samedi 27 août 2016

The Get Down : une série musicale dynamique sur les origines du hip-hop

Actuellement on peut voir sur Netflix la nouvelle série réalisée par Baz Luhrman, le réalisateur de Romeo et Juliet et de Moulin Rouge. La musique occupe toujours une place importante dans ses films et il ne déroge pas à la règle dans cette série. The Get Down raconte de façon romancée la naissance du Hip-Hop aux Etats-Unis dans les années 70. Avec six épisodes d'une durée d'heure environ chacun, c'est une petite série dynamique à la bande-son vraiment cool alternant musiques disco, funk et premiers sons hip-hop.


L'histoire se passe en 1977. Alors que le disco envahit les ondes, on est plongé dans le Bronx où vivent essentiellement les populations noires et latinos, où les gangs se sont répartis les trafics par "zone" et les DJ les quartiers. C'est un quartier de New-York à l'abandon où les gens sont livrés à eux-même, où des immeubles sont incendiés pour toucher la prime de l'assurance. Mais c'est aussi un quartier jeune, plein de vie, de dynamisme et de créativité et c'est ce que montre avant tout la série.


Des ados plein d'entrain et de ressources cherchent leur voie dans ce Bronx sinistré, rêvant d'un avenir meilleur, s'imaginant danseur, chanteur ou homme d'affaire à Manhattan. Ezekiel est un orphelin de 16 ans élevé par sa tante, passionné de musique, de lecture et de poésie. Un jour, lui et sa petite bande font la rencontre d'un graffeur réputé surnommé Shaolin Fantastic. Ce dernier, également passionné de musique, est en phase d'être initié aux mix par le Grandmaster Flash, le maître du mix dans le Bronx !


Face à l'omniprésence du disco, les jeunes du ghetto cherchent à créer des nouveaux sons en mixant des disques dans la rue et en improvisant des rimes. Shaolin fait découvrir cet univers à ses nouveaux amis en les emmenant dans une fête underground où ils découvrent le rôle de DJ et les premiers sons hip-hop. Ce dernier découvre le talent d'Ezekiel pour manier les mots, ce qui tombe plutôt bien, lui qui justement est à la recherche d'un "tailleur de mots" pour accompagner ses mix...

Teaser : 

Le groupe de copains décide alors de se lancer dans l'aventure des rimes et des mix. Par un concours de circonstances ils vont être amenés à affronter les as dans le domaine lors d'une battle de rue. Mais pour ça, il va falloir se démarquer !


En parallèle de cet essor musical, on suit l'histoire de Mylene, beauté latino qui cherche à s'émanciper de son père pasteur très conservateur. Douée d'une puissante voix, elle rêve d'être la nouvelle star de la soul ou du disco. Son oncle, homme d'affaire aux nombreuses relations, se veut la voix d'un nouveau ghetto. Il tient beaucoup à sa nièce et va la mettre en relation avec un producteur certes talentueux mais drogué et désavoué par ses pairs. Si Mylene n'a que son objectif de chanteuse en tête, Ezekiel lui est tiraillé entre sa passion pour la musique, sa relation amoureuse avec Mylene et un éventuel avenir de bureaucrate à Manhattan.


Dans un contexte de guerre des gangs, dans un quartier où la drogue et la violence sont omniprésentes, on suit donc l'émergence d'une nouvelle forme d'art créée par une jeunesse bouillonnante d'optimisme et de créativité. Alliant musique, rimes, danse, graffitis... ces jeunes gens seront les précurseurs de ce que l'on nommera ensuite le mouvement hip-hop.


Au milieu de ces histoires musicales, il y a aussi l'histoire sentimentale un peu niaise entre Ezekiel et Mylene. Cette dernière est d'ailleurs un peu énervante, mais heureusement ce romantisme d'adolescent passe au second plan. Puis il y a les copains et copines hypers enthousiastes, les magouilles du gang de Cadillac dirigée une madone noire pour laquelle travaille Shaolin le DJ, les coulisses du show biz du disco, etc. En toile de fond, on a un aperçu de la politique de la ville de New-York dans les années 70 qui tend notamment à renouveler le Bronx en stigmatisant cette jeunesse qui "sali" les murs de la ville.


