en 2012


Grizzly Bear, label Warp
Horn of Plenty (2004)
Yellow House (2006)
Veckatimest (2009)
Shields (2012)



vendredi 12 octobre 2012

Paranoïa aux USA

Homeland

J'ai regardé pas mal de séries ces derniers mois sans qu'aucune ne m'ait particulièrement marquée.  Mais actuellement je suis en train de regarder Homeland, l'adaptation d'une série israélienne dont tous les médias parlent, et j'avoue ne pas avoir été déçue.


Un marine américain, Nicholas Brody (superbe interprétation par Damian Lewis) est retrouvé au fin fond de l'Irak lors d'un assaut américain après y avoir passé 8 ans en tant que prisonnier. Lui et son compagnon d'armes avaient été déclarés morts il y a plusieurs années déjà.  Il est rapatrié aux Etats-Unis et devient vite un héros national. Il réapprend à vivre aux cotés de sa famille, de ses proches, tout en devenant le centre de l'attention de tout un pays.
Au même moment Carrie Mathison, agent secret à la CIA apprend par un de ses indic' juste avant que celui-ci ne soit fusillé, qu'un agent américain prisonnier a été retourné par Al Quaida en vue de préparer un attentat sur le sol américain. Aussitôt ses soupçons se posent sur le nouveau héros américain et il deviendra vite son obsession.

Trailer :

Loin des scènes d'action et des rebondissements multiples de 24h chrono (Même si le producteur est un ancien de 24h chrono), Homeland est une série plus réfléchie où la tension est maintenue grâce à la manière de filmer, de tourner autour des personnages, de saisir leurs ambiguïtés et des retournements de situation. La série a l'intelligence de ne pas être un feuilleton patriotique mais de présenter les différents enjeux politiques et motivations des deux camps.
En toile de fond, le sujet grave de la guerre en Irak, l'engagement politique, la religion, le terrorisme, la paranoïa ambiante des agents américains.


Les soupçons ne cessent de passer d'un personnage à l'autre, personne n'est épargné : agent de la CIA, ancien prisonnier ou diplomate. Les épisodes sont ponctués de nombreux flach-back sur le passé de Nic Brody, sur ce qu'il a enduré durant ses 8 années de captivité, pour essayer de comprendre dans quel camps il est vraiment. Et on ne cesse de se demander si c'est simplement un homme brisé qui tente de reprendre une vie normale ou un terroriste manipulateur...
Carrie, interprétée magnifiquement par Claire Danes, est une héroïne entière, passionnée, impulsive,à la fois froide et sensible, souvent au bord de la crise de nerf et qui prend en cachette des médicaments contre les troubles de l'humeur. Elle est à la fois fascinée, méfiante et attirée par son suspect, et entretiendra avec lui des relations de plus en plus ambiguës.


La série a été récompensée en septembre et a reçu trois Emmy Awards : Emmy de la meilleure série 2012, le Britannique Damian Lewis a été désigné meilleur acteur dans une série dramatique et Claire Danes a reçu la statuette de la meilleure actrice dans cette catégorie.

Homeland, saison 1 Créée par Alex Gansa, Gideon Raff, Howard Gordon en 2011
Avec : Claire Danes, Damian Lewis, Mandy Patinkin 

jeudi 4 octobre 2012

Des chaussures italiennes en Suède

Les chaussures italiennes /Henning Mankell

Henning Mankell est un de mes auteurs de polar préférés et j’ai quasiment lu tous ces romans policiers (La Cinquième Femme, Les morts de la Saint Jean, Meurtriers sans visage, Le retour du professeur de danse, chiens sans visage…). Tous se passent en Suède, souvent en Scannie, cette région du grand froid ou tout semble calme et paisible et où, malgré tout, la brutalité humaine parvient à s’échouer. Les descriptifs sont superbes, on a aucun mal à imaginer les paysages gris et froids, et on est imprégné par l'ambiance mélancolique qui règne dans ses romans. Ses intrigues sont toujours très bien ficelées et le dénouement à chaque fois surprenant. Dans ses romans, Mankel décrit les tréfonds de l’âme humaine, ce qu’il y a de plus noir dans l’humanité. Et on suit avec plaisir l’inspecteur Wallander, le personnage récurrent de tous ses romans policiers, dans ses enquêtes.

Or, Mankell n’a pas écrit que des polars. En 2009 est sorti Les chaussures italiennes, un roman très intimiste.

Un vieil homme, ancien chirurgien, vit reclus sur une petite île suédoise depuis 12 ans, à la suite d’une erreur médicale qui lui a coûté sa carrière il a décidé de tout quitter pour vivre isolé. Sa seule occupation est de prendre des bains matinaux dans l’eau glacée, de s’occuper de sa chienne et de sa chatte et de soigner les maladies imaginaires de son facteur qui ne lui amène jamais de courrier.
Or, un jour, il voit débarquer sur son île la femme qu’il a abandonné 37 ans plus tôt au profit de sa carrière.. Cette dernière, gravement malade, lui demande de tenir une promesse qu'il lui a faite il y a près de 40 ans.
Le quotidien de cet homme sera entièrement bousculée par cette venue, il va reprendre peu à peu contact avec le monde extérieur, et sera amené à prendre enfin ses responsabilités après les avoir fuies pendant tant d’années. Il va rencontrer plusieurs femmes dont le destin a été brisé d’une manière ou d’une autre et essayera de se racheter ou de les aider. Ces femmes vont l'inciter à prendre conscience de ses erreurs, du mal qu’il a pu faire autour de lui, il va devoir apprendre à vivre avec ses regrets et faire de nouveaux projets, lui qui pensait que sa vie était derrière lui.

