mardi 19 novembre 2013

Musique folk et mélancolie dans le dernier film des frères Coen

Ça devient une habitude, chaque année on attend le film des frères Coen ! Cette fois, pas de thriller ou de film noir. Inside Llewyn Davis n'est pas vraiment un film à rebondissements.


C'est un film d'introspection sur un musicien maudit en quête de reconnaissance. La réalisation est à la fois sobre et soignée, les personnages attachants et énervants, comme savent si bien les dépeindre les deux réalisateurs américains.

Bande-annonce :

L'histoire :
A New-York en 1961, Llewyn Davis est un guitariste et chanteur folk qui joue dans des bars pour gagner sa vie. Il n'a pas de logement et dort sur le canapé de connaissances qui veulent bien l'héberger. Parmi ses amis, un couple, Jim (interprété par Justin Timberlake) et Jean, eux aussi musiciens folk. Et Jean lui en veut à mort tout en lui prêtant son canapé. On comprendra plus tard pourquoi.


Le rythme du film est très lent, on découvre au fur et à mesure le passé et les blessures de Llewyn : un ami perdu, des amours déchues, les rapports compliqués avec sa famille. Et surtout sa vision élitiste et idéale du métier de musicien. En effet, on lui propose de l'argent s'il accepte de se plier aux volontés d'un producteur et de se mettre en retrait au sein d'un groupe. Il refuse de se soumettre à toute déformation de son oeuvre au point de se retrouver dans la misère la plus totale. Un musicien intègre et exigeant, déçu et blasé, qui ne se voit pas d'avenir sans reconnaissance de sa musique. A un moment dans le film, il dit d'ailleurs à sa soeur qu'il ne veut pas se contenter d'"exister" comme son père. Il ne vit que pour la musique, n'arrive pas à s'imaginer un futur autrement.


Mais rien ne semble lui réussir, chaque lueur d'espoir finit par s'éteindre. Comme lorsqu'il entreprend un périple en voiture pour Chicago sous la neige en compagnie d'un marginal quasi muet et d'un vieil obèse méprisant et malade (mais tout de même très drôle) afin de se rendre dans une célèbre maison de disques.


Ce périple en voiture est d'ailleurs assez long, on croit vraiment à un changement à venir mais tout cela se soldera là aussi par un échec.
Bref, il tourne en rond, comme le démontre assez bien la construction du film (que l'on comprend à la fin), soigneusement réalisée par les frères Coen pour coller parfaitement à l'histoire.


C'est un film sur l'histoire de la musique folk des années 60 où transperce une grande poésie et beaucoup de sensibilité. Le film s'ouvre sur Llewyn en train de jouer dans un café concert : une voix magnifique, une musique émouvante. Il dira de la sa musique : "pas toute jeune et pas une ride, c'est ça la folk!"
Certaines scènes sont drôles, notamment celles avec le chat que Llewyn se sent obligé de trimbaler partout avec lui dans la première partie du film, ou celles avec des personnages secondaires atypiques.


Toutefois, il ressent de ce film une grande mélancolie. Tous les personnages ont comme un voile de tristesse dans le regard, comme s'ils avaient tous renoncé à leurs rêves.

D'un point de vue général, j'ai trouvé que ce film manquait d'élan, on s'attend toujours à un rebondissement, qui au final n'arrive pas. Il en ressort un certain ennui, une lassitude. Mais je pense que c'est l'effet escompté puisque face à ce portrait d'une vie gâchée je suis sortie moi aussi pleine de mélancolie. Et on ne peut nier la parfaite réalisation des frères Coen et le formidable jeu d'acteur d'Oscar Isaac et des interprètes tous les personnages secondaires !

Ce film a reçu le Grand Prix lors du festival de Canne 2013.

Inside Llewyn Davis / réalisé par Ethan et Joel Coen, avec Oscar Isaac, Carey Mulligan, Justin Timberlake... 2013

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