mardi 19 mars 2013

Wadjda

Un film saoudien réalisé par une femme, voilà qui a déjà de quoi éveiller l'attention et changer un peu des films français ou américains. La réalisatrice de 39 ans, Haifaa al-Mansoura, a du faire avec les contraintes de son pays pour tourner le film : si elle a eu l'autorisation de tourner, elle ne devait pas se montrer dans la rue et tourner à distance (cachée dans une camionnette!). De plus, l'exploitation de son film dans son pays est quasi nulle puisqu'il n'y a pas de salle de cinéma...


On a forcément pas mal de préjugés sur la vie dans un régime islamique. Wadjda dresse un portrait juste et tendre d'une famille ordinaire en Arabie Saoudite.

Bande annonce :

Wadjda est une fillette d'une dizaine d'années qui rêve de s'habiller à l'occidentale, de mettre du vernis à ongle, d'écouter du rock et surtout, surtout de faire du vélo librement dans la rue comme son ami Abdalah. Mais en Arabie-Saoudite, la vie n'est pas simple pour les femmes. Dès leur plus jeune âge, les filles doivent apprendre leur rôle : tenir un foyer, se faire le plus discrète possible, ne pas rire en public, ne pas sortir sans foulard puis, plus tard sans nihbab, ne pas conduire de voiture et bien sûr ne pas faire de vélo... Autant de contraintes qui ne rendent pas la vie simple à la jeune Wadja.
Mais cette petite fille intrépide et déterminée fera tout pour obtenir un vélo et apprendre à en faire, même si tout le monde s'évertue à lui dire que c'est peine perdue pour une saoudienne! 

A travers des scènes de la vie quotidienne de la famille et de l'école, la réalisatrice nous montre ce qu'est la société saoudienne aujourd'hui.

La mère de Wadjda est une femme encore jeune et très belle, décontractée et bien habillée à la maison mais qui devient une simple silhouette noire parmi tant d'autres dès qu'elle sort, puisque obligée de porter le nibhab comme toutes les autres femmes. Elle a un travail dans une école mais ne peut s'y rendre qu'en s'y faisant conduire par un homme. C'est une femme fidèle à la religion musulmane, qui connait des passages du Coran par coeur et tente d'élever sa fille dans ces traditions, tout en entretenant des relations vraiment affectueuses avec elle.
Son père lui, est absent la plupart du temps, même s'il est proche de sa femme et de sa fille, il envisage d'épouser une autre femme, comme le permet les traditions saoudiennes. 
La directrice de l'école coranique de filles est une femme à la fois dure et tendre avec ses élèves, elle prépare ces fillettes à l'entrée dans leur vie de femme en étant intransigeante sur les règles de la religion musulmane. C'est aussi une femme d'une grande sensualité.


Chaque femme ou fille de ce film se soumet à la loi coranique. Mais un coin de voile se lève pour chacune d'elle à un moment donné, que ce soit en fumant des cigarettes sur le toit pour la mère de Wadja, en allant travailler dans un hôpital où le nibhab n'est pas obligatoire pour une amie de la famille, en se maquillant discrètement, en ayant un amant pour la directrice d'école... A l'école coranique, les jeunes filles se vernissent  les ongles des pieds en cachette, Wadja vend des bracelets brésiliens aux couleurs des équipes de foot et dessine des vélos dans ses cahiers... Autant de messages d'espoir et de liberté.


Ce film n'est ni une comédie, ni un drame, encore moins un film d'action, simplement un beau film sur la société saoudienne d'aujourd'hui, le portrait d'une famille entre tradition et modernité.
Un film à la fois émouvant et drôle par moment, plein de tendresse et d'espoir, une immersion réussie dans la société saoudienne.

Wadjda / Réalisé par Haifaa Al Mansour ; avec Waad Mohammed, Reem Abdullah, Abdullrahman Al Gohani. Sortie le 6 février 2013

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