jeudi 21 avril 2016

"Médecin de campagne" : un film sobre, plein d'humanité, sur une profession en voie de disparition

Jean-Pierre, la cinquantaine, est un médecin de campagne dans une petite commune de l'Eure. Le matin, il sillonne la région pour rendre visite à ses patients à domicile, l'après-midi, il enchaîne les consultations à son cabinet. Il peut également être appelé le soir en cas d'urgence. En effet, dans cette petite ville de province, l'hôpital le plus proche est à 40 km et les médecins de campagne se font rares. Jean-Pierre est un pivot de cette petite ville où il tutoie tout le monde. Calme, toujours disponible et à l'écoute pour ses patients, c'est un médecin plein d'empathie très apprécié de la population. 


Malheureusement, le fait de soigner des gens à longueur de journée ne permet pas d'être immunisé face au cancer. Lorsqu'il apprend qu'il est atteint d'une tumeur au cerveau non opérable, Jean-Pierre est secoué mais n'en montre rien. Il continue d'enchaîner les rendez-vous tout au long de la journée. Son confrère de l'hôpital lui demande pourtant de lever le pied et lui envoie même une médecin pour l'aider.
Réticent, voir vexé de devoir être assisté, Jean-Pierre réserve un accueil plutôt froid à Nathalie, médecin fraîchement diplômée qui a auparavant exercé dix ans en tant qu'infirmière. Mais c'est sans compter la patience et la ténacité de cette dernière qui parviendra au fur et à mesure à apprivoiser l'ours bourru qu'est Jean-Pierre et à s'intégrer dans cette petite ville de province.

bande-annonce :

"Médecin de campagne" est un beau film qui parle avec justesse et simplicité des enjeux du monde rural, souvent déserté par les médecins. C'est un film qui rend hommage à la profession de médecin de campagne, métier difficile qui demande une bonne dose d'empathie. Le docteur ici soigne bien sûr les problèmes de santé mais a aussi une oreille d'assistant social et de psychologue.


Ce film aborde des sujets difficiles comme la maladie, la vieillesse, le handicap, la perceptive de la mort, la solitude. Mais c'est également un beau film sur la solidarité et la vie à la campagne. Le réalisateur Thomas Lilti  porte un regard profondément humain sur les "ruraux", portés par des acteurs brillants, dont certains sont non-professionnels. Il connait bien le sujet puisqu'il a lui même été médecin et cela se sent tout au long du film. Il dresse ici un beau portrait de ces héros ordinaires que sont les personnels soignants.
François Cluzet endosse à merveille ce rôle de médecin solitaire un peu bourru. Quant à l'actrice Marianne Dénicourt, elle brille à l'écran avec son regard à la fois attendrissant et taquin.


Médecin de campagne est un petit film f'rançais délicat, émouvant, plein d'humanité, qui évite les clichés . C'est aussi un film engagé qui dépeint avec justesse un métier en voie de disparition et montre les enjeux du milieu rural aujourd'hui. 

mercredi 13 avril 2016

Fortitude, une série policière glaçante au dénouement inattendu !

Retour dans le grand Nord pour une nouvelle série polar et polaire ! Fortitude est une série anglaise dont l'action se déroule dans une ville imaginaire en arctique qui dépend de la Norvège (en réalité j'ai reconnu quelques paysages islandais, pour y avoir été :-) ) Un millier d' habitants vivent ainsi coupés du monde sur cette île, autour d'un énorme glacier, ayant pour seule crainte les ours polaires qui peuvent s'attaquer à l'homme en période de disette. D'ailleurs, tous se déplacent armés de fusils. La Gouverneure de cette ville se vante de diriger une des contrées les plus paisibles du monde puisqu'il ne s'y passe jamais rien, à part de rares attaques d'ours.


Mais un jour, un meurtre horrible est perpétré : un scientifique qui venait de faire une découverte importante est retrouvé éventré chez lui. La police de la ville, qui compte 4 personnes (un shérif lunatique, un policier ronchon qui s'avère être le mari de la Gouverneure, et deux jeunes femmes angéliques) se charge de l'enquête. La victime étant de nationalité britannique, l'Angleterre envoie un de ses agents, le commandant Morton, pour éclaircir l'affaire. Ce dernier constate rapidement que de nombreux habitants, dont les policiers, cachent un secret. Et qu'une autre affaire a semble t'il été enterrée quelques temps auparavant. Sa collaboration avec la police locale s'annonce donc difficile.
Face à cette enquête qui s'avère plus compliquée que prévue, la petite équipe de la police de Fortitude se retrouve vite démunie ne disposant pas des moyens techniques requis. Elle sollicitera à plusieurs reprises les deux scientifiques de la ville qui apporteront un nouveau regard à l'avancée de l'enquête. Et tous deux prendront de plus en plus d'importance au fil des épisodes.

