samedi 22 février 2014

Quand un cow -boy antipathique finit par devenir le porte parole des malades du Sida : superbe Dallas Buyers Club

Le dernier film de Jean-Marc Vallée (Le réalisateur de CRAZY, un de mes films préférés!) se situe entre le film d'auteur, le documentaire et  le bioptic. Dans Dallas Buyers Club il s’intéresse à l'épidémie du Sida qui fit des ravages au début des années 1980 et aux traitements expérimentés. Pour cela, il se base sur l'histoire vraie de Ron Woodroof qui s'est engagé contre les règles établies pour rendre accessibles des traitements contre les symptômes de la maladie.


Le film se passe à Dallas, au Texas en 1985. Ron est un vrai cow-boy texan : vulgaire, misogyne, homophobe. Sa vie c'est sexe, drogue et rodéo. Il aime parier, boire, se shooter et faire venir des strip-teaseuse dans son bungalow. Bref, une vraie vie de débauche. A la suite d'un accident et d'un passage à l'hôpital, il apprend qu'il est atteint du Sida. Le médecin lui annonce qu'il lui reste 30 jours à vivre. Ron passe d'abord par une phase de déni, de colère, refusant d'avoir cette "maladie d'homosexuels" qu'il juge indigne de lui. Puis, face au rejet de ses camarades, désigné comme le "mouton noir" dans son entourage, il tombe dans le désespoir. Avant de décider de se battre.

Bande-annonce :


Il se tourne dans un premier temps vers l'hôpital afin d'apaiser les effets indésirables de sa maladie, mais les médecins sont un peu démunis et l'orientent vers un centre d'écoute. Il apprend qu'un médicament est testé sur certains patients, c'est le seul traitement approuvé contre le SIDA aux Etats-Unis, malgré les multiples effets secondaires. Du coup, il trouve un moyen de se procurer ce traitement. C'est aussi le médicament le plus cher ayant jamais existé ! Forcément, les mourants étant prêts à tout pour se soigner, c'est une manne financière pour les laboratoires pharmaceutiques, peu soucieux des effets indésirables de leur produit sur des personnes déjà condamnées.


Lorsqu'il ne parvient plus à se procurer ces cachets, Ron cherche des solutions alternatives pour atténuer ses symptômes et se rend au Mexique où il va découvrir des traitements alternatifs mais non autorisés aux Etats-Unis. Il décide de faire passer ces produits en Amérique et de les vendre aux personnes séropositives. Il créé ainsi sa société, le Dallas Buyers Club. Si son but initial est surtout l'appât du gain, il se sent de plus en plus concerné et s'engage alors dans la recherche du meilleur traitement pour les personnes malades du SIDA, jusqu'à devenir leur porte parole. 


Au fur et à mesure de l'avancée de la maladie, Ron va changer. Lui, l'homophobe, va se rapprocher d'un travesti atteint de la même maladie de lui. Il s'agit de Rayon, interprété par Jared Letto pour qui la transformation est vraiment très impressionnante : considérablement amaigri (il a perdu 25 kg pour le film!), pâle, travesti, on ne le reconnait pas du tout !


Lui, le misogyne, va aussi se lier à une jeune médecin qui épousera sa cause. (Jennifer Garner, un peu énervante en sainte-nitouche par moment). Lui, le fêtard désinvolte va s'engager dans une bataille judiciaire en faveur des malades du Sida.


C'est un film remarquable par plusieurs aspects. Tout d'abord par son sujet, le réalisateur parvint à montrer avec justesse le dénuement des malades et des médecins face à cette nouvelle maladie. Il filme les personnes atteintes sans mélo et n'hésite pas à montrer des corps frêles et amaigris. Il témoigne de la souffrance des malades, de la transformation des corps et des esprits, de l'impuissance des proches, du sentiment d'abandon et de solitude des victimes. Ensuite, il faut souligner le jeu des acteurs qui ont du suivre un régime drastique pour se métamorphoser ainsi pour ces rôles ! 
De plus, par moment la réalisation a quelque chose de poétique, comme lorsque Ron semble voir pendant un malaise un clown dans un tonneau au milieu de l'arène, ou lorsqu'il entre dans une serre aux papillons.


J'ai bien aimé aussi l'aspect documentaire et informatif du film, c'est un beau témoignage et un hommage à Ron Woodroof et à tous les malades du Sida.

Dans l'ensemble, il se dégage de ce film beaucoup d'émotion, notamment par le personnage de Rayon (Jared Letto) sorte de poupée frêle au bord de la chute. De plus, malgré un sujet grave et triste, ce film envoie une grande bouffée d'optimisme à travers le personnage de Ron qui a décidé de tout tenter pour sauver sa vie, quitte à défier les institutions américaines. L'histoire d'un looser qui devient trafiquant puis porte parole pour la cause des malades du Sida.

Le film a déjà reçu deux Golden globes : Matthew McConaughey  comme meilleur acteur dans un drame et Jared Leto comme meilleur second rôle. Ces deux acteurs sont également nominés pour les Oscars 2014 et le film est nominé en tant que meilleur film et meilleur scénario original.

dimanche 16 février 2014

Quand le "rêve américain" tourne au cauchemar... Très beau roman de Julie Otsuka

Très belle découverte littéraire avec Certaines n'avaient jamais vu la mer de Julie Otsuka, sorti lors de la rentrée littéraire de 2012 (oui j'ai un an de retard) et récompensé par le prix Fémina étranger 2012. Petite fille d'immigrés japonais, l'auteure américaine dévoile dans ce roman un pan souvent ignoré de l'histoire : début du vingtième siècle, l'arrivée de jeunes japonaises promises à certains de leurs compatriotes ayant réussi aux Etats-Unis. Le rêve d'une vie idéale qui tourne au cauchemar.


