samedi 28 septembre 2013

Un peu de grammaire anglaise? Nouveaux accords dans la pop anglo-saxonne!

London Grammar

Voici ma dernière découverte musicale : London Grammar, un trio londonien composé de 2 jeunes hommes, Dot Major et Dan Rothman et d'une jolie blonde, Hannah Reid  tous âgés d'une petite vingtaine d'années. La chanteuse a une voix à la fois profonde, chaleureuse et aérienne qui révèle une grande maturité pour une jeune femme de 22 ans : elle est capable de passer d'un registre très grave à d'autres plus aigus où sa voix s'élève délicieusement! (bel exemple dans Nightcall)


Dans ce premier album intitulé If you wait, on découvre une musique aérienne, à la fois délicate et profonde.

On remarque rapidement les diverses influences du trio, notamment celle de The XX, très présente dès les premières notes et dans le morceau Hey Now :


Quant au morceau If you wait, qui a donné son nom à l'album, il me fait penser à la regrettée chanteuse Lhasa :

C'est la même chose avec le beau morceau Nightcall déjà cité plus haut, qui a une forte consonance onirique.

Tout au long de l'album se dégage une profonde mélancolie, je me vois bien l'écouter un jour d'hiver en regardant la neige tomber par exemple. Un de mes morceaux préférés est Darling are you gonna leave me?  à la fois envoûtant grâce à la voix de la chanteuse et à un refrain plus rythmé. Et toujours cette grande mélancolie.
  

Le featuring électro Help me loose my mind se démarque un peu dans cet album. Moins à mon goût c'est toutefois apparemment un véritable succès outre-manche. Sans doute un peu plus commercial également.


Metal and Dust : pour apprécier la voix de la chanteuse et se laisser bercer par ce beau refrain. J'aime beaucoup ce morceau.


Certaines musiques me rappellent aussi la chanteuse irlandaise Sinead O'Connor comme par exemple le morceau Strong.


Wasting my youg years est une chanson magnifique sur la détresse de la jeunesse, sans doute un de leur plus beaux titres. Voici un extrait du refrain : "I'm wasting my young years (Je gâche ma jeunesse) , It doesn't matter here (Peu importe), I'm chasing more ideas (Je traque les solutions), It doesn't matter here (Peu importe)".

En tout, ce sont 17 titres à découvrir pour découvrir les différentes facettes de ce nouveau groupe anglais !

Et peut être à découvrir en chair et en os à la laiterie à Strasbourg le 16 novembre ?! D'autres dates sont prévues partout en France cet automne.



lundi 23 septembre 2013

Un roman tendre et plein d'optimisme de Barbara Constantine

Et puis, Paulette....

Ma dernière lecture consiste en un roman frais, léger, une sorte de conte moderne écrit avec beaucoup de tendresse et de justesse. C'est Et puis, Paulette... de Barbara Constantine, auteur dont c'est déjà le cinquième roman mais que je ne connaissais pas!


C'est l'histoire de Ferdinand, vieil homme veuf vivant seul dans une immense ferme depuis que son fils et sa famille ont déménagé. Un jour, il trouve un chien au bord de la route et le ramène à sa propriétaire, une femme du village qu'il connait un peu, et la retrouve à moitié dans les vapes. Lui proposant son aide mais n'osant pas trop s'imposer il laisse Marcelline à sa solitude et à ses soucis. Mais lorsque le toit de la maison de celle-ci s'écroule, ce sont les deux intrépides petits-fils de Ferdinand, qu'il surnomme affectueusement ses lulus (Lucien et Ludovic), qui lui demandent : "mais pourquoi ne lui proposes-tu donc pas de venir vivre dans ta ferme puisque tu as plein de place?". Refusant au départ sous prétexte qu'ils ne se connaissent pas suffisamment pour faire une telle proposition, il finira par aller la voir, passant outre les barrières de la timidité, de la peur de l'autre et des  "trop bonnes manières occidentales", et lui propose de venir habiter dans une partie de sa ferme. Après quelques hésitations, mais n'ayant pas d'autre solution, elle accepte et débarque avec son chat et son âne! Fameuse jardinière et cuisinière elle donnera un nouveau souffle à la vie de Ferdinand. Et ce n'est que le début puisque ce sont ensuite deux vieilles dames octo et nonagénaires, les soeurs Lumière, qui manquent de se retrouver à la rue. Là aussi Ferdinand hésitera avant de leur proposer de vivre dans une partie de sa ferme. Puis, afin de s'occuper de Hortense, agée de 90 ans et malade, ils iront trouver une jeune étudiante infirmière, Muriel, à qui ils proposeront un deal : elle sera nourrie et logée à condition de qu'elle s'occupe de la vieille dame et de lui apporte les soins. Deal accepté. 
La maisonnée continue de s'étendre lorsqu'un vieil ami de Ferdinand et de Marcelline, Guy, se retrouve veuf et tombe dans le désespoir au point de se laisser complètement aller. Là aussi, la solution de venir cohabiter à la ferme finit par s'imposer... Et ça continue... Chacun apportera sa petite contribution à la vie en collectivité qui s'organise alors, redonnant vie à une ferme tombant à l'abandon et surtout redonnant le gout de vivre à tous les colocataires.

