lundi 18 février 2013

Foxygen

Voici une belle découverte rock que ce duo composé de deux jeunes californiens multi instrumentistes, Sam France et Jonathan Radoen, qui vient de sortir son deuxième album (l'occasion du coup de découvrir aussi  le premier!)



Ce nouvel opus intitulé We are the 21st century ambassadors of peace & magic illustre rien que par son titre l'humour et l'état d'esprit des deux auteurs-compositeurs-interprètes qui s'amusent volontiers à entretenir l'image de hippies nostalgiques de l'époque seventies en posant fleurs dans les cheveux... 
Mais loin d'une éventuelle mièvrerie, leur musique rend un bel hommage au rock 'n roll des années 70. Leurs références étant Elvis, les Kinks, les Beatles, les Stones, les Velvet ou encore Bob Dylan, cela se ressent tout au long de l'album où les sonorités et les genres se côtoient très justement et aboutissent à un résultat  fort appréciable, loin de la soupe rock pour ado à la Green Day produite généralement par la côte Ouest....


Voici quelques morceaux étonnants pour découvrir le groupe :

Une voix à la fois douce et rockailleuse dans la très belle chanson No Destruction, qui nous fait à la fois penser aux Strokes et à Lou Red.


Une jolie ballade folk rock avec San Fransisco:


ainsi que dans le superbe morceau Shuggie qui mélange une sorte de blues, de folk et de rock:


Une joie de vivre communicative dans Take the Kids off Broadway  qui est aussi le titre de leur premier album dont ce morceau est extrait:


ou encore un rock puissant à la Elvis et un refrain original et entêtant avec Make it Knownmon morceau préféré, issu de leur premier album Take the Kids off Broadway.


Le deuxième album contient 9 morceaux tous plus originaux les uns que les autres, une vraie bouffée de foxygène! (oui elle était facile) A découvrir et écouter par exemple ici.

Take the Kids Off Broadway / Foxygen, 2012
We are the 21st century ambassadors of peace & magic/ Foxygen, 2013

lundi 11 février 2013

L'Afrique insolite en photos

Une petite exposition vraiment sympa a voir à Strasbourg en ce moment se trouve à la galerie Simultania. Intitulée This Must Be The Place, cette exposition présente le travail du photographe sud-africain Pieter Hugo
L'occasion de découvrir les photos de ce trentenaire engagé qui a sillonné une bonne partie de l'Afrique. Sa première exposition réalisée en 2004 portait sur le génocide rwandais. En 2006, il gagne le premier prix dans la catégorie "Portrait du concours" Word Press Photo qui récompense chaque année les meilleurs photojournalistes. La rétrospective de ses photos intitulée This Must Be The Place fut exposée en 2012 au fotomuseum de La Haye puis à Lausanne avant d'être présentée à Strasbourg. 

Les photos présentées sont vraiment extraordinaires. Elles sont réparties en 5 séries. 

1/ La hyène et le vieil homme, une série de photos prises au Nigéria entre 2005 et 2007 présentant des dresseurs de hyènes. Le photographe a passé une semaine au milieu d'une communauté de dresseurs d'animaux. 

On verra par exemple une photo d'un homme tenant la hyène qui est muselée et enchaînée à son pied mais celle ci pose sa tête sur l'enfant qui se trouve à coté d'elle. Une photo à la fois dure et tendre.
D'autres photos de cette série sont spectaculaires : celles prises avec des singes domestiqués, comme cette photo où deux jeunes hommes et un singe sont sur un scooter, le singe apparaît vraiment comme une troisième personne! Ou alors, cette superbe photo d'un enfant assis sur un banc, les yeux dans le vague, avec à coté de lui un singe vêtu d'un T-shirt et d'un short qui lui pose la main sur la cuisse. L'histoire d'une belle amitié entre l'enfant et l'animal. Une photo très tendre.


Ou encore la photo d'un homme et sa petite fille qui portent un énorme python autour de leurs cous, la tête du python reposant sur la tête de la petite fille! 

2/ La série intitulée "Permanent error" présente des photos prises en 2009 et 2010 au Ghana. Pieter Hugo a photographié des enfants et adolescents fouillant une immense décharge à ciel ouvert spécialisée dans les anciens appareils électriques en provenance de l'occident (ordinateurs, téléphones portables etc.) afin de récupérer des matériaux précieux. Un paysage de désolation d'où émane des fumées toxiques et émanations gazeuses mortelles. 

Les enfants pris en photo ont un regard vide et triste. Une série de photos vraiment fortes qui nous font prendre conscience des conséquences qu'a notre société capitaliste sur les pays en voie de développement... Affligeant.

3/ Quelques photos de la série "les chasseurs de miel" ("wild honey collectors) prises au Ghana en 2005 où on voit des hommes revêtus de branchages au milieu de la forêt.


