vendredi 30 décembre 2016

Bouffée d'air frais en provenance du Groenland avec un film léger, émouvant et drôle

En cette fin d'année j'avais envie de voir un film calme, sans violence et sans drame, qui permet de s'évader un peu. Aussi, je me suis dit qu' "un voyage au Groenland" devait bien permettre de déconnecter de l'actualité tellement déprimante ! Et c'est chose faite avec ce petit film français à la fois émouvant et drôle réalisé par Sébastien Betbeder (Inupiluk, 2 automnes 3 hivers)


Le réalisateur s'est inspiré d'une histoire familiale pour réaliser ses deux films. En effet, avec un frère explorateur polaire, (Nicolas Dubreuil,) il avait matière à raconter le milieu arctique ! Ce dernier a accueilli deux inuits chez lui en 2013. L'occasion pour Sébastien Betbeder de réaliser ensuite un moyen-métrage sur la venue des deux groenlandais. À la fin du film, ces derniers invitent en retour les Français à les retrouver au Groenland...


Le voyage au Groenland est donc une suite à ce précédent film, version long-métrage cette fois. On retrouve les mêmes acteurs, Thomas Blanchard et Thomas Scimeca, naturellement drôles avec leurs têtes d'ados attardés.

Bande-annonce : 


L'histoire :

Deux amis d'enfance, prénommés tous deux Thomas, se rendent dans un village groenlandais, à Kullorsuaq, petite île située le long de la côte ouest de l'île polaire, face au Canada, où est allé vivre le père de l'un d'eux. Tous deux sont des comédiens occasionnels et intermittents du spectacle, un peu paumés dans la vie. Pour eux, ce voyage au grand Nord est comme une parenthèse dans un quotidien assez laborieux mais c'est aussi l'occasion de faire de belles rencontres.


C'est ainsi que les deux trentenaires parisiens se retrouvent au bout du monde, à découvrir les us et coutumes de ces habitants perdus dans le froid polaire, en marge de toute civilisation. Ils vont faire l'expérience du jour sans fin, des nuits sans nuit, de l'immensité glacée, du calme imperturbable, des fêtes sans alcool, de la chasse au phoque, des traditions assez rustiques, d'un mode de vie plutôt rude mais aussi côtoyer des inuits généreux, accueillants et ouverts d'esprit.


La réalisation du film est quasi documentaire et empreinte d'un grand réalisme ce qui contribue certainement à l'effet immersif et quelque peu mélancolique qui en ressort. C'est un film plein d'empathie et de générosité avec, en plus, une pointe d'humour. Loin des clichés qu'on retrouve habituellement dans les comédies potaches abordant les différences culturelles, les particularités des deux cultures sont traitées ici avec beaucoup de pudeur et d'humanité. Pas de vannes lourdes ni de caricature, l'humour est subtil, presque involontaire. Rien que par leurs têtes et leurs expressions, les deux personnages principaux font rire. Mais derrière leur fausse naïveté et leurs airs juvéniles se cachent des interrogations d'adultes un peu perdus dans la vie.


Le film est ponctué de dialogues et scènes quasi absurdes comme lorsque les deux amis font un footing dans leur combi et leurs bottes de neige sous les yeux ébahis des autochtones qui ne comprennent pas pourquoi ils sont si pressés ! Ou encore, lorsqu'ils campent sous tente au milieu du désert arctique et que, d'un coup, au milieu de la "nuit", l'un d'eux pense à son actualisation Assedic.


En parallèle, la vie des Inuits apparaît pleine de contrastes : d'un coté des modes de vie ancestraux, un peuple qui vit de la pêche et de la chasse, une grande solitude aussi qui pousse parfois certains à commettre le pire, et, d'un autre coté, des groenlandais ancrés malgré tout dans la modernité, qui jouent du rock ou écoutent du hip hop, vont sur Internet (avec des connexions assez laborieuses, mais quand même...), font leurs courses dans des supermarchés, et dont les ados suivent les modes vestimentaires.


Perdu dans ce bout de banquise, les deux amis font face aussi à leurs différences de caractères : l'un est plus timide, en retrait, a plus de mal à s'intégrer tandis que l'autre a plus d'aisance et se plie aux coutumes locales sans trop de problème. Tout en retenu, sans éclat de voix ni épanchement, on sent que les deux compères sont confrontés à leurs faiblesses et se remettent doucement en question.
Le voyage au Groenland est un film sur les relations humaines que ce soit entre amis, en famille ou avec des inconnus issus de culture différente. C'est aussi une histoire qui aborde la difficulté de communiquer avec ses proches, par pudeur ou timidité ou encore la faculté de s'intégrer ou non dans un pays étranger.
On comprend facilement que, face à cette immensité de blanc et de pureté immaculée, il est facile de se remettre en question!


Pour résumer, je dirai que Le voyage au Groenland est un joli petit film sans prétention qui a le mérite de nous présenter un peuple méconnu avec intelligence et pudeur. De plus c'est un film réalisé par des températures extrêmes (-20 degrés !) avec du matériel utilisé normalement pour tourner des documentaires en climat polaire.
Enfin, sachez qu'après ce film, aurez envie de manger des crêpes accompagnées d'un bon chocolat chaud !

Le voyage au Groenland / film français réalisé par Sébastien Betbeder, avec Thomas Blanchard et Thomas Scimeca. Sortie le 30 novembre 2016.

Secrets de tournage
: le réalisateur a tenu un carnet de bord sur Internet et une web série racontant la préparation du film tout au long du tournage au Groenland !


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