jeudi 18 février 2016

Trépalium : première série d'anticipation française plutôt réussie !

Actuellement, vous pouvez suivre sur ARTE Trépalium, une série d'anticipation française plutôt réussie.

Dans un futur proche, une ville bétonnée et déshumanisée est coupée en deux par un grand mur : d'un coté les 20 % qui ont la chance d'avoir un travail, les actifs. De l'autre, tous les inactifs vivent dans la "Zone", soit 80% de la population. Les conditions de vie y sont très difficiles : il y a peu à manger et l'eau potable est une denrée très rare.
Du coté des "actifs", les places de travail sont précieuses et les salariés entièrement dévoués à leur employeur, capables de tout pour conserver leur poste. En effet, toute personne licenciée est renvoyée de l'autre coté du mur, aussi la concurrence est impitoyable ! Cela explique pourquoi les "actifs" semblent dépourvus d'émotion, froids, déterminés et arrivistes.


Afin de faire croire à la Communauté Internationale que la ville tente de réduire cette fracture sociale, cela en vue de bénéficier de subventions, la Première Ministre propose une nouvelle mesure : des centaines de "zonards" vont être sélectionnés pour aller travailler de l'autre coté du mur chez des actifs tirés au sort, et rentreront le soir dans la Zone. Ce sont les "emplois solidaires".

Il y a donc trois groupes de personnes : les actifs, les zonards et les emplois solidaires qui vont tenter de cohabiter malgré toute la méfiance, les rivalités et jalousies que ces clivages engendrent. En effet, les "actifs" considèrent les "zonards" comme des rebuts de la société, des "sous-hommes" et ne tolèrent pas qu'on leur offre la possibilité de venir travailler en ville.

Teaser :

Cependant, très vite, tous s'aperçoivent que cette mesure n'est en fait que du vent et qu'aucun véritable travail digne de ce nom ne sera proposé aux zonards. Au quotidien, ils subiront humiliations, discriminations et rabaissement permanent.

La famille qui règne sur cette ville est prête à tout pour garder son pouvoir, n'hésitant pas à user des pires manipulations et coups tordus pour y parvenir. La Première Ministre notamment fait preuve de froideur et d'hypocrisie à toute épreuve. Cette même famille "royale" entretient des liens étroits avec la principale entreprise de la ville, Aquaville, qui fabrique de l'eau... Tous ces dirigeants tiennent les "actifs" sous leur coupe par la menace du licenciement et donc du renvoi dans la zone, ils ont ainsi une emprise terrible sur la population !

la famille de la Première Ministre

Dans ce monde de requins, on suit quelques histoires personnelles : Izia est une jeune mère célibataire qui vit dans la zone. Elle a été sélectionnée pour "travailler" chez un actif, Ruben, lui aussi père d'une jeune enfant mutique. La tâche qui va lui être confiée sera toutefois assez inattendue... Pendant ce temps, son fils part à la dérive et côtoie une jeune fille des rues avec qui il fait les quatre-cent coups.
Ruben lui doit faire face à sa femme qui disparait, sa fille mutique qu'il ne comprend pas, son employeur qui lui met la pression et cette "solidaire" dont il doit s'occuper...

Izia et son fils

En parallèle, Silas est un emploi solidaire employé pour faire "vitrine" auprès de la Première Ministre. Choisi pour sa gentillesse, sa naïveté et son absence d'engagement, il est censé être le pivot des relations entre actifs et zonards...
Au fil des épisodes, apparaît progressivement un groupe de résistants préparant une révolution pour faire tomber le mur...

Silas

Avec son ambiance rétro-futuriste et un scénario intéressant, Trépalium est une série plutôt réussie, malgré quelques personnages caricaturaux.
Elle tient de la série de science-fiction car les nouvelles technologies y sont omniprésentes : il y a plein de gadgets, d'écrans, de tablettes tactiles, de puces, etc. De plus l'environnement général est bétonné, grisâtre, l'ambiance morose à souhait.

la Première Ministre

L'arrivisme, l'hypocrisie et la manipulation sont les principaux traits de caractères des protagonistes. C'est la peinture d'un monde déshumanisé où seuls le travail et le pouvoir sont des valeurs reconnues.
Il y a aussi un coté rétro dans cette série : des voitures semblables aux trabans des années 80 (petit clin d'oeil à Berlin Est, en plus du mur !), des employés au look vintage (tous portent le même uniforme ridicule et ont des coiffures old school).

Ruben dans son uniforme d'actif

Cette série me fait penser à une sorte de  fable moderne où l'on retrouve une méchante reine dans sa tour d'ivoire (la première ministre), une princesse effrayée, un prince charmant ambivalent, des patriarches influents, des enfants perdus, un peuple à sauver...

Cette histoire de mur nous rappelle bien sûr l'histoire de la ville de Berlin séparée en deux pendant trente ans, mais on ne peut s'empêcher de penser également aux murs qui sont construits aujourd'hui  partout dans le monde pour empêcher les migrants d'entrer dans les pays riches, séparant là aussi les chanceux des populations dans le besoin...

Surtout Trépalium interroge sur la place du travail aujourd'hui. Est-ce qu'un homme se définit uniquement par sa profession? Pourquoi un homme serait-il plus important qu'un autre ?

Bref, c'est une série intéressante emplie de références à l'Histoire et à l'actualité qui soulève des questions importantes.

Diffusion le 11 et 18 février sur ARTE
A voir ou revoir en Replay sur ARTE dans les prochaines semaines.

Trepalium / série française réalisée par Antarès Bassis, Sophie Hiet (2016), avec Léonie Simaga, Pierre Deladonchamps, Ronit Elkabetz, etc. - 6 épisodes de 50 min.


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