lundi 24 juin 2013

Une série fantastico-policière qui se laisse regarder : Grimm

GRIMM

Les contes des frères Grimm ont déjà inspiré bien des réalisateurs. C'est au tour d'une série américaine de reprendre le thème des contes, en mettant en avant leur coté effrayant.


Le synopsis :  Nick est un jeune flic qui voit un jour débouler sa tante malade qui lui révèle juste avant de mourir ce qu'il est vraiment, à savoir, un Grimm. Il va alors se plonger dans l'histoire de ses ancêtres et découvrir qu'un Grimm a pour but de lutter contre toutes sortes de créatures étranges que lui seul à le pouvoir de voir lorsqu'elles sont sous leur apparence humaine, généralement quand elles sont en proie à des émotions fortes. En effet, ces créatures (orques, lézards géants, loups-garous, sorcières, etc.) sont mi hommes - mi monstres et se transforment généralement pour réaliser leurs méfaits avant de reprendre forme humaine.

Trailer:

Chaque épisode reprend un conte de Grimm, souvent des contes pour enfants (Le petit chaperon rouge, le joueur de flûte de Hammelin...) et en fait une version très sombre et cruelle, loin de l'imaginaire enfantin, le tout inscrit dans l'époque contemporaine. Ce qui est assez fidèle à la réalité, puisque je suis actuellement en train de lire les contes de Grimm et que, bien qu'écrits des fois de manière fort simpliste, l'issue est souvent très crue et violente.

Le générique et la mise en place des premiers épisodes et assez bien fait, et ces derniers sont précédés d'une citation : "Quand ils n'arrivent plus à se contrôler leur masque tombe et nous voyons leur véritable apparence".

Le premier épisode reprend le conte du Petit Chaperon Rouge. Une ado vêtue d'un manteau rouge va courir  dans la forêt. Quelques heures plus tard, son corps est retrouvé dévoré. C'est ensuite une petite fille à l'imperméable rouge qui passe par le parc pour rentrer chez elle et est ensuite portée disparue... Nick va mener l'enquête et au cours de cet épisode il va faire la rencontre d'un loup-garou nommé Monroe qui essaie de se tenir et qui deviendra ensuite son acolyte (un des meilleurs personnages je trouve). 


La mise en place de l'intrigue est plutôt bien faite. Bon après, la sauce américaine reprend un peu le dessus et certains épisodes font un peu trop "Buffy contre les vampires" à mon goût. Généralement les métamorphoses en monstres sont assez bien faites aussi et vous feront quelques fois grimm'acer. 



Tout au long de la série, une intrigue plus générale se met en place, une sorte de complot international, avec ses résistants, ses collaborateurs, et c'est cette intrigue finalement qui donne tout son souffle à la série, car sinon chaque épisode serait un peu répétitif : une nouvelle créature commet un crime, Nick et ses acolytes mènent l'enquête, trouve le méchant et tente de s'en débarrasser. (D'ailleurs vers le milieu de la saison 1, cela traîne un peu en longueur) Cependant, vers la fin de la saison, notamment les deux derniers épisodes, on retient son souffle, plusieurs intrigues finiront par se croiser mais à la fin du dernier épisode, le suspense est à son comble!
C'est vrai qu'il y a un coté un peu trop américain avec ce flic beau gosse et sa gentille copine vétérinaire, le cliché du flic noir et asiatique... Disons que les codes des séries US ne sont pas bouleversés. Mais ce qui est intéressant dans cette série, c'est que les créatures font souvent référence à des types d'individus malheureusement bien réels : le serpent / maître chanteur, le loup / prédateur pour enfants, les chiens de chasse / collaborateurs, les orques faucheurs / tueurs à gages... C'est finalement une sacrée métaphore de la société actuelle.


Bref dans l'ensemble cette série est un bon divertissement même si elle aurait pu être bien meilleure en approfondissant par exemple les traits de caractère des personnages principaux ou en s'éloignant de quelques clichés. Cependant, à la fin de la saison 1 on juste envie de commencer la 2!

Librement inspirés des Contes des frères Grimm

vendredi 14 juin 2013

Sugar man ou le retour de la folk seventies !

Sixto Rodriguez 

Voici un papi song-writer qui revient sur le devant de la scène, l'occasion pour beaucoup comme moi de finalement découvrir ce chanteur folk. Suite au film documentaire Sugar man, réalisé par Malik Benjelloul l'an dernier (qui a d'ailleurs reçu l'oscar du meilleur documentaire 2013), Sixto Rodriguez est de retour. Ce chanteur folk américain, à l'allure de grand sage indien, (son père était mexicain et sa mère amérindienne) fit une courte carrière musicale dans les années 1970 (deux albums) dans l'ombre de Dylan et n'eut pas la carrière méritée.