Les personnages sont souvent caricaturaux mais cela passe finalement sans problème en partie grâce à un scénario bien ficelé, à un super sens de la narration, avec effets de style justement maitrisés, à une construction rythmée et stylée et au dynamisme général qui ressort de la série. Dans chaque épisode sont intégrées de véritables images d'archives pour illustrer le contexte, pour donner du poids à l'histoire. Un soin particulier a été apporté au style vestimentaire des personnages, aux décors, à la lumière et bien entendu à la bande son ! La musique est omniprésente tout au long de la série. Nas et GrandMaster Flash ont carrément intégré l'équipe de production pour apporter leur connaissances du milieu hip-hop et peaufiner chaque détail.
A noter également un budget de production assez conséquent ! (120 millions de dollars)


Bref, The Get Down est une série sur l'origine de la musique moderne, la jeunesse, la culture urbaine, une série instructive ausi pour les néophytes de l'histoire du hip pop comme moi.

Pour avoir la liste des titres entendus au long de ces 6 épisodes c'est par là  (en bas de page.)
Pour en savoir plus sur l'origine du mouvement hip hop : https://fr.wikipedia.org/wiki/Origines_du_hip-hop


samedi 13 août 2016

Un peu de rock slave en lisière de forêt...

L'été c'est le temps des festivals de musique, et en Alsace on a le choix! Il y a bien sûr un des plus gros festivals de l'été début juillet : les Eurokéennes de Belfort. Plus près, à Colmar il y a actuellement la Foire au vins, en juillet dans la plaine d'Alsace il y a le festival Décibulles qui a lieu dans un très joli cadre de la vallée de Villé....
Et puis il y a un petit festival qui vise à promouvoir la langue et la culture alsacienne mais également toutes les cultures régionales. C'est le festival Summerlied qui a lieu dans la forêt d'un petit village près d'Haguenau, à Olhungen. Un petit éco-festival régional qui a lieu tous les 2 ans maintenant, depuis 1997.


Le cadre est tout simplement magique. En pleine forêt, on croise de jolies créations illustrant des personnages de contes et de légendes et on trouve plusieurs petites scènes  visant à accueillir durant ces 5 journées de festivals des lectures de contes, des spectacles pour petits et grands, des concerts, un concours de poésie, etc.
Il y a bien sûr la "grande scène" sur laquelle joueront les têtes d'affiche, mais aussi une plus petite scène, appelée "scène de la forêt" où se produisent des groupes locaux de rock, jazz, folk ou musique traditionnelle. Et, ce qui est vraiment sympa dans ce festival, c'est que l'on peut y entrer, profiter des animations, des petites scènes, et de l'ambiance chaleureuse qui y règne sans forcément payer puisque les tickets sont vérifiés seulement pour l'accès à la grande scène !

Lorsque nous étions, le festival venait d'ouvrir et il n'y avait pas encore d'animations prévues ce soir là.




Des bancs artisanaux permettent de s'asseoir et d'écouter des histoires en alsacien (pour ceux qui comprennent le dialecte) grâce à de petits hauts-parleurs :




Certaines installations illustrent un proverbe ou une coutume alsacien(ne) comme ici un chemin de chaises allant de la plus petite à la plus grande, appelé aussi "confessionnal" au bout duquel on trouve des "toilettes sèches" représentant notre pot à problème. A l'intérieur se trouvent des branches représentant nos soucis, on nous invite à suivre un petit rituel pour accrocher une de ces petites branches à un personnage afin de se débarrasser de nos problèmes.



Durant le reste de cette petite promenade dans la forêt "magique" on voit plein de belles installations qui seront inaugurées le lendemain : un sentier pieds-nus, des espaces de jeux, une scène poétique, un espace contes, une yourte à jeux... Ça fait vraiment envie !

 

Pour voir le programme des réjouissances du week-end c'est par ici : http://summerlied.org/programmation-complete/

Une fois votre tour dans la forêt enchantée terminée, vous pourrez vous restaurer sur une des nombreuses tables mises à disposition près de la petite scène et goûter aux spécialités locales tout en écoutant le groupe de la "Scène de la Forêt". Lorsque nous y étions le jeudi soir il s'agissait d'un groupe de jazz manouche plutôt sympathique nommé Di Mauro Swing/


La nuit venant, les lumières s'allument et rendent le lieu encore plus magique. L'ambiance y est encore plus conviviale et chaleureuse.




Enfin, si nous sommes allés à ce petit festival au milieu des bois c'est avant tout pour y voir des concerts!
Étaient prévus ce soir là un petit groupe de fanfare acoustique, Les Garçons trottoirs, suivi du maître du rock slave et de son orchestre : Emir Kusturica et le Nos Smoking Orchestra ! 

Les garçons trottoirs

Je ne connaissais pas les Garçons trottoirs. C'est un groupe de joyeux lurons enchaînant les mélodies simples et entêtantes en vue clairement de faire chanter et danser les gens. Personnellement, je préfère les Ogres de Barback ou la Rue Ketanou dans le genre, mais le concert n'en restait pas moins sympathique.