Teaser :

En parallèle de cette histoire de meurtre, un garçon de 10 ans rentre chez lui soudainement très malade et mutique. Le couple que forme ses parents bat de l'aile. Elena, mystérieuse hôtelière de la ville, attise les passions. La Gouverneure se prépare à inaugurer son projet d'hôtel glacier pour relancer l'économie de l'île, ce qui suscite des polémiques. Un vieil homme malade, photographe animalier, lunatique et alcoolique, semble savoir certaines choses que d'autres ignorent.


Quelle était donc cette fameuse découverte qu'avait faite le scientifique ? Cela a-t'il un rapport avec d'étranges comportements observés chez des animaux sauvages par les scientifiques? Ou avec une carcasse de mammouth découverte par deux mineurs dans le "permafrost" (sol qui ne dégèle jamais) réapparue subitement à cause du réchauffement climatique ?


Au fil des épisodes, on se pose de plus en plus de questions et la liste des suspects semble sans cesse s'allonger, nous orientant, tout comme les enquêteurs, sur diverses pistes.
Il y a également une foule de personnages secondaires, plus ou moins importants. Par contre, les réalisateurs nous égarent un peu en suivant de manière croisée tous ces personnages énigmatiques. Il y a quelques longueurs et scènes inutiles, ainsi que des histoires sentimentales qui n'apportent pas grand chose à l'histoire.

Elena

Alors que je me demandais justement quelle tournure allait prendre cette histoire, si elle allait s'essouffler ou rebondir, la série prend subitement une tournure inattendue en s'orientant vers un coté mystique et fantastique. Donc attention : au moment où vous risquez de vous lasser, voir de vous endormir, quelques scènes de suspens intenses ainsi qu'une touche de gore plutôt inattendue devraient vite vous réveiller ! Et là, je n'en dirai pas plus pour ne pas dévoiler les surprises de la deuxième moitié de la série.


En tout cas, l'ambiance dans Fortitude est glaçante à souhait, le scénario original, les interprétations des personnages plutôt réussies, notamment pour les deux enquêteurs Dan et Morton. Le shérif Dan (interprété par Richard Dormer qui a joué notamment dans Games of Thrones) a une personnalité ambiguë. Plutôt taiseux, il est par moments inquiétant, à d'autres attendrissant, toujours obsédé par la belle Elena. C'est la figure même du flic bourru et torturé.

le shérif Dan

Le commandant Morton est interprété par Stanley Tucci, qui joue avec brio un flic aguerri et expérimenté, ancien du FBI, têtu, cynique et détaché, toujours droit dans ses bottes.

le commandant Morton

La figure du vieux fou du village est très justement interprétée par Michael Gambon (professeur Dumbledore dans Harry Potter !) qui interprète ici un homme au crépuscule de sa vie, détenteur de plusieurs secrets.
Et pour les amateurs de séries nordiques, une autre figure connue, celle de Sophie Grabol, l'héroïne de The Killing, qui interprète ici la Gouverneure, une femme partagée entre ses responsabilités et ses affinités personnelles.


Pour conclure, je dirai donc que Fortitude est une série captivante, qui oscille entre plusieurs genres : le polar, le fantastique et la série d'anticipation. Et en plus, les paysages sont magnifiques ! A regarder avec un thé bien chaud :-)
Une saison 2 qui est en préparation.


mercredi 6 avril 2016

Une chanteuse in-jain-ieuse !

Jain est une jeune artiste de 24 ans à l'allure bien sage et plutôt timide dans sa robe col Claudine. Mais il ne faut pas se fier aux apparences, sa musique est un mélange de genres original et sur scène elle a une patate et une énergie contagieuse !
La jeune française a vécu dans plusieurs endroits du monde, notamment au Congo et à Dubaï, avant de venir faire ses études à Paris. Ses nombreux séjours à l'étranger lui ont appris à apprécier et à mêler plusieurs genres musicaux comme l'électro, la pop, la musique du monde, le reggae, le hip hop...


Jain fait ses premières scènes en 2013 en faisant la première partie de Yodelice. Le 6 novembre 2015 elle sort son premier album qui s'intitule Zanaka, ce qui signifie "enfance" en malgache. Elle reçoit le disque d'or en février 2016 et est nommée aux Victoires de la musique.
La jeune chanteuse et son équipe sont forts en communication puisque son image est bien peaufinée. En effet, elle a une identité visuelle assez forte : toujours la même tenue, l'image de la chanteuse aux six bras sur fond jaune, des clips travaillés avec plein d'effets visuels et quelques effets spéciaux sur scène. 


Si j'appréciais déjà l'écoute de l'album auparavant, j'ai d'autant plus aimé voir cette artiste sur scène car on se rend compte davantage de toutes les subtilités de sa musique et elle dégage une énergie vraiment communicative !

Jain est seule sur scène et utilise la technique du "looper" pour instrumentaliser ses morceaux, c'est à dire des sons pré-enregistrés ou enregistré sur le moment qu'elle passe ensuite en boucle avant de chanter dessus. La plupart du temps ses musiques commencent doucement, avec des mélodies toutes simples, puis elle enchaîne par des sortes de rap chantés ou sons reggae, des rythmes qui se répètent ensuite en boucles, avant d'y joindre des sons électroniques et des musiques de monde.
Par moment, selon les morceaux, sa musique me fait penser à Ibeyi pour le coté chaleureux et mélange de genres ainsi qu'à Gorillaz pour les mixes sonores.
Elle confie dans une interview aux Inrock' avoir eu envie de réunir sur un même album l'Amérique, l'Afrique et l'Europe. Et bien c'est plutôt réussi. Lors du concert à Strasbourg elle nous a d'ailleurs révélé qu'un de ses morceaux qui sent bon le soleil a été écrit en Jamaïque (Par contre je ne me rappelle plus duquel).

Alors, il y a bien sûr ses tubes, dont le fameux Makeba où elle rend hommage à la chanteuse africaine Myriam Makeba qui a bercé son enfance  :


ou le joyeux morceau, Come, que vous avez peut être déjà entendu, où elle chante d'ailleurs "My soul is in Africa" :

ou encore l'excellent Heads up qui alterne des rythmes entêtants et un refrain où on a juste envie de danser :

A découvrir également Mr Johnson, un morceau là aussi entêtant qui parle d'un certain Mr Johnson qui rêve de liberté :



J'aime aussi beaucoup Hob, une chanson d'amour sur une mélodie joyeuse qui donne la pêche.
Enfin, l'inspiration de la chanson Hope lui est venue suite à un réveil matinal à cause de travaux qui avaient lieux dans son immeuble, les bruits répétitifs lui ayant donné l'idée du rythme pour ce morceau !
Mais le morceau qui me reste le plus en tête est assurément You can blame me !
Son premier album contient 10 titres. Vous pouvez l'écouter en ligne sur deezer :

Lors du concert, si la plupart du temps on a eu envie de danser, il y a aussi quelques moments émouvants comme cette toute nouvelle chanson qu'elle a écrite suite aux attentats de Paris (qui s'appelle tout simplement Paris), où elle chante avec entêtement  "On your roof". Elle nous a livré aussi quelques chansons plus folks, plus douces, où elle pose sa voix à la fois belle et puissante sur sa guitare comme avec le morceau All my Days.

photo personnelle de très mauvaise qualité prise 
au concert de Jain le 1er avril 2016

Sur scène, le live donne une autre dimension à ses musiques, encore plus enjouées qu'à l'écoute. Jain a beau être jeune et débuter sa longue et prometteuse carrière de chanteuse (on lui souhaite!) elle a une réelle maîtrise de la scène : très présente, hyperactive sur scène,  proche du public, elle n'hésite pas à faire plusieurs rappels, quitte à refaire les mêmes tubes (Etant donné qu'il s'agit là de son premier album elle ne dispose pas encore d'un répertoire suffisamment étoffé pour faire un concert de 2 heures)
Elle aime s'amuser avec le public, l'invitant à taper des mains, claquer des doigts, fredonner un refrain, danser... et... on suit, se laissant porter par ses rythmes entêtants et sa joie de vivre.
Bref, Jain est une jeune chanteuse enjouée, dynamique et prometteuse. A écouter pour avoir la pêche (attention les refrains risquent de vous rester en tête pendant un moment !) et à voir en concert !

Zanaka / Jain . - Sony, novembre 2015