Il tombe ensuite dans l'oubli aux Etats-Unis, mais rencontre un certain succès en Australie et en Afrique du Sud où il devient d'ailleurs un symbole de l'apartheid, ses paroles engagées séduisant la jeunesse révoltée. Son album Cold Fact y sera disque d'or en 1974 alors que lui même l’ignorait ! Et ce sont deux fans sud-africains qui vont retracer son histoire dans le film. S'en est suivi une bande-originale qui reprend ses plus grands titres.  Et voilà comment Sixto Rodriguez fait dorénavant la une des magazines et envahit les ondes des bonnes radios!

Searching for Sugar man, affiche du film documentaire :

C'est une belle histoire, et aussi une grande joie de découvrir enfin ce chanteur folk. Mais le septuagénaire a la vue qui baisse, semble cassé de partout et marche avec difficulté, et, surtout, semble avoir du mal avec ce retour brutal à la scène et cette soudaine notoriété : son producteur lui a organisé une tournée, mais les concerts parisiens en ont déçu plus d'un, le vieil homme n'ayant pas fait de scène depuis longtemps et n'étant plus suffisamment en forme. Il vaut donc mieux se contenter d'écouter ses CD ou ses morceaux en ligne !

De belles ballades folks, une voix douce, des paroles poétiques et engagées comme dans la chanson Cause par exemple (Lui même fut très engagé en politique au sein de la ville de Détroit) bref, un régal pour les oreilles.

Voici quelques morceaux pour découvrir l'artiste :

Un de ces plus grands succès, Sugar man est une chanson sur la drogue
("All those colours to my dreams - Silver majik ships, you carry - Jumpers, coke, sweet MaryJane")



Crucify your Mind, très beau morceau, sur l'hypocrisie de la politique  ("And you claim you got something going Something you call unique - But I've seen your self-pity showing - As the tears rolled down your cheeks")

 

 I Wonder, chanson aux paroles à la fois légères (I wonder how many times you had sex - And I wonder do you know who'll be next) et engagée (I wonder about the tears in children's eyes - And I wonder about the soldier that dies - I wonder will this hatred ever end)



Like Janis, ce morceau me fait vraiment penser à Bob Dylan !



Magnifique chanson que Sandrevan Lullaby, de superbes arrangements musicaux (guitare et violon) des paroles poétiques ( "Night rains tap at my window - Winds of my thoughts passing by - She laughed when I tried to tell her -Hello only ends in goodbye"), une chanson mélancolique et bouleversante et de loin une de mes préférées.

 

Street Boy, une belle chanson sur les enfants des rues


 La désabusée I'll slip away où il chante son ras-le-bol, et répète "je m'éclipse" (I slip away) ("And you can keep your symbols of success - Then I'll pursue my own happiness - And you can keep your clocks and routines - Then I'll go mend all my shattered dreams - Maybe today, yeah - I'll slip away" )



Pour en savoir plus:

- Un article intéressant de Télérama lui est consacré et vous pouvez découvrir ses morceaux sur Deezer !
- le site de l'artiste www.sugarman.org

dimanche 9 juin 2013

Le Passé, film d'introspection

Le Passé est un film réalisé par l'iranien Asghar Farhadi, (le réalisateur d'Une Séparation), tourné entre Paris et Sevran. J'avais beaucoup entendu parlé de ce film, salué par les médias et en lice au festival de Cannes. Comme j'aime les films étrangers et que la bande-annonce semblait prometteuse, je me suis donc laissée tentée par Le Passé.


Les acteurs jouent très bien : très juste interprétation d'Ali Mosaffa dans le rôle du sage médiateur, Bérénice Béjo (The Artist) est sublime en incarnant à la fois une femme forte et fragile (elle a d'ailleurs été récompensée à Cannes en recevant le prix d'interprétation féminine) et Tahar Rahim (Un Prophète) est plein de justesse dans son rôle de père un peu dépassé par les événements.

