vendredi 13 décembre 2013

A Touch of Sin : la Chine, dans toute sa douleur

Encore un film découvert un peu par hasard : j'ai en effet gagné deux places pour assister à l'avant-première de A touch of Sin en début de semaine. C'est un film chinois réalisé par Jia Zhang Ke auteur de plusieurs documentaires sur l'industrialisation de son pays. Dans ce film, on sent d'ailleurs sa forte expérience du documentaire dans sa manière très réaliste et intime de filmer ses personnages.


Le film est découpé en quatre parties, quatre portraits de chinois usés par la vie, leur travail, leur place dans la société, écrasés par le libéralisme, les inégalités et la misère.

Bande-annonce :

Dans la première partie, un employé d'une mine se bat pour faire valoir ses droits et ceux de ses collègues après le rachat de sa mine par une société privé. Il se retrouve seul contre tous et, face au cynisme et à l’indifférence de sa hiérarchie et de ses paires, finira par péter les plombs. On a ainsi droit à des scènes à la Kill Bill, à la différence que ce vengeur solitaire n'a pas le charisme d'Uma Thurman et qu'on n'éprouve assez peu d'empathie pour lui !


Le seconde partie c'est l'histoire d'un homme solitaire qui va de ville en ville et qui se découvre une passion pour les armes à feu. S'il tire dans un premier temps pour se défendre, il n'hésitera pas à s'en servir ensuite pour tuer sauvagement d'innocentes personnes.


Le troisième portrait est celui d'une femme qui retrouve son amant dans un restaurant sur une aire d'autoroute. Ce dernier est marié et semble avoir du mal à quitter sa femme. En attendant sa décision, elle retourne à son travail de réceptionniste dans un "sauna" dans une ville proche. Face au harcèlement d'un client, elle finit par craquer également.


Enfin, la quatrième partie est consacrée à un ado qui enchaîne les petits boulots à la recherche de l'emploi qui lui permettrait de gagner suffisamment d'argent pour subvenir à ses besoins. Il trouvera un travail de serveur dans une sorte de club à hôtesses pour VIP où il rencontrera une jeune prostituée avec qui il espérera avoir une relation. Mais la réalité est différente et l'avenir semble bien compromis.


Dans l'ensemble c'est une description glauque et violente de la Chine actuelle que nous dresse le réalisateur. Les paysages sont tristes, soit laissés à l'abandon, soit en construction. Il décrit un pays en pleine industrialisation : on voit sans cesse des chantiers, des grues, des usines, on entend des bruits de moteurs et de machines. Les transports sont omniprésents : train, voiture, avion, vélo. D'ailleurs, tous ces personnages sont constamment en mouvement, à la recherche d'un avenir meilleur.
Ils ne montrent jamais leurs sentiments : pas d'embrassades lors des retrouvailles, pas de pleurs, de larmes ou d'effusion quelconque. Jusqu'à ce que la carapace de politesse se fissure pour faire exploser toute la violence et tout le désespoir qui est en eux.

La réalisation est très juste, quasi documentaire, assez brute par moment. Le rythme est lent (des fois un peu trop). Le résultat est réaliste, des fois émouvant et angoissant et on est oppressé face à cette Chine qui dévore ces citoyens. 

C'est un film très bien construit, alternant de beaux plans contemplatifs et scènes d'action subites mais l'ensemble reste assez déprimant et donne une image bien triste de la Chine.

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