4 / Une série de photos prises en Afrique du Sud en 2006 intitulée "Messina", nom d'une ville au nord du pays où le photographe démontre l'appauvrissement de la classe ouvrière blanche et les relations entre blancs et noirs. Par exemple, cette très belle photo d'un couple de retraités blancs pauvres qui pose avec un petit garçon noir qu'ils ont recueilli.



5/ Enfin pour finir, la série de photos intitulée "Nollywood" où on apprend que le Nigéria est la deuxième industrie du film au monde après Bollywood et avant Hollywood! Plus de 1000 films à petit budget y sont  en effet tournés chaque année.
Dans ces photos, Pieter Hugo a capté des scènes vraiment insolites, entre fiction et réalité, et on ne peut que sourire face aux étranges scènes qui nous sont présentées!
Cela donne un résultat vraiment étonnant, comme la photo de cet homme déguisé et maquillé en une sorte de Hulk assis sur un banc à coté d'une femme comme s'ils attendaient un bus.

Ou la photo de cet homme qui pleure des larmes de sang et se tient sur la dépouille d'un boeuf mort dont il sort les tripes! (la photo la plus étrange je trouve!)
Ou encore cet homme avec un masque de cochon tenant une hache à la main qui se trouve au milieu d'une route!

Bref, ce photographe a vraiment l'art de montrer une Afrique méconnue, et, mieux qu'un long discours ou qu'un documentaire, ces photos nous interpellent et nous marquent. Je vous invite vivement à découvrir son travail, la visite de l'exposition dure 15 - 20 minutes environ et en plus c'est gratuit!

Plus d'infos sur le site de Rue89Strasbourg grâce auquel j'ai découvert l'exposition.

This Must Be The Place, rétrospective de photographies de Pieter Hugo à la galerie Simultania à Strasbourg. A voir jusqu'au 17 mars. Entrée libre et gratuite du mercredi au dimanche de 14h à 18h30.

dimanche 10 février 2013

dans l'ombre de l'IRA

Shadow Dancer

Vous voulez voir une comédie? Ce film n'est pas pour vous. Vous cherchez un film d'action ou un film politique? Passez votre chemin.Vous voulez voir un film optimiste et glamour? Encore désolée mais ça ne va pas le faire. Mais quel genre de film est donc Shadow Dancer, réalisé par l'anglais James Marsh ?


En regardant la bande-annonce, on s'attend à un film d'espionnage en Irlande du Nord avec en toile de fonds le conflit entre l'IRA et l'Angleterre. Or, le film est un peu différent. Comme souvent, il ne faut pas trop se fier aux bandes annonces.

Bande-annonce:

Le film s'ouvre sur une scène tragique de l'enfance de Collette à Belfast en 1973, un épisode qui la marquera à jamais. Puis on la retrouve 20 ans plus tard, en 1993, le visage pâle et fermé, une beauté simple et froide, déambulant dans le métro londonien avec un sac suspect...
Les plans sont longs, la tension palpable, que ce soit lors de la scène de l'enfance ou dans l'épisode du métro, on sent le danger arriver, on est dans l'attente. D'ailleurs, durant les 20 premières minutes du film il n'y a aucun dialogue, juste des longs plans et des zooms sur le visage de Collette.
Celle-ci est activiste pour l'IRA mais se fera prendre. Mac, l'agent du MI5 qui la coincera lui propose alors un deal : soit passer sa vie en prison loin de son fils et de sa famille, soit retourner chez les siens et lui servir d'indic.


On est plongé dans une Irlande grise, morne et triste, les motivations des membres de l'IRA décrits dans le film ne semblent plus avoir grand chose à voir avec la politique mais tiennent davantage de la vengeance personnelle. Le conflit s'étend sur plusieurs générations et les comptes à rendre entre les deux camps ne cessent jamais. D'ailleurs, aucune allusion aux revendications de l'IRA ne sont vraiment mentionnées dans le film. L'histoire est centrée sur les relations entre les personnages et leur désir de revanche.


C'est l'histoire de femmes prêtes à tout pour protéger leur famille, d'une mère et d'une fille soudées par la tristesse et la désolation. C'est l'histoire d'une famille de Belfast lancée dans une lutte dont elle n'est plus sûre de connaitre les véritables motivations.


C'est l'histoire d'un agent des services de renseignements qui veut protéger son indic alors qu'il s'est fait lâcher par sa hiérarchie.


On est immergé dans les années 90, on ne peut que sourire devant les premiers ordinateurs et la technologie avant-gardiste de l'époque. On sourit aussi lorsque l'agent Mac donne le boitier d'urgence à Colette, aujourd'hui ce serait une micro puce à peine repérable, ici c'est un boitier de la taille d'un CD qu'elle doit cacher dans un endroit discret.

Pourquoi donc aller voir ce film?
D'emblée on est fasciné par le visage si pâle de Collette qui semble refléter toute la misère du monde, elle qui a été si jeune engouffrée dans un conflit qui la dépasse, elle a perdu trop tôt ses illusions et semble rongée par la culpabilité.


