vendredi 18 novembre 2016

"Captain Fantastic" : entre road-trip familial initiatique et belle fable utopiste

Captain Fantastic est une fable philosophique moderne, une histoire sur la famille, sur les idéaux, un film à la fois frais et profond qui invite à la réflexion.


L'histoire :

Viggo Morgensten interprète ici Ben, un père de famille particulier et marginal. Déjà, il élève seul ses six enfants depuis que sa femme a été hospitalisé, mais surtout ils vivent dans une yourte au milieu de la forêt, loin de la civilisation et de la société de consommation. En effet, Ben et sa femme ont souhaité vivre en marge d'une société qu'ils jugent gangrenée par le capitalisme et le repli sur soi. Allant au bout de leurs idéaux, ils se sont donc installés dans la forêt et vivent en autarcie et en quasi auto-suffisance.


Le film commence par une scène de chasse digne d'un film d'aventure. En effet, Ben et ses enfants, couverts de boue, traquent la bête sauvage avec des couteaux. Ils cuisinent ensuite le gibier accompagné de plantes qu'ils cultivent. Ils n'ont quasiment aucun produit manufacturé et n'ont pas l'électricité. Les enfants ne vont pas à l'école mais Ben assure leur éducation à travers les classiques de la littérature. Il leur demande ensuite de lui livrer leur analyse, les poussant ainsi à réfléchir, à développer leur esprit critique. Incollables sur les grands principes mathématiques, sur la constitution américaine, petits philosophes en graines et joyeux musiciens, les enfants sont aussi des pros du yoga, de la méditation et en grande forme physique grâce à un entrainement intensif. Enfin, ils ne fêtent pas Noël ni aucune autre fête traditionnelle mais célèbrent chaque année l'anniversaire d'un philosophe américain contemporain à tendance anarchiste, Noam Chomsky.
Ben se montre souvent intransigeant avec ses enfants sans jamais se montrer brutal. Finalement, ce père gourou intrigue, on ne sait pas si on doit être admiratif de son idéal et de ses convictions ou les lui reprocher puisqu'il a choisi d'imposer un mode de vie marginal à sa famille. Et c'est à mon sens tout l'intérêt de l'histoire.


Cette bulle d'idéalisme éclate soudainement lorsque la maman décède, laissant derrière elle une famille désemparée. La petite tribu part alors à bord du bus "Steve" pour retrouver la famille du coté maternel et suivre les dernières volontés de leur mère qui souhaitait être incinérée. Mais ils vont se heurter aux traditions de cette famille américaine typique. Plus généralement, ce retour à la civilisation est un véritable choc des cultures pour les enfants qui sont alors confrontés au normalisme, aux nouvelles technologies, à la société de consommation, au superficiel. Ça devient un parcours initiatique aussi puisque le plus jeune des garçons est en pleine rébellion tandis que l’aîné rêve de prendre son envol... 
Ben finit par se retrouver dépasser par la situation et voit son cocon d'anticonformisme ainsi que ses convictions voler en éclat. 

Bande annonce :



Captain Fantastic invite à la réflexion sur ce que sont les utopies, les idéaux, les normes. Peut-on vivre heureux en vivant en autarcie? Peut-on aller au bout de ses utopies et concilier idéaux et vie familiale et sociale? Sommes-nous assez philosophes? Le choix de vie de Ben pour sa famille est-il le bon? Différents points de vue sont abordés et le film n'est finalement pas moralisateur, invitant plutôt à la réflexion et au compromis. 


Malgré quelques scènes caricaturales et des incohérences vers la fin, j'ai trouvé le film émouvant, plein d'humanité. Les personnages sont hauts en couleur, au sens propre comme au figuré. Viggo Mortensen interprète brillamment ce père de famille fantasque (fantastique?) qui va au bout de ses convictions et élève ses enfants selon ses valeurs humanistes. Tous les jeunes acteurs son formidables également même si j'ai trouvé l’aîné des fils un peu énervant.


Bref, je me suis laissée portée par l'histoire et ne me suis pas ennuyée. Je pense qu'il faut voir ce film comme un conte moderne, une fable philosophique ce qui permet d’atténuer l'aspect caricatural de certaines scènes.

Captain Fantastic a reçu le prix de la mise en scène dans la catégorie Un certain Regard au festival de Cannes 2016 et le prix du Jury et du Public lors du festival de Deauville.




Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire