lundi 23 septembre 2013

Un roman tendre et plein d'optimisme de Barbara Constantine

Et puis, Paulette....

Ma dernière lecture consiste en un roman frais, léger, une sorte de conte moderne écrit avec beaucoup de tendresse et de justesse. C'est Et puis, Paulette... de Barbara Constantine, auteur dont c'est déjà le cinquième roman mais que je ne connaissais pas!


C'est l'histoire de Ferdinand, vieil homme veuf vivant seul dans une immense ferme depuis que son fils et sa famille ont déménagé. Un jour, il trouve un chien au bord de la route et le ramène à sa propriétaire, une femme du village qu'il connait un peu, et la retrouve à moitié dans les vapes. Lui proposant son aide mais n'osant pas trop s'imposer il laisse Marcelline à sa solitude et à ses soucis. Mais lorsque le toit de la maison de celle-ci s'écroule, ce sont les deux intrépides petits-fils de Ferdinand, qu'il surnomme affectueusement ses lulus (Lucien et Ludovic), qui lui demandent : "mais pourquoi ne lui proposes-tu donc pas de venir vivre dans ta ferme puisque tu as plein de place?". Refusant au départ sous prétexte qu'ils ne se connaissent pas suffisamment pour faire une telle proposition, il finira par aller la voir, passant outre les barrières de la timidité, de la peur de l'autre et des  "trop bonnes manières occidentales", et lui propose de venir habiter dans une partie de sa ferme. Après quelques hésitations, mais n'ayant pas d'autre solution, elle accepte et débarque avec son chat et son âne! Fameuse jardinière et cuisinière elle donnera un nouveau souffle à la vie de Ferdinand. Et ce n'est que le début puisque ce sont ensuite deux vieilles dames octo et nonagénaires, les soeurs Lumière, qui manquent de se retrouver à la rue. Là aussi Ferdinand hésitera avant de leur proposer de vivre dans une partie de sa ferme. Puis, afin de s'occuper de Hortense, agée de 90 ans et malade, ils iront trouver une jeune étudiante infirmière, Muriel, à qui ils proposeront un deal : elle sera nourrie et logée à condition de qu'elle s'occupe de la vieille dame et de lui apporte les soins. Deal accepté. 
La maisonnée continue de s'étendre lorsqu'un vieil ami de Ferdinand et de Marcelline, Guy, se retrouve veuf et tombe dans le désespoir au point de se laisser complètement aller. Là aussi, la solution de venir cohabiter à la ferme finit par s'imposer... Et ça continue... Chacun apportera sa petite contribution à la vie en collectivité qui s'organise alors, redonnant vie à une ferme tombant à l'abandon et surtout redonnant le gout de vivre à tous les colocataires.

C'est un roman qui parle de la vieillesse, de la solitude, de la mort, des drames de la vie, de comment faire face au désespoir et aussi, surtout, de la solidarité entre jeunes et personnes âgées. Ici les vieux donnent un certain entrain à la jeunesse, un cadre familial, une douceur de vivre fort appréciable, et les plus jeunes apportent aide et soutien pour les travaux manuels, les soins, le jardinage, l'informatique... Ils finiront d'ailleurs par créer un site Internet appelé Solidarvioc.com pour raconter leur expérience de cohabitation intergénérationnelle.
Mais ce livre aborde plein d'autres sujets. En effet, Barbara Constantine alterne les points de vue dans sa narration. Dans un chapitre on percevra l'histoire vue depuis les "Lulus" la difficulté des rapports entre un petit garçon et son papa, la perception du divorce de ses parents, puis on passera au chapitre suivant au point de vue d'un des ailleux, la solitude de Ferdinand, le passé de Marcelline, les angoisses des soeurs Lumière, puis des jeunes avec les problèmes d'argent de Muriel, etc. Chaque fois avec un style correspondant au langage de chaque personnage (enfantin, soutenu, familier...)
Et tout à la fin, on sait enfin qui est Paulette !

J'ai trouvé ce roman plein de fraîcheur et d'optimisme, à la fois très facile à lire mais avec un style fluide, elliptique et très touchant.  Il se lit d'une traite !

Et puis, Paulette... / Barbara Constantine . Calman Levy, 2012.

Quelques citations : 

"Il n’a jamais bien su s’exprimer, encore moins parler de ses émotions. Il aurait l’impression de se mettre à poil au milieu de la grande place, un jour de marché. Très peu pour lui. Il préfère garder tout au fond, bien enfoui, c’est plus simple."

"Il a expliqué qu'en général, on ne partageait sa maison qu'avec des gens de sa famille, rarement avec des étrangers. Pourquoi ? Chez les autres, on ne se sentait jamais complètement bien, on n'avait pas les mêmes goûts ou les mêmes habitudes."

"Hortense est très excitée, elle veut apprendre a surfer sur le oueb ! cliquer sur le dos d une souris ! se mettre de profil sur fesse bouc ! Elle adore ses deux nouveaux amis, surtout le jeune homme, là, elle le trouve rigolo et beau ....ah lala ! Il lui appelle un peu Octave, son mari d un jour , hein , Simone ?"

"C'était tout simplement triste d'avoir perdu autant de temps. Pour lui, Ferdinand , de se rendre compte seulement maintenant que son fiston n'était pas juste un p'tit con. Et pour Roland, que son père n'était pas qu'un vieux naze."

"Il pensait que ce serait intéressant de faire connaitre à d’autres leur expérience, d’expliquer comment ils vivaient tous ensemble, les avantages, les inconvénients [...] et Guy a proposé d'appeler le site solidarvioc.com. Pas très joli, pas très poétique, mais, ça voulait bien dire ce que ça voulait dire"


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