mardi 21 novembre 2017

Jeune trentenaire au bord de la crise de nerfs : "Jeune Femme", un premier film réussi

Jeune Femme est le premier film d'une jeune réalisatrice française, Leonor Serraille, qui raconte les déboires d'une jeune trentenaire fragile et paumée dans la capitale. Le film a reçu la Caméra d'Or lors du festival de Cannes 2017. Vu il y a deux semaines déjà, j'ai trouvé que c'était un film bouleversant.


Une jeune trentenaire fragile psychologiquement se retrouve livrée à elle même

Le film s'ouvre sur le visage de Paula, jeune trentenaire en pleine crise d'hystérie qui se retrouve à l'hôpital après s'être volontairement explosée la tête contre la porte de son petit ami qui vient apparemment de la mettre à la porte. Seule, désemparée, elle a du mal à trouver ses mots face au médecin qui l'interroge.
Dès les premières minutes, on sent sa vulnérabilité et sa sincérité. En colère, désemparée par le rejet de son compagnon, elle se dit incapable de s'en sortir seule à Paris, ville qu'elle ne connait pas puisqu'elle vivait à l'étranger. En piteux état et au bord de la maladie psychique, elle tente tout de même de se débrouiller pour trouver un petit boulot et un logement.

Petit à petit on en apprend plus sur cette jeune femme qui a vécu pendant de nombreuses années en Amérique du Sud aux crochets d'un célèbre photographe plus âgé qu'elle a suivit très jeune et pour qui elle servait de muse. Fille unique, Paula a perdu son père et a coupé les ponts avec sa mère. Dès le début du film, elle se présente comme seule, sans le sou, orpheline, incapable de s'en sortir toute seule. Elle trimbale partout le chat de son ex, comme une sorte de caution, un lien qu'elle ne parvint à rompre, son unique confident.


 La femme-enfant en quête de son indépendance

Au fil de ses déambulations et de ses tentatives pour s'en sortir, elle rencontre des personnages attachants, comme cette fille qu'elle croise dans le métro et qui se prend d'affection pour elle la confondant avec quelqu'un d'autre. Ou cette gamine farouche qu'elle va garder. Ou ce vigile du centre commercial avec qui elle se lie d'amitié. Des rencontres qui la font se sentir plus forte pour affronter la vie active à laquelle elle n'a jamais vraiment été confrontée. Tout doucement, Paula va gagner en indépendance, apprendre à se détacher de l'emprise de son ex-compagnon et réussir à faire ses propres choix.


La force du film réside dans la très juste interprétation de Laetitia Dosch : hyper naturelle, entière, directe, sincère et très sensible, elle parvient à montrer avec délicatesse et subtilité les fêlures de son personnage. Dès fois pénible, puérile voire limite "folle", d'autres fois très touchante et sincère, Paula ne nous laisse pas indifférents.

Jeune Femme, c'est un film sur une fille fragile, plutôt instable psychologiquement, mais qui parvient à se raccrocher à de petites choses pour s'en sortir. C'est le parcours d'une femme-enfant dépendante d’autrui qui parvint, tout doucement et tardivement, à prendre son envol. C'est aussi l'histoire d'une relation amoureuse toxique, de manipulation psychologique. Enfin, c'est une histoire sur l'entraide, et l'insertion.


Dans l'ensemble, j'ai bien aimé ce film qui dresse le portrait touchant d'une jeune trentenaire hyper sensible, même si certaines scènes de ses crises, filmées en gros plan au début du film, m'ont quelque peu géné. L'histoire est poignante, tantôt triste, tantôt optimiste et le tout est filmé avec délicatesse et tendresse et la réalisatrice parvient tout au long du film à garder un certain dynamisme. De plus, tous les personnages sont justement interprétés, notamment  Laetita Dosch qui crève l'écran.

Jeune femme / film français de Léonor Serraille, avec Laetitia Dosch, Grégoire Monsaingeon, Souleymane Seye Ndiaye. - sortie le 01/11/2017 (durée 1h37)
Caméra d'Or, Festival de Cannes 2017

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