mercredi 15 octobre 2014

Donnant Dolan ! Superbe "Mommy" du jeune réalisateur canadien.

Vous avez sûrement entendu parler de Mommy, le dernier film de Xavier Dolan, plébicité par les médias, considéré comme un chef d'oeuvre et récompensé à Cannes par le prix du Jury.
Ayant adoré Les Amours Imaginaires, sorti en 2010, j'étais impatiente de voir ce nouveau film du jeune réalisateur canadien ! Et effectivement, Xavier Dolan ne nous déçoit pas en réalisant ici un film riche et très émouvant sur les relations qu'entretient une mère avec son fils impulsif et violent, diagnostiqué "opposant-violent".


L'histoire se passe au Canada, dans un futur très proche (en 2015) où il existe une loi permettant aux parents d'enfants atteints de graves troubles du comportement de céder la tutelle de leur enfant à l'Etat.
On retrouve tout le folklore canadien, des "tabernacles" à toutes les sauces et un environnement propre à Dolan, une pointe d'humour et un optimisme qui subsistent malgré les situations dramatiques.

L'histoire : Diane, jolie quadra veuve et un peu déjantée doit reprendre la charge de son fils ado, Steve, lorsque celui-ci est expulsé de son centre d'hébergement après y avoir déclenché un incendie. Tous deux doivent réapprendre à vivre ensemble, mais, surtout, Diane doit essayer de faire face aux violentes crises de Steve, car ce dernier rentre facilement dans des rages folles s'en prenant à quiconque se trouvant sur son chemin, même sa propre mère.
Diane (Anne Dorval)

Exclut de toute part, Steve reste à la maison et Diane décide de lui faire l'école à domicile, tout en cherchant du travail à coté pour essayer de joindre les deux bouts. Malgré toutes les galères qui s'accumulent, tous deux restent plein d'espoir et d'optimisme et veulent croire à un avenir plus clément.

Steve (Antoine-Olivier Pilon)

Ils vont se lier d'amitié avec leur énigmatique voisine Kyla, issue d'un milieu plus aisé, elle est timide et bègue et semble elle aussi en proie à une profonde tristesse et lassitude. Ces trois êtres laissés sur le bord de la route du bonheur vont se serrer les coudes et tenter de profiter de la vie.

Kyla (Suzanne Clément)

Bande-annonce :


A partir d'un scénario assez simple, Xavier Dolan tire un petit bijou d'humanité, mélangeant avec brio moments de joie et de tristesse, d'espoir, de désillusions. Il filme avec justesse ses personnages, montrant la relation fusionnelle qu'entretiennent Diane et Steve, partagée entre amour et haine. D'ailleurs, la plupart du temps, Steve appelle sa mère "Diane" et non pas "maman", comme si c'était davantage une amie, voir plus.
On peut saluer la formidable interprétation des acteurs qui donnent vraiment de l'épaisseur à leurs personnages, loin des clichés qu'on pourrait attendre.
Mommy est très émouvant du début à la fin : on peut passer rapidement du rire aux larmes et on sent qu'à tout moment une catastrophe peut arriver.


Enfin, une autre particularité de Mommy, c'est la performance technique de la réalisation. Tournée en format carré 1:1 tout du long, avec l'emploi de ralentis, du flou, des jeux de caméras autour des personnages... Toutes ces techniques permettant de mettre l'accent sur un moment, de renforcer l'émotion d'une scène. Comme dans Les amours imaginaires, il y a une scène de "transe", un rêve que fait Diane où son fils aurait un avenir radieux, le tout est filmé de manière floue et accompagné d'une musique forte à nous faire tourner la tête. Du Dolan tout craché.
Par ailleurs, le jeune réalisateur a le sens des détails lourds de sens et des métaphores, par exemple l'attachement des deux mères pour un de leurs colliers, l'absence de quelqu'un qui pèse sur chacun, etc.
De plus, le film est supplanté par une BO populaire, très années 90 qui donne du peps à l'ensemble (quelques extraits ici ).

L'excellent accueil médiatique pour ce film est donc mérité et Xavier Dolan démontre qu'à tout juste 25 ans il est un grand réalisateur !

Xavier Dolan


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