lundi 25 mars 2013

Quand l'espionnage frôle l'introspection.

Voici encore une série d'espionnage dans la société américaine post 11 septembre. Mais celle-ci date de 2009 et donc bien avant Homeland
Rubicon, c'est une seule saison comprenant 13 épisodes de 45 minutes environ. Faute d'audience, elle n'a malheureusement pas eu de suite...
Une série originale qui se distingue par un style sobre, des personnages tourmentés et authentiques, un rythme lent mais qui parvient à maintenir un suspense permanent.



On est plongé au coeur de l'API, une agence privée qui fournit des renseignements au gouvernement dans le domaine de la lutte anti terroriste. On suit le travail minutieux d'une équipe d'analystes qui  fouillent des milliers de données pour trouver l'information leur permettant de déjouer un prochain attentat. Mais ici le travail c'est de la réflexion, de l'analyse, leur outil de travail c'est leur cerveau et non les derniers gadgets technologiques. Le temps n'est pas à la précipitation mais à l'introspection. Rubicon est avant tout une série cérébrale.

La série s'ouvre sur le suicide d'un vieil homme qui laisse un trèfle à quatre feuilles sur son bureau... Une énigme pour sa femme qui cherchera à comprendre ce qui l'a poussé à un tel geste.
Quelques jours plus tard c'est le chef d'équipe de l'API et mentor de Will Travers qui meurt dans un accident dramatique. Will découvre des indices laissés par ce dernier avant sa mort qui lui laisse penser que cet accident n'en était peut être pas un. Comme par exemple d'étranges mots croisés parus dans les journaux... Il décide d'enquêter secrètement sur la mort soudaine de son ami. Cependant, il va vite se rendre compte qu'il ne doit faire confiance à personne, tout le monde devient suspect dans ce qui semble être une terrible machination... En parallèle, Will prend la place de son ami défunt en tant que chef d'équipe d'analystes de l'API et poursuit sa quête officielle qui est la traque de terroristes. 

Trailer :

Dans cette série, on est plongé dans le quotidien de ces agents secrets névrosés, débraillés et en manque de sommeil, bien loin de l'image du James Bond en costar-cravate ou d'un Jack Bauer sautant dans tous les sens. Un patron de l'API complètement cynique et désabusé, de multiples énigmes, des personnages ambigus, une paranoïa permanente...


Les protagonistes sont présentés avec leurs doutes et leurs faiblesses. On s'attache par exemple à cette nouvelle analyste qui a du mal à assumer les conséquences qu'implique son travail. Un passage mémorable de cette série est lorsque l'équipe de 4 analystes doit, d'après les faits, confirmer si oui ou non un terroriste se trouve dans un village au Proche-Orient, leurs conclusions impliquant la frappe d'un drone piloté à des milliers de km de là qui anéantira le village, causant alors la mort de nombreux civils (nommés avec froideur  "dommages collatéraux"). Un dilemme entre rigueur professionnelle et morale. Ou comment le sort de dizaines de civils au Proche-Orient dépend de quelques analystes new-yorkais.

Une série toute en retenue, une réalisation sobre mais oppressante, un scénario rigoureux mais qui fait réfléchir car les silences en révèlent autant que les dialogues. On se laisse vite prendre au jeu de cette double intrigue (l'enquête officielle sur les terroristes et  la recherche du complot) profondément ancrée dans le monde réel.

Autant prévenir qu'on ne ressort pas vraiment optimiste à la fin de cette série : tout y est noir, cynique, joué d'avance... 

Et pour la petite histoire, la série porte ce nom en référence à un petit fleuve au nord de l'Italie nommé Rubicon. Jules César fit traverser ce fleuve à son armée en - 49 avant J-C malgré l'interdiction du Sénat Romain de le traverser. Par cet acte il déclara la guerre au Sénat. Au moment de traverser le Rubicon, il s'exclame : "Anerrifthô Kubos" ce qui signifie "le sort en est jeté". Désormais, plus rien ne peut arrêter Jules César : il entrera dans Rome, évincera Pompée et, au terme d'une longue guerre civile, soumettra l'ensemble de l'Empire romain en devenant dictateur à vie.

Une métaphore bien trouvée que l'on comprend d'autant plus à la fin de la saison.

Rubicon / série américaine réalisée par Jason Horwitch (2010). - Avec James Badge Dale, Jessica Collins, Lauren Hodges...

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire