mercredi 1 octobre 2014

Littérature et magie, le quotidien d'une jeune galloise sous forme de journal dans Morwenna

Morwenna est un roman écrit sous forme de journal intime d'une adolescente vivant dans les collines verdoyantes du Pays de Galles. Mais c'est un journal d'un genre particulier puisque cette jeune fille n'est pas comme les autres.


Morwenna, surnommée Mori, a 14 ans. Elle a fuit sa mère "maléfique" après la mort soudaine de sa soeur jumelle, cette mère qui semble la persécuter et lui envoie des photos brûlées... Blessée autant physiquement que moralement, elle fait alors la connaissance de Daniel, son père qu'elle n'a jamais vraiment connu. Tous deux partagent un goût pour la littérature et apprennent à se connaitre. Elle voit aussi régulièrement ses trois tantes un peu loufoques, les soeurs de Daniel, sortes de "magiciennes" à ces yeux, et d'un grand-père juif.
"Les lieux de mon enfance étaient reliés par des chemins magiques que presque aucun adulte ne suivait" (p 36)

Morwenna est une dévoreuse de livres de Science Fiction. Elle lit dès qu'elle a un moment, jusqu'à plusieurs livres par jour, connait Tolkien par coeur et a des références littéraires beaucoup plus étoffées que de nombreux adultes! Elle fréquente assidûment bibliothèques et librairies où elle fait ses plus belles rencontres. D'ailleurs, pour elles, les bibliothèques, c'est sacré! Elle réserve régulièrement de nouveaux ouvrages via le prêt entre bibliothèques qu'elle considère comme une invention révolutionnaire :
"Le prêt entre bibliothèques est une des merveilles du monde et une gloire de la civilisation" (p.64)
Elle est interne dans un pensionnat et cohabite avec des filles issues de riches familles qu'elle juge superficielles et très dures entre elles. Elle se sent marginalisée, exclue et se réfugie dans les livres. Elle fréquente quotidiennement la bibliothèque où elle va intégrer un Club de lecture de SF qui deviendra une véritable bouffée d'oxygène.
" Quand je regarde les autres, les autres filles de l'école, et que je vois ce qu'elles aiment, de quoi elles se contentent et ce qu'elles veulent, je n'ai pas l'impression d'appartenir à la même espèce. Et parfois - parfois je m'en fiche. Il y a si peu de personnes dont je me préoccupe vraiment. J'ai l'impression parfois qu'il n'y a que les livres qui rendent la vie supportable [...]" (p 129)

Enfin, Morwenna a la particularité de voir les fées, lorsqu'elle s'aventure seule dans les forêts mystérieuses du Pays De Galles et de leur parler en gallois, mais elle peine à comprendre les paroles mystérieuses de ces dernières.
"On ne peut les voir (les fées) que quand on y croit déjà, ce qui explique pourquoi les enfants sont plus susceptibles d'y arriver. Les gens comme moi ne cessent pas de les voir. Il serait idiot de ma part d’arrêter de croire en elles. Mais beaucoup d'enfants le font quand ils grandissent, même s'ils les ont vu jusque-là" p. 107

Ecrit sous forme de journal, Morwenna raconte sa passion pour la SF, ses coups de cœur littéraires, ses rencontres, son ennui à l'école, ses étranges relations avec sa famille, ses premiers déboires amoureux, sa perception du monde, etc.
"Je ne pense pas être comme les autres. Je veux dire fondamentalement. Ca ne tient pas uniquement à ce que je suis la moitié d'une paire de jumeaux, que je lis beaucoup et que je vois les fées. Ce n'est pas juste parce que je me tiens à l'extérieur alors qu'ils sont tous à l'intérieur. J'ai l'habitude d'être à l'intérieur. C'est une attitude nécessaire pour pratiquer la magie". p. 185

Ce roman a été récompensé par 2 grands prix de la Science Fiction, le prix Hugo et le prix Nebula et a reçu le British Fantasy Award. Toutefois, je reconnais avoir été un peu déçue, sans doute que je m'attendais à autre chose, de plus fantaisiste justement, de plus percutant, de plus intriguant.
En fait, l'histoire reste assez basique, bien ancrée dans la réalité et pendant longtemps on ne sait pas si Morwenna s'est inventée un monde imaginaire pour fuir le drame qu'elle a vécu, tout comme elle se réfugie dans les livres, ou si elle voit effectivement les fées. Il subsiste bien un mystère autour de cette mère un peu sorcière, dont elle a si peur et qu'elle fuit. Il n'y a pas vraiment d'intrigue, ni d'action, juste quelques fantaisies dans le quotidien de cette adolescente qui se cherche une place dans sa nouvelle famille, dans son école, dans sa vie.

Mais c'est sans doute pour ça que ce roman s'est démarqué et a plu. Le fantastique, la magie, n'y apparaissent que par petites pincées, comme pour égayer un quotidien trop sombre.

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