lundi 15 février 2016

Les Saisons : nouvelle fresque sauvage réussie de Jacques Perrin sur l'évolution des forêts d'Europe

Jacques Perrin poursuit sa série de documentaires sur la nature. Après "Le Peuple migrateur" (2001), et "Océans" (2009), il s'est de nouveau associé à Jacques Cluzaud pour réaliser "Saisons". Comme pour les deux précédents opus, l'affiche est bleue et le visuel similaire, intégrant parfaitement ce nouveau film dans sa série de documentaires.



Cette fois, les deux réalisateurs se sont penchés sur l'évolution des forêts du continent européen et les animaux qui les peuplent. Ils ont filmé au plus près les bêtes sauvages qui s'adaptent au changement des saisons et à de nombreux bouleversements.


Le film s'ouvre sur l'ère glaciaire, période qui dura plus de 80 000 ans, où seuls des animaux très résistants au froid peuplaient la planète, comme les boeufs musqués. Est raconté alors le rapide réchauffement qu'a subit notre planète, faisant fondre la glace et mettant fin à cet hiver permanent pour laisser la place à une végétation luxuriante. 


La continent européen se recouvre alors d'une dense forêt qui permet l'apparition de nombreuses espèces d'animaux. Une forêt soumise au rythme des saisons, le paysage changeant régulièrement au fil de l'année, les animaux s'adaptant à ces changements climatiques. Ce cycle des saisons va se répéter de manière immuable jusqu'à aujourd'hui. L'âge d'or de la forêt dura des milliers d'années, jusqu'à ce que l'homme commence à modifier le paysage par l'agriculture, la chasse, la déforestation... 


Voilà pour le "scénario" qui n'est autre que l'histoire de notre planète bleue, plus précisément du poumon vert de notre planète : les forêts.
En filmant au plus près les animaux afin de raconter le cycle de la vie, les deux réalisateurs se basent sur les grandes phases chronologiques : ère glaciaire, âge d'or de la forêt, apparition des hommes chasseurs-cueilleurs, ère "moderne", soit près de 12 000 ans d'histoire de la nature. Plusieurs cycles de saisons nous montrent les animaux vivant paisiblement dans la forêt, n'ayant à craindre que leurs prédateurs naturels. Puis, au bout d'un certain temps, seulement vers la fin du film, la menace de l'homme se fait sentir, avec le développement de la chasse intensive, l'utilisation de produits chimiques, le développement de l'agriculture, de l'urbanisation... Le film se base sur ces différents "temps" de la forêt, et cette chronologie permet de montrer que la menace humaine est récente sur une échelle de milliers d'années.


Les images sont sublimes, on se demande vraiment comment les réalisateurs ont fait pour obtenir des prises de vue aussi réussies de certains animaux : des renardeaux dans leur terrier, une chouette dans son arbre, le suivi d'un vol de grues, une meute de loups en train de chasser montrant tour à tour les prédateurs et leur proie tentant de s'échapper, de magnifiques images d'une famille d'ours, des lynxs majestueux... J'ai été bluffée par pas mal d'images!


Le film aura nécessité 18 mois de tournage dans diverses régions de France, mais aussi en Pologne.
Pour approcher les animaux au plus près, l'équipe du film s'est entourée de nombreux spécialistes de la vie sauvage et de plusieurs techniciens. Comme ils avaient pour consigne de ne pas utiliser de zoom, ils ont usé de la technique de l'imprégnation afin d'instaurer une relation de confiance quasi fusionnelle avec les animaux et de pouvoir ainsi les filmer de très près. Pour approcher les loups, les techniciens ont construit une sorte de scooter électrique permettant de suivre la meute. Pour filmer d'autres courses d'animaux comme celle des chevaux sauvage, ils ont utilisé une grue permettant de faire des travellings, etc.

Si l'on craque devant les renardeaux, louveteaux, oursons etc, qu'on est émerveillé par l'agilité, la débrouillardise et la curiosité des animaux, le film montre aussi que la vie sauvage est impitoyable et que les bêtes vivent dans un qui-vive permanent, face aux menaces de leurs prédateurs.


Il y a quelques commentaires au début et à la fin du film, surtout pour expliquer la chronologie des faits et l'évolution des dangers auxquels doivent faire face les animaux, mais dans l'ensemble, la narration est discrète, il n'y a qu'à se laisser bercer par les bruits de la forêt : les chants des oiseaux, les hurlements des loups, le brâme du cerf....


Les Saisons est une véritable ode à la vie sauvage, le film nous présente des animaux  qui se démènent pour vivre, qui semblent passer des moments de tendresse, de bonheur, de repos mais aussi de panique. Ce documentaire montre que la Nature sait s'adapter aux changements des saisons mais qu'elle est vraiment menacée par l'Homme. Sans être pour autant moralisateur, avec une certaine simplicité, les images se suffisent à elles-même pour souligner l'importance des dégâts que fait l'Homme sur la nature et le danger permanent auxquels les animaux doivent faire face.


Mais, comme dans le superbe documentaire Demain, (à voir absolument si ce n'est déjà fait!) le message à retenir est qu'il n'est pas trop tard pour réagir, qu'il est encore possible de protéger la vie sauvage et la biodiversité si on se mobilise maintenant.

Les saisons / film documentaire de Jacques Perrin et Jacques et Jacques Cluzaud. Musique de Bruno Coulais. Sortie le 27 janvier 2016.

http://www.lessaisons-lefilm.com/

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