Shadow Dancer est un film esthétique prenant, bien que le rythme soit assez lent, une sorte de thriller psychologique où les personnages ont chacun une part de mystère que le réalisateur parvint à préserver. Collette apparaît à la fois comme une victime et une femme coupable, une femme manipulée et une bonne manipulatrice. Il n'y a ni bons ni méchants, que ce soit du coté des militants de l'IRA ou du coté de la police et des services de renseignements qui ne voient en leurs indics qu'un moyen d'arriver à leurs fins.
Un film au style très sobre, sans dialogues inutiles ou scènes superflues. Il y a d'ailleurs de nombreuses ellipses dans le film qui nous laissent imaginer ce qui a pu se passer entre deux scènes. Et la fin est plus surprenante qu'on ne pourrait l'imaginer!

Un film qui permet aussi de faire un lien avec l'actualité en Irlande du Nord et la reprise des hostilités de ces dernières semaines suite au retrait du drapeau britannique de la mairie de Belfast en janvier. Des explications ici.

Shadow Dancer / de James Marsh, avec Clive Owen, Andrea Riseborough. Sortie le 6 février.

dimanche 3 février 2013

Dans les coulisses du pouvoir

La vie politique d'un pays fut source d'inspiration pour plusieurs séries : on connaissait la série américaine A la maison blanche ou encore la série française Les hommes de l'ombre diffusée quelques temps avant les présidentielles qui abordait le rôle des spin doctors dans la vie politique française. Mais aucune série n'avait encore abordé autant d'aspects de la prise de pouvoir, la vie privée comme la vie politique et médiatique.


Borgen, une femme au pouvoir se différencie des autres séries par son origine, c'est en effet une série danoise, les acteurs nous sont donc inconnus et le décors nous permet de découvrir la ville de Copenhague. La série nous éclaire sur la vie politique du Danemark, le fonctionnement du Parlement, et nous plonge dans les méandres du fonctionnement d'une démocratie moderne. Mais on peut très bien imaginer que les coulisses soient les mêmes dans les autres gouvernements européens.


L'héroïne est une femme, Brigite Nyborg, la quarantaine, à la fois femme engagée et maman moderne, devenue Premier Ministre elle doit maintenant faire ses preuves, parvenir à concilier sa vie de famille harmonieuse (elle vit dans une maison en banlieue avec un mari aimant et des enfants adorables) et sa vie politique tourmentée. Son engagement politique lui demande beaucoup d'énergie et de sacrifices.C'est une femme normale qui incarne le renouveau en politique : elle vient avec des idées neuves, change les habitudes de ces prédécesseurs, vient au "château" en vélo... Si elle est toujours à l'écoute de ses proches et du peuple, elle n'en reste pas moins fidèle à ses principes. Une femme décidée, voire têtue, qui devra apprendre à être intransigeante et à bluffer face à ses adversaires.

Parmi les thèmes abordés au cours de la première saison : les détournements de fonds, les scandales politiques, l'avidité des médias, véritable quatrième pouvoir, les relations avec le Groenland, état autonome souvent mal considéré et délaissé qui appartient au royaume du Danemark, les relations diplomatiques avec les USA... Certains sujets nous font penser à l'actualité dans la politique française ces dernières années : la parité hommes-femmes en politique et dans les grandes entreprises, le port du voile, etc.

Il y a foule de personnages importants dans cette série. Notamment Catherine, une jeune journaliste présentatrice du JT qui doit vivre avec ses secrets et ses regrets, elle se bat pour révéler ce qui se passe dans les coulisses du pouvoir.

Son ex' est  le spin doctor de la première ministre, il a un rôle essentiel en tant que communicant, conseiller et analyste politique.

Brigitte côtoie aussi les représentants politiques des différents bords politiques (le nationaliste raciste, le libéral décomplexé, les écologistes mal considérés...), des chefs d'entreprises et autres personnages médiatiques, des politiciens qui sont prêts à tous les coups bas pour évincer leurs adversaires. Les copinages et les compromis sont courants même entre membres des bords politiques opposés. Et en coulisse, des secrets doivent être gardés à tout prix...

Deux des principaux protagonistes de cette série sont des femmes qui tentent de se faire respecter dans des environnements très masculins et machistes : la politique et le journalisme politique. D'ailleurs, elles sont régulièrement l'objet de railleries de leurs homologues masculins et doivent sans cesse montrer de quoi elles sont capables.

Une série novatrice, un exemple à suivre pour nos gouvernants? En tout cas, les actrices et acteurs jouent superbement bien. L'ensemble pourrait être ennuyeux, mais dès le premier épisode on est pris par le rythme dynamique de Borgen, une sorte de suspens en continu, chaque épisode est constitué d'une nouvelle intrigue ce qui tient le spectateur en haleine et la musique contribue à son succès. Par ailleurs, les références historiques sont nombreuses, et chaque épisode commence par une situation d'un grand dirigeant.

Une série intelligente et passionnante à voir sans hésiter! La saison 2 de la série est actuellement diffusée sur ARTE.