samedi 3 février 2018

3 billboards... : une femme en colère bouleverse la tranquilité d'une bourgade de l'Amérique profonde. Un film original et inattendu qui mélange les genres.

Martin McDonald, le réalisateur de Bons baisers de Bruges signe un nouveau film sur l'Amérique profonde où racisme, port d'armes et violence sont banalités. 3 billboards, les  panneaux de la vengeance raconte le désespoir d'une mère face à l'abandon de l'enquête sur la mort brutale de sa fille adolescente, survenue quelques mois plus tôt.


Une mère endeuillée et enragée en quête de vérité

Brisée par le chagrin et la colère, Mildred décide de secouer les consciences en mettant la pression sur la police locale qui semble se reposer sur ses lauriers alors le meurtrier de sa fille court toujours. Près de chez elle, 3 panneaux publicitaires sont abandonnés au bord d'une route. Elle a soudain l'idée de les louer pour y afficher un message personnel au chef de la police locale. Son action fait beaucoup parler d'elle d'autant plus que les médias s'en mêlent. Et la police, forcément ne le prend pas très bien.

Bande-annonce :

Plus que de la colère, c'est une une rage folle qui habite Mildred. En l'absence de coupable sur qui se défouler, elle s'en prend à la police locale, qui, il faut bien le dire, ne semble pas très efficace. Cette femme brisée au visage grave et fermé n'a peur de rien et de personne et est prête à tout pour parvenir à ses fins, à savoir faire avancer l’enquête et retrouver le coupable.
D'un coté, elle est attachante et empathique, courageuse et déterminée, mais, de l'autre, elle est effrayante car prête à tout pour arriver à ses fins, quitte à se refermer sur elle-même et à mettre les autres en danger.
A noter aussi la superbe interprétation de France McDormand pour ce rôle, qui lui donne toute sa force et crédibilité !
Mildred a un fils, un ado des plus banals, lui aussi affecté par la mort de sa soeur, il subit en quelques sortes la ténacité de sa mère. Le père violent, est parti avec une gamine. Lorsqu'ils se retrouvent avec Mildred c'est toujours à couteaux tirés.



Une police locale dépassée par les évènements

En face on a l'équipe de la police de cette bourgade avec à sa tête Bill, un homme respecté de tous, aimé de sa ville et de sa famille. Le fait que Mildred s'en prenne à lui choque beaucoup de monde. C'est un homme bon qui comprend le désespoir de cette femme qui a perdu sa fille. D'ailleurs, le message sur les panneaux fait de l'effet puisqu'il décide de se repencher sur cette affaire non résolue. Mais Bill est gravement malade et ses plans se verront bouleversés.

Bill W. le chef de la police

Bill doit composer avec des adjoints peu dégourdis, voir arriérés. Notamment Jason Dixon, un jeune flic incapable, raciste, violent qui préfère lire des comics que de faire son travail et aux méthodes d'interrogatoires très musclées. Le jeune homme semble toutefois très solitaire et vis toujours chez sa mère, une vieille femme robuste et peu sympathique.

le policier Dixon et Mildred

Il y a également plusieurs seconds rôles intéressants, on retrouve notamment avec plaisir le nain le plus célèbre du cinéma Peter Dinklage (rendu d'autant plus célèbre par son rôle dans Games of thrones ) pour un personnage à la fois drôle et attachant et Zeljko Ivanek (Damage, True Blood, Jason Bourne...) en flic passif. 


Des personnages à la psychologie intéressante, loin du manichéisme habituel

Tous les personnages sont des gens "ordinaires" issues de l'Amérique profonde, aux manières contestables et à la morale douteuse. Cependant, ils évoluent au cours de l'histoire et on découvre que  derrière le caractère dur de certains personnages se trouve une autre personnalité qui ne demande qu'à être dévoilée. Ainsi, derrière les plus gros ploucs racistes et homophobes se cachent peut être une bonté et un courage bien enfoui qu'un mot gentil ou une situation particulière pourrait révéler.
Tous sont filmés sans jugement ni à priori. C'est d'ailleurs toute la force de ce film, car, loin du manichéisme habituel, il montre les différentes facettes d'une même personnalité et vise à prouver que chaque individu peut évoluer, que tout le monde est capable du meilleur comme du pire. 


C'est aussi un film qui interroge sur les notions de vengeance, de justice, de pardon, de repentir mais là je ne vais pas en dire plus pour ne pas dévoiler l'intrigue.

Un film surprenant qui mélange les genres, rythmé par des dialogues teintés d'humour noir

La réalisation est soignée et intelligente, soutenue par un bon rythme qui maintient le suspens (Mildred va t'elle parvenir a retrouver le meurtrier de sa fille?) tout en suivant différents personnages affectés par des problèmes divers (un flic malade, un autre sur la dérive...).  La violence, causée par des frustrations, des injustices et des peurs, peut survenir à tout moment. Elle est d'ailleurs filmée de manière assez réaliste, sans ménagement.
Mais ces scènes ne sont pas non plus insurmontables et sont vite désamorcées par des dialogues teintés d'humour noir. On sent d'ailleurs qu'à chaque instant la situation peut déraper ou, inversement, se détendre, selon la réaction et la répartie des personnages et c'est ce qui maintient une certaine tension tout au long du film.


3 billboards est un film qui mélange les genres : policier, drame social, portraits psychologique, film noir teinté d'humour (noir aussi)... On sent l'influence des frères Coen, que ce soit dans les scènes de violences brutes, à travers la psychologie des personnages ou la pertinence des dialogues. (D'ailleurs, j'ai appris que Frances McDormand, l'actrice qui joue Mildred, n'est autre que la femme de Joel Coen !)

Bref, c'est un film surprenant à bien des égards où on ne s'ennuie pas un instant. De plus la fin n'est pas celle qu'on attend mais on n'est pas déçu pour autant !Une bonne surprise !
Le film a déjà reçu 4 prix aux Golden Globes.


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