C'est un roman qui parle de la vieillesse, de la solitude, de la mort, des drames de la vie, de comment faire face au désespoir et aussi, surtout, de la solidarité entre jeunes et personnes âgées. Ici les vieux donnent un certain entrain à la jeunesse, un cadre familial, une douceur de vivre fort appréciable, et les plus jeunes apportent aide et soutien pour les travaux manuels, les soins, le jardinage, l'informatique... Ils finiront d'ailleurs par créer un site Internet appelé Solidarvioc.com pour raconter leur expérience de cohabitation intergénérationnelle.
Mais ce livre aborde plein d'autres sujets. En effet, Barbara Constantine alterne les points de vue dans sa narration. Dans un chapitre on percevra l'histoire vue depuis les "Lulus" la difficulté des rapports entre un petit garçon et son papa, la perception du divorce de ses parents, puis on passera au chapitre suivant au point de vue d'un des ailleux, la solitude de Ferdinand, le passé de Marcelline, les angoisses des soeurs Lumière, puis des jeunes avec les problèmes d'argent de Muriel, etc. Chaque fois avec un style correspondant au langage de chaque personnage (enfantin, soutenu, familier...)
Et tout à la fin, on sait enfin qui est Paulette !

J'ai trouvé ce roman plein de fraîcheur et d'optimisme, à la fois très facile à lire mais avec un style fluide, elliptique et très touchant.  Il se lit d'une traite !

Et puis, Paulette... / Barbara Constantine . Calman Levy, 2012.

Quelques citations : 

"Il n’a jamais bien su s’exprimer, encore moins parler de ses émotions. Il aurait l’impression de se mettre à poil au milieu de la grande place, un jour de marché. Très peu pour lui. Il préfère garder tout au fond, bien enfoui, c’est plus simple."

"Il a expliqué qu'en général, on ne partageait sa maison qu'avec des gens de sa famille, rarement avec des étrangers. Pourquoi ? Chez les autres, on ne se sentait jamais complètement bien, on n'avait pas les mêmes goûts ou les mêmes habitudes."

"Hortense est très excitée, elle veut apprendre a surfer sur le oueb ! cliquer sur le dos d une souris ! se mettre de profil sur fesse bouc ! Elle adore ses deux nouveaux amis, surtout le jeune homme, là, elle le trouve rigolo et beau ....ah lala ! Il lui appelle un peu Octave, son mari d un jour , hein , Simone ?"

"C'était tout simplement triste d'avoir perdu autant de temps. Pour lui, Ferdinand , de se rendre compte seulement maintenant que son fiston n'était pas juste un p'tit con. Et pour Roland, que son père n'était pas qu'un vieux naze."

"Il pensait que ce serait intéressant de faire connaitre à d’autres leur expérience, d’expliquer comment ils vivaient tous ensemble, les avantages, les inconvénients [...] et Guy a proposé d'appeler le site solidarvioc.com. Pas très joli, pas très poétique, mais, ça voulait bien dire ce que ça voulait dire"


mardi 10 septembre 2013

Un étonnant film canadien : Vic + Flo ont vu un ours

Belle surprise au cinéma, avec le film canadien Vic+ Flo ont vu un ours de Denis Coté. 


Je reconnais que je ne serai probablement pas allée voir ce film si je n'avais pas gagné des places ! Mais ce fut pour le coup une belle découverte. L'histoire est émouvante, les personnages attachants, la réalisation à la fois minimaliste et soignée, on rit mais on pleure (presque) également. Bref j'ai beaucoup aimé. Je ne m'attendais pas à cela : le résumé, les critiques de presse que j'ai lu sur ce film, ainsi que la bande-annonce ne sont pas du tout représentatives de ce long-métrage.

Bande annonce :


L'histoire, c'est celle de Victoria, jeune sexagénaire, qui débarque dans la forêt avec sa valise : elle vient s'installer dans une ancienne cabane à sucre où vit son vieil oncle paralysé et muet. On devine qu'elle a besoin d'espace et de solitude après avoir passé des années dans une cellule. Plus tard, elle est rejointe par son amie Flo, superbement interprétée par Romane Bohringer. On n'a jamais de grandes explications dans ce film, on passe par exemple d'une scène de profonde tristesse où Vic pleure, seule, à une autre scène de joie et d'amour où Flo est arrivée. Tout au long du film, on lit entre les lignes, on devine le passé des deux femmes, liées par une douleur qu'elles seules peuvent comprendre. 


Mais après la joie des retrouvailles, les nuages noirs pointent à l'horizon. Vic souhaite vivre loin de toute civilisation, dans la forêt, cultiver son jardin. Flo, plus jeune, souhaite se reconstruire, trouver un travail, avoir une vie sociale. L'agent de réinsertion de Victoria, Guillaume, l'encourage à s'ouvrir davantage sur le monde, demande de l'aide à Flo mais se fera sans cesse chambrer (c'est assez drôle d'ailleurs!). Vers la fin du film, ce personnage devient assez attachant.


Mais le dur passé de ces deux ex taulardes viendra refaire surface.  Difficile d'en dire plus.
Ce que je peux dire, c'est que le film passe d'une phase un peu contemplative et mélancolique vers la moitié à un final... surprenant, très noir, limite traumatisant. Une fin qui donne aussi un sens au nom du film ! 

La réalisation de ce film est étonnante car on passe d'un registre à l'autre : des fois drôle, décalé voir absurde, souvent mélancolique et même tragique. D'ailleurs, ces changements de tons se font souvent par  ellipses, beaucoup de choses sont suggérées. Et tout au long du film on est bercé par l'accent canadien,  avec quelques "tabarnak" bien placés, ce qui donne un charme supplémentaire au film !

Vic+ Flo ont vu un ours a été récompensé à la Berlinale de 2013 en recevant le prix Alfred Bauer.




jeudi 5 septembre 2013

Le film osé d'Ozon

Jeune et Jolie

Après en avoir entendu beaucoup parlé, et aussi par curiosité, je suis allée voir le dernier film de François Ozon : Jeune et Jolie. Le sujet m'intriguait : une jeune fille de 17 ans issue d'une bonne famille et sans problème particulier décide de se prostituer. Cela me paraissait tellement improbable et sordide que je voulais voir le film pour essayer de comprendre pourquoi.


Le film débute par une scène où Isabelle, la veille de ses 17 ans, bronze seins nus sur une plage déserte, épié par son petit frère. Durant cet été passé en famille, elle rencontre un jeune allemand qui sera son premier amant. Elle découvre alors sa sensualité et sa sexualité. Elle semble s'ennuyer, est toujours en retrait, ne sourie que rarement, est détachée de tout. Elle veut semble t'il tester ses limites et décide pour cela de se faire payer par des hommes ayant le double, voir le triple de son âge, en passant par un site de rencontres. Elle ment sur son âge, change d'apparence et les rejoins dans des chambres d'hôtels où elle devient Léa, la prostituée. Cela l’indiffère au début, puis, petit à petit, elle semble y prendre un certain plaisir et devient plus sûre d'elle.

Bande annonce du film :


J'ai trouvé le thème osé et quelque peu malsain : voir une ado vendre son corps à de vieux pervers, c'est troublant, les scènes érotiques dérangent. Quand à savoir pourquoi elle fait cela, le film ouvre quelques pistes, mais cela reste flou. Mal dans sa peau, la jeune fille semble vouloir tester ses limites, s'invente un rôle de prostituée, une sorte d'expérience extrême pour se sentir vivre... On cherche à la comprendre tout au long du film, mais elle reste un mystère, pour son entourage dans le film comme pour le spectateur. C'est ce qui fait d'ailleurs le succès de ce film : la part d’insaisissable, d'incompréhension que parvient à maintenir le réalisateur.

La construction du film mérite d'ailleurs qu'on s'y attarde un peu. François Ozon a réalisé le film en quatre parties : l'été, l'automne, le printemps et l'hiver. Chaque chapitre se clôt par une chanson de Françoise Hardy collant parfaitement à l'action du film. La manière de filmer d'Ozon est particulière, quelques fois attachante. Par exemple, lors de ses premiers ébats, Isabelle se dédouble pour se regarder, une manière d'insister sur son détachement lors de cet acte. 

C'est un film sur l'adolescence, la difficulté de grandir, de s'assumer, illustré notamment par une superbe scène où les élèves de la classe d'Isabelle récitent le fameux poème d'Arthur Rimbaud "On n'est pas sérieux quand on a 17 ans" et débattent ensuite sur le sujet.

Les acteurs sont remarquables. Marine Vacth est une jeune actrice prometteuse au joli minois qui interprète majestueusement bien le rôle ambigu d' Isabelle / Léa.


Les seconds rôles sont également attachants, comme le personnage du petit frère ou de la mère, interprétée par Géraldine Pailhas.



Dans l'ensemble, Jeune et Jolie est un film dérangeant et mélancolique mais filmé à la fois avec distance et affection, qui ne porte aucun jugement.

Jeune et Jolie /  Réalisé par François Ozon, avec Marine Vacth, Géraldine Pailhas, Frédéric Pierrot. Sorti le 21 août 2013.