vendredi 1 mars 2013

Un policier suisse qui aimait tirait le portrait


Plus que quelques jours pour voir les photos d'Arnold Odermatt exposées à Strasbourg ! Bon j'avoue que je n'avais jamais entendu parler de ce monsieur avant de me rendre à La Chambre.

Arnold Odermatt est né en Suisse en 1925 et s'est passionné pour la photo dès l'âge de 10 ans lorsqu'il gagna son premier appareil suite à un concours. Dès lors, c'est en autodidacte qu'il photographie ses proches, les paysages de sa région (le canton de Nidwald en Suisse) et plus tard ses collègues policiers. (Il entre dans la police en 1948 après avoir abandonné sa formation de pâtissier suite à des allergies). 
Il s'adonne alors à la photographie mais sans se prendre pour un grand photographe. Pendant 50 ans, il a photographié des scènes plus ou moins insolites dans le cadre de son travail de policier mais aussi de ses loisirs. C'est son fils, Urs, réalisateur et metteur en scène, qui, en 1990 alors que son père venait juste de partir à la retraite, découvrit une boîte au grenier contenant ses photos, toutes bien classées et archivées. Il décide alors de les montrer à des professionnels et Arnold Odermatt, après une première exposition à Frankfort, sera ensuite reconnu et exposé à la Biénnale de Venise en 2001 et gagnera ainsi une reconnaissance internationale!

Voici donc pour l'histoire de ce papi photographe qui n'avait pourtant aucune ambition d'exceller dans cet art. Et c'est probablement ce qui rend ces photos intéressantes 30 ou 40 ans après leurs prises de vue. Ce sont des instants figés, des scènes un peu insolites immortalisées dans un quotidien ordinaire.

Ses photos se divisent en deux séries : des images d'accidents de la route photographiées souvent en noir et blanc, prises dans le cadre de son travail et des photos couleurs qui témoignent des scènes de vie des policiers et de l'administration en suisse dans les années 50 à 70.

Jusqu'au 3 mars on peut voir quelques unes de ces photos en couleurs les plus connues à galerie photo La Chambre à Strasbourg. Un tour sur le web permet de voir la grande diversité de photos d'Arnold Odermatt et la poésie qui ressort de certaines photos en noir et blanc, qui pourtant retracent souvent des faits tragiques (des accidents de la circulation).

Dès l'entrée dans la salle d'exposition, on est surpris par une étrange série de photos de phares fondus, des photos très colorées, un peu absurdes prises par Arnold Odermatt lors d'une intervention après un incendie dans un garage qui a fait fondre les voitures. Des photos à la limite du surréalisme!


Suivent quelques photos illustrant des accidents de la route, comme celle de ce policier qui, depuis le toit de la camionnette volks wagen de la police, prend en photo la scène de l'accident entre une moto et une traban. Ou comment le photographe professionnel est pris en photo à son tour...


Autre photo insolite : celle d'un avion se faisant remorquer sur une route, juste à coté d'une église suisse. Et une autre où l'on voit un avion atterrir sur une route au milieu des montagnes enneigées.


De nombreuses photos témoignent du travail des policiers dans les années 60. Par exemple, des policiers s'entraînant au tir.

Ou ce policier sur un étrange vélo à moteur complètement disproportionné, qu'on dirait tout droit sorti d'un film de Charlie Chaplin !


A voir encore une photo montrant des policiers moustachus posant en maillots de corps blancs avec la lettre P dessus, marquant leur appartenance à la police, devant un ballon de foot. Des sortes de "super héros" au repos.

Une des photos les plus connues est celle de ces deux policiers conduisant un bateau sur un lac au milieu des montagnes et semblant plongés dans une discussion animée. Dans le rétroviseur du bateau, on aperçoit le visage des deux policiers mais aussi celui du photographe situé à l'arrière du bateau.


D'autres photos illustrent l'administration des années 50 - 60, avant l'ère de l'informatique. Une époque rétro, comme le montre la photo de cette secrétaire au look surprenant et tellement sixties!


On peut voir d'autres photos de fonctionnaires à leur bureau, entourés de vieilles machines à écrire, d'anciens  téléphones et cherchant des fiches dans un grand tiroir, avant l'ère des fichiers informatiques!

A voir aussi toute une série de portrait du même homme mais dans différentes situations (en cuisinier, en skieur, dans son salon, etc). 

Arnold Odermatt n'a pas fait du photojournalisme ni vraiment de l'art mais des photos-témoignages où l'on retrouve toujours une petite touche d'incongru. 

Il était moins une pour aller voir cette expo qui se termine dimanche soir!
Seul petit bémol, j'ai trouvé dommage qu'il n'y ait pas de légende expliquant le contexte dans lequel ont été prises les photos. Par exemple, pour les phares fondus, je n'aurai jamais compris si je n'avais pas fait quelques recherches sur Internet. Et pour la série de portraits, on ignore qui est l'homme pris si souvent en photo... Seuls le lieu et l'année sont mentionnés sous les photos. Mais bon, c'est probablement pour laisser aller son imagination!

Pour avoir plus d'infos sur Arnold Odermatt, vous pouvez consulter ce dossier que lui a consacré la célèbre revue Etudes Photographique en 2011.

Exposition jusqu'au 3 mars à La Chambre, 4 place d'Austerlitz. Entrée gratuite du mercredi au dimanche de 14h à 19h

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