vendredi 31 août 2012

humour et bons sentiments

Starbuck

Les films québecois ont quelque chose qu'on ne retrouve dans aucun film français. Des acteurs plus décontractés, des sujets originaux, une autre manière de voir les choses et un humour particulier, le tout avec un accent original !
C'est pour ces raisons que j'aime les films québecois, notamment les films de Jean-Michel Vallée, avec le génialissime C.R.A.Z.Y. ou encore les films de Xavier Dolan plein de poésie (Les Amours imaginaires, 2010).

Avec Starbuck, on est loin du grand film mais Ken Scott propose une comédie sympathique, à partir d'un sujet original : le don de sperme et plus généralement le rôle du père et la prise de responsabilités.


David Wosniack a la quarantaine, porte des T-shirt de super héros, cultive des plantations de beu dans son appartement et a de lourdes dettes. Il travaille dans la boucherie familiale en tant que livreur, n'a aucune ambition et a une copine qu'il voit épisodiquement et qui lui apprend soudainement qu'elle est enceinte!
Un jour, un individu entre chez lui et lui apprend que, suite à ses nombreux dons de sperme effectués 20 ans plus tôt, il est le géniteur de 533 enfants et que 142 d'entre eux souhaitent connaitre leur père! D'abord effrayé, David ira ensuite chaque jour à la rencontre d'un autre de ses rejetons, se faisant leur "ange gardien", leur "super héros", lui qui admire tant les héros masqués! Rapidement il se rendra compte qu'il ne peut pas tous les rencontrer et les aider.

Bande annonce:

Surnommé Starbuck par ses enfants puis par les médias (pseudo qu'il a donné lors de ses dons), toute sa projéniture se rassemble en une association nommée "les enfants de Starbuck" afin d'engager une action en justice pour casser l'anonymat de leur géniteur.... L'affaire prend vite une tournure très médiatique et divise la population, certains s'interrogeant sur la question d'éthique de ces si nombreux dons de sperme considérant "Starbuck" comme un pervers, d'autres considérant cela comme un moyen de donner la vie...

Il y a beaucoup d'humour dans ce film, on rit franchement à certains moments, Patrick Huard, comédien très connu apparement au Québec, est hilarant, l'accent et les expressions québecoises contribuent à la bonne humeur du film. Le meilleur ami de David est également excellent dans le rôle de l'avocat dilletante et du papa poule, plein de tendresse et d'humanité.

Si le film commence très fort, on peut quand même regretter le coté guimauve qui prend le dessus vers le milieu du film avec un surplus de bons sentiments et un certain nombre de clichés tellement évidents (Chaque enfant rencontré correspond à un autre stéréotype.), cela gâche un peu cette comédie qui avait pourtant si bien débutée!

Dans l'ensemble, Starbuck est un film sympathique, on passe un bon moment sans être mémorable.

jeudi 30 août 2012

folk, frange et guitare



Découverte il y a quelques années en concert, puis un peu oubliée, puis redécouverte récemment, Emily Jane White est une jeune auteure-compositeur américaine de 30 ans qui mérite d'être connue.
Ses ballades entre folk et blues sont inspirées de Cat Power, PJ Harvey et elle se positionne dans la lignée d'Alela Diane et de Shannon Whright.
Son premier album Dark UnderCoat est sorti en 2008 et sa voix grave et feutrée supplante de magnifiques morceaux au piano et à la guitare.
Voici une série de morceaux pour se faire une idée : 

 Bessie Smith
Time on your Side

Demon, une musique plus sombre au piano



L'album Victorian America sort en 2009 et est suivi d'un autre album en 2010 Ode to Sentience

Victorian America (en live)


Black Silk



Mais ma  préférence reste à son premier album!

