mercredi 4 juin 2014

Le bleu est une couleur chaude

Après des mois d'attente, cet album étant beaucoup réservé à la médiathèque, j'ai enfin eu l'occasion de lire la superbe bande-dessinée, Le bleu est une couleur chaude, écrite par Julie Maroh, talentueuse auteure de BD de 28 ans.


Vous n'avez jamais entendu parlé de cet album? Pourtant vous avez tous entendu parlé de La Vie d'Adèle le film réalisé par Abdellatif Kechcich qui a eu la palme d'or à Cannes l'an dernier ?! Et bien, le film est librement inspiré de cette BD. Je n'ai pas (encore) vu le film, le battage médiatique autour d'une oeuvre me décourageant plutôt que m'incitant à aller le voir. S'ajoute à cela la durée de 3 heures de ce chapitre 1... Toutefois, maintenant que j'ai lu la bande-dessinée, j'envisage de voir si film de Kechiche est fidèle à la BD ou non.

Le bleu est une couleur chaude raconte le passage à l'adolescence de Clémentine, qui, à 15 ans, "flache" sur Emma, une fille aux cheveux bleus, un peu plus âgée qu'elle. Cette brève rencontre la hantera pendant de longs mois, jusqu'à ce qu'elles se rencontrent à nouveau et se rapprochent petit à petit. Clémentine, qui se considère comme hétéro, s'interroge sur ses pensées, lutte contre ses désirs qu'elle trouve "contre-nature", d'autant plus qu'elle est rejetée par ses camarades après qu'ils l'ai aperçue avec son amie lesbienne. Heureusement, son ami homo Valentin est toujours là pour l'écouter et la soutenir. 

Dès les premières pages on sait que Clémentine est morte puisque Emma lit ses journaux intimes et les lettres d'amour qu'elle lui a adressé. On sait d'emblée qu'il s'agit d'une histoire triste. On découvre ensuite leur histoire, leur rencontre, leur amour compliqué. Les deux tiers de l'album retracent l'adolescence de Clémentine, puis, on fait un saut dans le futur (10 ans après) dans les dernières pages. J'ai d'ailleurs été un peu surprise par ce déséquilibre, cette accélération du temps dans les dernières pages par rapport au reste de l'album.

C'est une BD très émouvante qui montre les sentiments et la sensibilité d'une jeune fille en quête de son identité, de sa sexualité. Les textes sont bien écrits et touchants. C'est une BD à lire, contre les préjugés, pour l'amour, la tolérance, la vie.

Cette BD a reçu le prix du public au festival d'Angoulême en 2011.


Quelques citations :

"L'amour est quelque chose de trop abstrait et d'indiscernable. Il est dépendant de nous, perçu et vécu par nous. Si nous n'existions pas, il n'existerait pas. Et nous sommes tellement changeants ... Alors l'amour ne peut que l'être aussi.
L'amour s'enflamme, trépasse, se brise, nous brise, se ranime ... : nous ranime. L'amour n'est peut-être pas éternel mais nous, il nous rend éternels ...
Par-delà notre mort, l'amour que nous avons éveillé continue d'accomplir son chemin."

"et c'est peu à peu que j'ai compris que nos façons d'aimer étaient multiples. On ne choisit pas de qui on va tomber amoureux et notre conception du bonheur s'impose à nous-même selon notre vécu."

"Je me sens perdue, seule au fond d'un gouffre. Je ne sais pas quoi faire, j'ai l'impression que tout ce que je fais en ce moment est contre-nature... Contre ma nature. Mais pourquoi cette vie convient aux autres et pas à moi ?"