On retrouve ici le style propre à Mankell, ses phrases courtes et percutantes, ses descriptions magnifiques des paysages de Suède, -on a froid rien qu’en feuilletant ces pages !- ses personnages ont toujours de fortes personnalités, l’ambiance est pleine de mélancolie. Mais, malgré la grande tristesse évoquée dans ce livre (les thèmes de la maladie, de la mort, les regrets, de l’hiver, de la solitude…) Mankell démontre qu’il n’est jamais trop tard pour se racheter et pour reprendre le cours de sa vie. 
Un roman magnifique, d’une grande sensibilité.

Quelques citations :

"Des promesses, a-t-elle dit, on en reçoit tant. On s’en fait à soit même. Les autres nous en font. On a les politiciens qui nous parlent d’une vie meilleure pour les vieux, d’un hôpital où personne n’aura plus d’escarres ; on a les banquiers qui nous promettent des intérêts plus élevés, les produits qui nous promettent qu’on va perdre du poids, les crèmes qui nous promettent une vieillesse avec moins de rides. Vivre au fait, ce n’est jamais qu’avancer dans son petit bateau au milieu d’un flot de promesses variées à l’infini."

"Les promesses trahies sont comme des ombres qui dansent autour de toi au crépuscule"

"Je ne crois pas aux miracles , et toi non plus . S'ils se produisent , parfait . Mais y croire , les attendre , c'est juste une façon de gaspiller le temps qu'il nous reste "

"Je ne crois pas en Dieu. Mais il faut pouvoir en créer un quand c'est nécessaire."

"Il est aussi facile de se perdre à l'intérieur de soi que sur les chemins des bois ou dans les rues des villes."

Les chaussures italiennes / Henning Mankell . Le Seuil, 2009

lundi 1 octobre 2012

The We and the I


Michel Gondry a plus d'une corde à son arc. Avec The we and the I on est loin de la fiction délurée de The Eternal Sunshine of the Spotless Mind, film que j'avais adoré ou de ces précédentes fictions. Dans ce film, il décrypte de manière quasi documentaire les comportements d'un groupe d'adolescents du Bronx. Toute l'action du film se déroule dans un bus scolaire, à la sortie du dernier jour de classe avant les grandes vacances.


Ces ados sont agités, grossiers, bruyants, tyrans, moqueurs. D'un coté les bizuteurs, de l'autre les victimes, ceux qui se fondent dans la masse, les amoureux... La caméra s’arrête sur ces différentes personnalités pour en saisir toute la complexité, sans jugement, avec une objectivité remarquable. Ces ados, ce sont les enfants de la culture YouTube, accro aux sms, aux vidéos en ligne, aux réseaux sociaux : des moyens de communiquer entre eux, de créer un sentiment d'appartenance en s'envoyant notamment tour à tour des vidéos de petits bizutages. Leurs relations apparaissent vite superficielles, tous sont à la recherche de relations amoureuses tout en faisant passer le sexe pour une chose légère et anodine, tous cherchent à se faire apprécier tout en ayant peur de ce que les autres peuvent penser, tous ont déjà morflé dans leur courte vie et tentent de masquer leurs blessures par des simagrées.

Bande annonce:

Le film se divise en trois parties, dans un premier temps, "the bullies", le nécessaire sentiment d'appartenance de ces ados qui se sentent plus forts en groupe, ensuite "the chaos", les fissures du groupe, les divergences et les disputes, puis enfin la révélation du "I", qui laisse entrevoir la personnalité de chacun au fur et à mesure que le bus se vide et que la nuit arrive.
Ainsi nous suivons l'avancée du bus, sur fond de musique hip-hop. Après chaque arrêt, pendant que le bus se vide, on en apprend plus sur cette fille qui a mystérieusement disparu pendant plusieurs semaines durant l'année scolaire et revient attifée d'une perruque blonde, ou sur ce jeune caïd meneur de bande qui laisse entrevoir ses peines de coeur, ou encore sur cette fille obsédée par l'organisation de sa soirée au point de se gratter jusqu'au sang. Tous les comportements sont filmés avec beaucoup de justesse, on est par exemple touché par la dispute pleine de maturité d'un couple gay. Des éléments de flash back filmés à la sauce Youtube nous en apprennent plus sur le passé de certains protagonistes et sur une tragédie qui se déroule en parallèle de ce trajet en bus...

Un film très bien construit, plutôt réussi, des jeunes acteurs prodigieux. Toutefois, pendant la première partie du film, on subit vraiment d'être dans ce bus, d'en supporter la cohue, le bruit, l'ambiance pipi - caca, on a envie d'en sortir, on attend que l'histoire commence enfin. Mais petit à petit on se laisse prendre dans le jeu des relations entre les personnages, on a envie de savoir quels sont leurs secrets. Et on ne peut qu'admettre la justesse de Gondry qui démontre très bien que les comportements adolescents ne sont que démonstrations et simulations et qu'ils s'efforcent de cacher toute forme de sensibilité, qu'ils essaient juste de se faire une place dans le monde et qu'ils se blindent pour devenir adultes.

Prix de la critique international au festival du cinéma américain de Deauville (2012)