A écouter après une journée stressante, pour se détendre, se reposer, ou pour méditer. C'est efficace.

mardi 28 août 2012

Du vent dans mes mollets


Peu de films m'ont marqué ces dernières semaines. Je peux quand même parler un peu du film Du vent dans mes mollets de Carine Tardieu, le seul sur lequel j'aurai éventuellement quelques choses à dire. Il s'agit là d'un bon petit film français, une comédie dramatique pleine de tendresse (un peu trop par moment) et d'humour (on sourit beaucoup, on rit un peu).


Il s'agit d'une chronique familiale qui se déroule au début des années 80. L'histoire est racontée par Rachel, fillette de 9 ans, qui porte un regard tendre et naif sur le monde et son entourage, entre un papa bricoleur, installateur de cuisine interprété par Denis Podalydes, une mère juive tunisienne, ophtalmo débordée, débordant de tendresse et de bonne conscience interprétée par Agnès Jaoui et une grand mère fantasque devenue peu locace à la suite d'un AVC.
Sa maman envoie Rachel voir une psychologue pour essayer d'apaiser ses petites angoisses. Elle finira d'ailleurs par lui confier un très gros chagrin...


Rachel s'amuse de la mort (elle souhaite la mort de ses parents pour pouvoir faire ce qu'elle veut dans le grand appartement), se moque de la maladie, de la sexualité qu'elle découvre chez les adultes. 
Elle est fascinée par la plus belle fille de sa classe, qui "en plus" à perdu sa mère, ce qui la rend encore plus populaire à ses yeux. Or, c'est avec la chipie Valérie qu'elle va se lier d'amitié, s'émanciper tout en faisant de plus en plus des bétises. La maman de Valérie, interprétée par Isabelle Carré, tentera de se rapprocher des parents de Rachel, le papa ne sera pas insensible au charme de cette jolie blonde célibataire libre et impétueuse (assez énervante je trouve, un peu niaise) qui l'éloigne de la routine familiale.
Rachel et Valérie deviendront vite inséparables jusqu'à ce qu'un évènement douloureux marque la fin de l'innocence pour Rachel.

C'est un film sur l'enfance, le jeu, l'amitié, la fin des premières illusions sur la vie, la découverte du monde adulte. Mais également sur le vécu des parents (des références aux camps de concentration auxquels a survécu le papa), le ressenti chez les enfants, les rivalités et jalousies féminines, le sentiment d'abandon, les relations mère-fille...

Les acteurs adultes sont assez énervants, on a envie de les secouer, mais les deux jeunes actrices débordent d'énergie et contribuent à faire gagner le film en émotion.

De plus, on peut facilement se reconnaitre en cette petite Rachel un peu réservée, qui rêve d'être populaire à l'école et de se faire remarquer par la reine de sa classe, qui a du mal à se faire comprendre de ses parents et des adultes en général. Le tout est filmé avec beaucoup de tendresse et d'humour et est accompagné d'une jolie bande son. (Babouchka de Kate Bush, Mon enfance de Barbara, magnifique chanson qui clôture le film).
Un film plaisant mais pas à voir absolument.


mercredi 22 août 2012

Rock & roll !

Du rock authentique, un rythme époustouflant, une voix extraordinaire aux intonations dignes d' Ella Fitzerald ou de Janis Joplin, voici Sallie, une jeune américaine survoltée de 25 ans qui, avec ses trois musiciens (aux percussions, à la guitare et à la contrebasse), a sorti son premier album fin 2011.
Sous leur look rétro style années 50 et leur air désabusé, Sallie Ford & the Sound outside cache une véritable fougue et une joie de vivre qui se ressent tout au long de l'écoute de l'album.


Dirty Radio, c'est un ensemble de perles rock & roll aux influences swing qui déménagent.
Un groupe à contre-courant, qui manie avec justesse les rythmes du rock, sans en faire trop, ça fait plaisir à entendre! 

Cela doit être un régal en concert, mais pour cela, il faudra attendre le 10 décembre à la Laiterie (Strasbourg) !