Bande-annonce :

L'histoire : Ahmar (Ali Mosaffa), la quarantaine, la barbe en friche et un doux accent iranien, débarque d'Iran pour retrouver Marie, son ex femme, en région parisienne afin de signer les papiers du divorce, 4 ans après leur séparation. Ils se retrouvent comme s'ils ne s'étaient jamais quittés en parlant de la pluie et du beau temps. Arrivé dans la maison où ils ont vécu autrefois, Amar fait la connaissance de Fouad, un adorable mais turbulent petit garçon de 6 ans, avant de découvrir qu'il est le fils de Samir, le nouveau conjoint de sa future ex-épouse.
On découvre en même temps que lui la nouvelle vie que mène son ex compagne avec ses deux filles auxquelles il s'est également attaché par le passé. Et Marie se retrouve entre son ex mari et son futur mari,  elle doit faire face à ses sentiments partagés. Bérénice Béjo interprète majestueusement bien cette femme en proie au doute.


Le réalisateur filme très bien la vie quotidienne des différents protagonistes, en toute simplicité. On s'imagine facilement dans la maison de Marie en plein travaux et peine de capharnaüm, n'ayant pas le temps de réparer un évier ou de faire le ménage !

J'ai trouvé la première partie du film un peu longuette et assez contemplative, le réalisateur cerne d'abords les personnages en les filmant de près, les silences en disent autant que les paroles. Il fait ensuite monter une certaine tension afin que chaque protagoniste se retrouve enfin face à ses sentiments, sa culpabilité, ses doutes et ses espoirs.

Amar, le petit Fouad et Léa (la fille de Marie) :


Asghar Farhadi parvient également à semer le doute. Malgré cette vie apparemment normale et simple, un drame s'est produit, et celui-ci finit par toucher chaque personnage. Qui est responsable du drame ? Pourquoi Lucie, la fille adolescente de Marie, se tient à ce point éloignée du foyer? Qu'est-il arrivée à l'ex femme de Samir? Les doutes vont d'une personne à l'autre, le réalisateur explore les relations de causes à effets, les douleurs, les doutes et les frustrations de chacun.

Lucie :
Samir :

Le Passé c'est à la fois un film sobre mais profond, lent mais intense, triste mais plein d'espoir avec de très bon interprètes. Un beau film dans l'ensemble, un peu lent par moment, le scénario est plutôt simple mais le réalisateur s'en sort bien puisqu'il met l'accent sur les sentiments des personnages et parvient à en faire un film d'introspection.

Le Passé / film réalisé par Asghar Farhadi, avec Bérénice Bejo, Tahar Rahim, Ali Mosaffa..(sortie 17 mai 2013)

samedi 1 juin 2013

C'est le week-end, écoutons les vampires !

Vampire Weekend

Encore un groupe qui arrive au sommet de son succès avec son troisième album Modern Vampire of the City sorti le 14 mai et très médiatisé. Le quatuor new-yorkais poursuit sa musique dans la continuité de ses albums précédents sortis en 2008 et 2010 et clôt ainsi une trilogie, comme l'a dit le chanteur Ezra Koenig lors d'une interview aux inrock'.
La particularité de Vampire Weekend ce sont les voix douces et légères qui chantent des paroles poétiques  sur des arrangements musicaux originaux et variés.


Ce nouvel album est illustré par une photo en noir et blanc de New-York sous la brume, une vue mélancolique à l'image des morceaux qu'il contient, des paroles pleines de regrets et de désillusions.
Si dans les deux premiers albums on entendait régulièrement un mélange de sonorités ethniques, dont des rythmes africains, ce nouveau disque est plus sobre, un pure album new-yorkais comme le rappelle les membres du groupe.

Dès le premier morceau Unbelievers on est happé par la mélancolie du groupe : "Got a little soul
The world is a cold, cold place to be. Want a little warmth ; But who's gonna save a little warmth for me?"


Avec Ya Hey on retrouve la pop entraînante propre au groupe, un refrain choral, un clip "mousseux" (un peu débile)...
Diane Young est un morceau plus rock mais toujours aussi entraînant :
 

Step est une jolie mélodie simple et gaie pour commencer, suivie des voix suaves des chanteurs et d'un mélange instrumental, le tout donnant un morceau très aboutit qui rend hommage à la ville de New York. Une de mes chansons préférées.


Don't Lie, une musique orchestrale qui fait des fois penser à Arcade Fire, avec toujours la belle voix douce de Ezra Koenig.
    

Hannah Hunt est une jolie berceuse toute douce en hommage à une certaine Hannah.

Dans l'ensemble c'est donc un album assez aboutit, à la fois différents et proche des précédents, qui s'écoute et se réécoute avec plaisir.

Modern Vampires of the City / Vampires Weekend . - XL Recordings, 2013

et à réécouter :
 Contra / Vampire Weekend . - XL Recordings, 2010
Vampire Weekend / Vampire Weekend . - XL Recordings , 2008