vendredi 14 octobre 2016

"Miss Peregrine et les enfants particuliers" : le retour du grand Tim Burton pour cette adaptation réussie d'une fable fantastique

Tim Burton revient à son style gothique, sombre et légèrement décalé après quelques années où il s'essaya à d'autres styles (le bioptic romancé mais plutôt réussi Big Eyes , Dark Shadows, un énième film avec Johnny Deep quelque peu décevant, le très hollywoodien Alice au Pays des merveilles...)Il adapte ici un roman écrit par Ransom Riggs, Miss Peregrine et les enfants particuliers. Ce livre publié en 2011 fait partie d'une trilogie dont le troisième tome va sortir dans les prochains mois. Après avoir vu le film, on comprend pourquoi ce récit a inspiré Tim Burton : il s'agit d'une histoire qui se déroule entre passé et présent, une intrigue qui nous transporte entre réalité et monde fantastique, avec ces fameux "enfants particuliers" ainsi que des créatures effrayantes. Lui (Tim Burton) qui aime tant faire de personnages marginaux ses héros ne pouvait qu'être inspiré par cette histoire ! On pourrait croire que ce livre a été écrit pour lui.


Je n'ai pas lu le roman mais il parait que le film lui est plutôt fidèle, avec bien sûr, une touche très "burtonienne"! On retrouve en effet l'univers gothique du réalisateur comprenant des êtres maléfiques, des squelettes, des monstres effrayants, le tout avec une touche de burlesque. C'est toutefois un film bien plus sombre que ne le laisse présager la bande-annonce.


L'histoire débute en 2016, en Floride. Jacob, un adolescent, va à la rescousse de son grand-père qui perd un peu la boule. Mais, quand il arrive sur place, il trouve l'appartement ravagé et son grand-père presque mort... Choqué, attristé et hanté par des visions qu'il pense avoir eues ce soir là, il est suivi par une psychologue. C'est en retrouvant une vieille lettre écrite par son grand-père ainsi que quelques photos en noir et blanc que Jacob se remémore les histoires fantastiques qu'il lui racontait lorsqu'il était petit. Dès lors, il souhaite en savoir plus sur le passé mystérieux de son aïeul et finit par convaincre son père de l'emmener sur l' île galloise où vécu son grand-père quand il était petit.

Il se rend alors à l'orphelinat, désormais en ruines, où vivait 60 ans plus tôt son Grand' Pa. Jacob y rencontre toute une bande de gamins étranges ainsi que la responsable du lieu, une certaine Miss Peregrine. Tous ressemblent comme deux gouttes d'eau aux personnes sur les photographies de son grand-père... d'il y a 60 ans ! Ils n'ont effectivement pas pris une ride. Et pour cause, ils sont coincés dans une boucle temporelle depuis tout ce temps. D'ailleurs, l'orphelinat est passé subitement de ruine à un somptueux château et Jacob va aller de surprises en surprises. C'est à partir de ce moment que la réalité côtoie le fantastique, que le passé se mélange au présent. 


Ces orphelins sortent de l'ordinaire, c'est le moins qu'on puisse dire. On a un gamin invisible, une fille pyromane malgré elle, une autre plus légère que l'air, un ado ténébreux capable de recréer la vie (Là, on pense indéniablement à Frankenweeny !), une fillette dotée d'une force étonnante, une autre capable de faire pousser les plantes à toute vitesse, un garçon ruche vivante.... Autant de handicaps que miss Peregrine leur a appris à considérer comme des forces. Superbement interprétée par Eva Green, cette bonne fée mystérieuse au look gothique est à la fois la gardienne des lieux, la gardienne du temps et la gardienne des enfants. Elle tient son nom de l'oiseau (Peregrine signifie faucon pèlerin en anglais) car elle peut se transformer en rapace.


Chaque jour, la petite troupe revit paisiblement et indéniablement la même journée, faisant les mêmes gestes aux mêmes horaires et, juste avant que leur destin ne vacille, miss Peregrine remonte le temps préservant ainsi son paisible petit monde fantastique dans sa "boucle" temporelle.

Jacob va découvrir pourquoi les enfants particuliers sont coincés dans des boucles temporelles et, progressivement, il va en apprendre davantage sur le passé de son grand-père. De plus, lui qui se croit si normal et banal va bientôt se rendre compte qu'il est lui aussi "particulier"...


Cependant, une menace pèse sur la "boucle" protectrice et ses habitants. Un sorcier fou, ses copains morts-vivants et d'autres créatures maléfiques cherchent à trouver ces cachettes temporelles pour capturer les enfants particuliers, et ce pour assurer leur propre survie... L'ambiance devient alors très sombre, à la fois effrayante et magique. Les monstres sont vraiment effrayants, mention spéciale pour Samuel Lee Jackson qui est bien flippant en vieux savant mort-vivant.


On est vite embarqué dans cette histoire de voyage dans le temps, de boucle, de créatures fantastiques. Tout part de vieilles photos sépia qui prennent subitement vie. Les personnages sont hauts en couleurs et justement interprétés. On ne peut s’empêcher de penser à Harry Potter lorsqu'on suit les aventures de ce jeune ado découvrant un monde fantastique, se posant des questions sur ses origines, vivant ses premiers émois... Et ces enfants aux pouvoirs particuliers ne sont pas sans nous évoquer les X-Men... Mais la comparaison s'arrête là, l'ambiance gothique de Tim Burton prenant le reçu. La réalisation est soignée, rythmée et colorée.

Miss Pérégrine et les enfants particuliers est une fable fantastique sur le passage de l'enfance à l'âge adulte, sur les angoisses, la lutte contre des démons.
C'est un bon film au charme gothique, souvent lugubre et morbide mais aussi drôle et burlesque. L'ambiance est étrange, sombre, poétique et magique. Et on se laisse embarquer avec plaisir dans cet univers à la Burton qui nous avait tant manqué !

Miss Peregrine et les enfants particuliers / film américain réalisé par Tim Burton, avec Eva Green, Asa Butterfield, Samuel Lee Jackson, etc. - D'après le livre de Ramson Riggs. - Sortie le 5 octobre 2016.


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