Quelques extraits, pour se faire une idée :

Danger, une pépite pleine de joie de vivre




Cage


Thirteen year old, une chanson plus mélancolique

This Crew

Mais le mieux c'est d'écouter l'album en entier! Pour tous ceux qui aiment le rock & roll. Le vrai.

Dirty Radio / Sallie Ford and the sound outside. Fargo. octobre 2011

PS: merci à la copine qui m'a fait récemment découvrir ce groupe :-)

mardi 14 août 2012

un peu d'optimisme dans la littérature

Voici mon livre de l'été, lu d'une traite, un roman que je n'arrivais plus à lacher, et cela faisait longtemps que ça ne m'était plus arrivé!


L'histoire se passe dans le Paris des années 50-60, Michel le narrateur grandit entre des parents débordés, un grand frère détaché et égocentrique, des amis idéalistes et révolutionnaires. Il est un lecteur compulsif, se passionne pour le Rock'n roll, est le roi de baby foot, se découvre une vocation de photographe amateur. Il fera la rencontre d'un groupe d'expatriés russes qui ont fuit le régime communiste et passé le rideau de fer pour des raisons de survie.

On suit Michel au fil de ses rencontres, on apprend beaucoup de choses sur la guerre d'Algérie qui frappera indirectement le jeune narrateur et sur le contexte intellectuel et politique de l'époque qui fut divisé par cette guerre. Les amis de Michel connaissent Sartre et Kessel qu'ils vénèrent ou détestent. Ils parlent littérature, poésie, musique, photo.
L'actualité internationale de l'époque est également très présente, l'histoire se déroule sur fond de Guerre Froide et l'auteur aborde l'idéologie communiste avec ses fervents défenseurs et ses idéalistes déçus obligés à fuir...

Le roman commence par un enterrement alors que le narrateur est adulte. On revient ensuite au temps de l'enfance et de l'adolescence et l'auteur dresse un portrait de la famille de Michel Marini, ses premières sorties et rencontres. On suit ensuite la vie de différents personnages russes qui ont tout quitté brutalement pour venir en France et et réapprendre à vivre en partant de rien. Pour survivre et se retrouver entre eux, ces expatriés se retrouvent dans un club d'échec au fond du Balto, un café parisien, le club des incorrigibles optimistes, un endroit où ils retrouvent un peu de joie de vivre entre compatriotes et passionnés d'échecs, lieu qui est aussi le QG du jeune narrateur. Vers le milieu du roman, les chapitres alternent entre le récit de l'adolescence de Michel Marini et le passé de ces expatriés russes, Igor, Leonid, Pavel et les autres, qui ont fuit leur pays. On apprend beaucoup de choses sur le régime stalinien. Plus on avance dans le roman, plus l'intrigue se met en place, on se demande comme le narrateur quel secret lie Igor, Leonid et Sacha et on ne peut plus lâcher le livre ! 

Michel sera sans cesse déçu par son entourage, sa famille, ses amis proches, son premier amour, ses amis russes, bref il verra ses illusions de l'enfance partir en fumée, sera confronté à la dure réalité...mais il se racrochera au club des incorrigibles optimistes.

Le ton est très juste, Jean-Michel Guenassia ne tombe jamais dans le mélo ou le sentimentalisme, les références historiques sont abordées avec brio. Un roman prenant et intéressant, un véritable régal.

Un roman plein de vie à dévorer d'une traite!

Quelques citations : 

"Le problème ce n'est pas les patrons, c'est le fric qui nous rend esclaves"

"Il y a des livres qu'il devrait être interdit de lire trop tôt. On passe à côté ou à travers. Et des films aussi. On devrait mettre dessus une étiquette : Ne pas voir ou ne pas lire avant d'avoir vécu."