Emir Kusturica & le No smoking Orchestra

Ensuite, j'ai assisté pour la deuxième fois à un concert d' Emir Kusturica, la première remontant à une bonne dizaine d'années, à Strasbourg.
Le réalisateur et musicien yougoslave n'est plus tout jeune (62 ans) mais ça ne se voit pas, personnellement je trouve qu'il a exactement la même tête que lorsque je l'ai vu il y a 12 ans ! De plus, il dégage toujours autant d'énergie sur scène et il en va de même pour ses musiciens, surtout son acolyte violoniste (en tenue de sorcier sur la photo).
Pour ceux qui ne connaissent pas ou peu le No smoking orchestra, c'est un orchestre au style un peu particulier, un mélange de genres entre joyeuse fanfare, rock slave, jazz manouche, blues, etc. Une musique assez festive en général.

Emir Kusturica, c'est d'abord un réalisateur. Il remporta à la surprise générale (la sienne en premier) la Palme d'or à Cannes en 1985 avec le film Papa est en voyage d'affaire. Il réalise ensuite un film sur la vie des gitans Le temps des gitans qui remporte le prix de la mise en scène en 1989. Par la suite, il réalise un film sur le rêve américain Arizona Dream puis, choqué par le conflit qui sévit en ex-Yougoslavie, il réalise un film sur ce sujet intitulé Underground film pour lequel il recevra d'ailleurs une nouvelle Palme d'Or en 1995. En 1998s ort Chat noir chat blanc, un film moins engagé, là aussi sur le monde des gitans, mais plus coloré, plus burlesque. Enfin, j'avais adoré La vie est un miracle réalisé en 2004 qui est une transposition de l'histoire de Roméo et Juliette pendant la guerre des Balkans, un film superbement réalisé, plein d'énergie, de vie, de couleur et de musique récompensé là aussi par un prix à Cannes et un César du meilleur film européen en 2005.  Vous pouvez voir toute sa filmographie ici. Le cinéma de Kusturica, c'est un univers original, tantôt social et engagé, tantôt poétique, burlesque, avec une touche d'humour, de la joie et toujours des bonnes musiques.
Car oui, s'il est important de connaitre la filmographie de Kusturica c'est parce qu’elle est directement liée à sa musique. Et vice-versa. Il forma en 1998 le groupe No Smoking Orchestra pour décompresser de son travail de réalisateur et en profita pour réaliser lui même la musique de ses films. Et il faut dire que la bande-son contribue pour beaucoup à la réussite de ses films, en faisant ressortir les émotions, le coté burlesque, poétique... La plupart de ses musiques racontent donc une histoire.

Quelques morceaux parmi les plus connus : 

When Life is a miracle



Bubamara (Live, 2012)

Romeo & Juliet (live, 2009)


C'est une musique très vivante en "live". Dès le début du concert, les musiciens font monter un groupe de fan (e)s sur scène pour danser avec eux. Personnellement j'ai trouvé que c'était trop tôt, qu'ils n'avaient pas encore suffisamment "chauffer" la scène et le fait de faire des chorégraphies avec les groupies avait tendance à exclure le reste du public. Mais ça n'a pas durer bien longtemps.


L'ensemble du concert était réussi avec quelques bémols toutefois : 
- L'absence du morceau culte Life is a Miracle. La musique a été jouée au début du concert mais pas le morceau en entier avec les paroles) pourtant je l'ai attendu jusqu'au rappel !
- La musique de la Panthère Rose entre chaque morceau surprend au début et casse un peu le rythme du concert.
- Le lieu, bien que superbe, amène également quelques contraintes. L'acoustique est différente à l'extérieur que dans une grande salle. Et surtout, le fait que la plupart des spectateurs soient assis casse un peu l'ambiance générale du concert. La plupart des morceaux, très rythmés, donnent envie de taper du pied pour les plus calmes ou de se trémousser voir sauter partout pour les plus déchainés... Aussi, au bout d'un moment, c'est frustrant de rester assis et de voir tout le monde figé comme devant la télé et j'ai préféré aller devant près de la scène profiter au mieux de cette musique Live.

De manière générale, j'ai apprécié ce concert d'1h45 plein de bonne humeur, passant de joyeuse fanfare au solo de violon ou de guitare endiablé, bien qu'il fut moins énorme que dans mon souvenir il y a douze ans où le groupe avait d'emblée mis le feu à la salle pendant près de 2h.

Et pour finir, une note d'humour photographiée au festival



Festival Summerlied du 11 au 15 août 2016 à Olhungen (67)