"Tu nous emmerdes avec tes problèmes. Tu es vivant, profites-en pour vivre"

"Le cinéma ça fait oublier. C’est le meilleur remède contre la déprime. De préférence un film qui finit bien, qui rend meilleur, qui donne de l’espoir, avec un héros genou à terre, abandonné par ses amis, humain, avec de l’humour, au sourire enjôleur dont le meilleur pote meurt dans es bars, qui encaisse les coups avec une résistance incroyable, triomphe des méchants et de leurs complots, rend justice à la veuve et aux opprimés, retrouve sa bien-aimée, une superbe blonde aux yeux bleus, et sauve la ville ou le pays au son d’une musique entraînante."

Le club des incorrigibles optimistes / Jean-Michel Guenassia . - Le livre de Poche, 2009
Prix Goncourt des lycéens 2009

mercredi 1 août 2012

Un petit vent de Sardaigne dans vos romans


L'auteure, Milena Agus, est sarde et cela se ressent dans ses romans : on lisant ses pages on imagine facilement les paysages montagneux de bord de mer, le climat sec et venteux, à l'image de ses habitants : durs, emprunts d'une certaine nostalgie, souvent isolés.


Dans Mal de Pierres, superbe roman lu il y a quelques années déjà, la narratrice raconte l'histoire de sa grand-mère après la Seconde Guerre Mondiale, qui, n'étant toujours pas mariée a l'âge de 30 ans alors qu'elle recherchait désespérément l'amour, était considérée comme fantasque, idéaliste et pêcheresse par ses proches. Elle se voit alors contrainte d'épouser un homme qu'elle n'aime pas. Différente, mélancolique, en quête d' identité, elle ne se verra pas pour autant apaisée.

Afin de soigner son "mal de pierres", des calculs rénaux, elle devra aller se faire soigner sur le continent. C'est dans un centre de cure qu'elle fera la rencontre d'un estropié revenu de la guerre qui soignera son "mal de coeur" et avec qui elle découvrira enfin la passion et la maternité...

L'écriture de Milena Agus est magnifique, douce, poétique, les sujets sont durs voire taboux mais le ton est juste, émouvant. Les chapitres sont courts et on se laisse rapidement entraîner dans ce roman qui se lit d'une traite et est plein de surprises, jusqu'à la dernière page.

Quelques citations extraites du roman :

"Et si nous embrassions nos sourires ?"

"Comme pendant toute sa vie on lui avait dit qu'elle semblait débarquer de la lune, elle eut l'impression d'avoir finalement rencontré quelqu'un du même pays. " 

Autre roman de Miléna Agus lu il y a moins longtemps, Quand le requin dort raconte là aussi l'histoire d'une jeune sarde perdue à la recherche de l'amour.


Ici, le personnage principal est une adolescente qui a du mal à trouver sa place dans une famille atypique. Un père altruiste et voyageur qui n'est jamais là, une mère peintre mélancolique et hermétique au monde extérieur, une tante généreuse et rigolote qui cumule les aventures amoureuses, un frère sourd à tout sauf au piano... Malgré l'amour qui lie les membres de cette famille, ils ne se comprennent pas, se perdent petit à petit... La narratrice tente de trouver refuge dans une relation malsaine avec un homme plus âgé, testant toujours de nouvelles limites. Une relation secrète et taboue qui la mènera au bord du gouffre, une manière de se sentir toujours vivante, un fort besoin d'être aimé... jusqu'à s'y perdre.

Comme dans Mal de Pierres, l'auteur aborde des sujets graves, audacieux et tabous mais sans lourdeur ni moralisme, avec une prose magnifique. Là aussi les personnages sont tous à la recherche d'un idéal, épris d'une certaine liberté mais se retrouvent heurtés à des barrières.

Citation :

"Chez nous, chacun court après quelque chose : maman la beauté, papa l'Amérique du sud, mon frêre la perfection, ma tante un fiancé. Et moi, j'écris des histoires parce que quand le monde ne me plait pas, je me transporte dans le mien et je suis bien."

Je suis impatiente de lire les autres romans de Milena Agus, Battements d'ailes, Mon voisin et le dernier La comtesse de Ricotta !