"Certaines descendaient des montagnes et n'avaient jamais vu la mer, sauf en image, certaines étaient filles de pêcheurs et elles avaient toujours vécu sur le rivage. Parfois l'océan nous avait pris un frère, un père, ou un fiancé, parfois une personne que nous aimions s'était jetée à l'eau par un triste matin pour nager vers le large, et il était temps pour nous, à présent de partir à notre tour."

Ainsi commence le roman : des dizaines de femmes embarquent sur un bateau pour traverser l'océan Pacifique. Certaines ne sont encore que des enfants. Toutes ont choisit un mari par correspondance dans l'espoir d'avoir une vie meilleure aux Etats-Unis. A travers plusieurs voix (l'auteure utilise la première personne du pluriel tout au long du roman) sont racontés l'exode en bateau de ces jeunes japonaises, leurs rêves, leurs regrets, leur arrivée aux Etats-Unis et le choc des cultures. Puis leurs rapides désillusions, suivies d'une dure vie de labeur aux champs ou comme domestiques, si ce n'est comme prostituées,  l'arrivée de leurs enfants,  enfin de leur vie entière dévouée aux américains.

L'auteure met l'accent sur les préjugés, le racisme ordinaire auquel ces japonaises doivent faire face, les inégalités, l'exclusion, le rejet des américains qui les poussent à se regrouper dans des quartiers japonais de villes de l'ouest des Etats-Unis. Le portrait d'un peuple bon à être exploité mais jamais assimilé à ses pairs.
Lorsque la Seconde Guerre Mondiale éclate et que le Japon entre en guerre, la méfiance anti-nippon s'intensifie et entraînera brimades, persécutions jusqu'aux déportations.

Une vie coupée de leurs racines, de leurs coutumes, de leurs proches, de leurs rêves. Une vie d'esclave pour une société capitaliste qui considère les japonai(e)s comme "les ouvrier(e)s les plus dociles qu'il soit" puisqu'ils / elles ne se rebellent jamais.
Ou comment un rêve de jeune fille se transforme en cauchemar pour toute une vie. Un rêve américain bien noir.

C'est effectivement un triste exemple d'immigration : l'appel d'une main d'oeuvre bon marché puis le bannissement de cette même population vingt ans après sa venue. Quelque chose dans la description des déportations que fait l'auteure dans le dernier chapitre du livre, avec les multiples énumérations de départs précipités, de tous ces destins croisés,  rappelle tristement la déportation des juifs en Europe.

L'écriture est multiple et chorale avec l'utilisation de ce "nous". Cela lui confère davantage de force, de poids, pour raconter la dure vie de ces femmes exploitées et humiliées tout au long de leur triste existence. Otsuka relate des épisodes très durs avec une écriture souvent poétique, emprise de forte modestie. Les mots sont toujours bien choisis, les phrases courtes mais percutantes, constituées de nombreuses énumérations, avec des exemples de destins croisés, un "nous" qui englobe toute une communauté.  
Tout cela créé un bon rythme de lecture qui fait qu'une fois commencé ce livre, vous avez beaucoup de mal à vous arrêter !

Vraiment une belle découverte : un récit poignant et bien documenté. Un plaisir à lire et un livre bouleversant et très intéressant.

Quelques citations pour se faire une idée de son écriture  : 

"Ils admiraient nos dos robustes et nos mains agiles. Notre endurance. Notre discipline. Nos dispositions dociles. Notre capacité peu commune à supporter la chaleur, qui l'été dans les champs de melons de Brawley pouvait frôler les cinquante degrés. Ils disaient que notre petite taille était idéale pour les travaux nécessitant de se courber jusqu'à terre.[...] Nous étions la meilleure race de travailleurs qu'ils aient jamais employée au cours de leur vie." (p. 39)

"L'une des nôtres les rendait responsable de tout et souhaitait qu'ils meurent. L'une des nôtres les rendait responsables de tout et souhaitait mourir. D'autres apprenaient à vivre sans penser à eux. Nous nous jetons à corps perdu dans le travail, obsédées par l'idée d'arracher une mauvaise herbe de plus. [...] Nous étions glacées à l'intérieur, et notre coeur n'a toujours pas dégelé [...]" (p. 47)

"La plupart d'entre elles faisaient à peine attention à nous. Nous étions là quand elles avaient besoin de nous et quand elles n'avaient plus besoin, pouf, nous disparaissions. Nous restions en retrait, nettoyons sans bruit leurs sols, cirions leurs meubles, donnions le bain à leur progéniture, récurions des parties de la maison que personne d'autre ne voyait. Nous ne parlions guère. Mangions peu. Nous étions douces. Nous étions bonnes. Nous ne causions jamais de problèmes et les laissions faire de nous ce qu'elles voulaient." (p.54-55)

"Mais en attendant nous resterions en Amérique un peu plus longtemps à travailler pour eux, car sans nous, que feraient-t'ils? Qui ramasserait les fraises dans leurs champs? Qui laverait leurs carottes? Qui récurerait leurs toilettes? Qui raccommoderait leurs vêtements? Qui repasserait leurs chemises? Qui redonnerait du moelleux à leurs oreillers? Qui changerait leurs draps? Qui leur préparerait leur petit déjeuner? Qui débarrasserait leur table? Qui consolerait leurs enfants? Qui baignerait leurs anciens? Qui écouterait leurs histoires? Qui préserverait leurs  secrets? Qui chanterait pour eux? Qui tendrait l'autre joue, et puis, un jour -parce que nous en serions capables - , leur pardonnerait? Un imbécile, forcément. Alors nous repliions nos kimonos pour les ranger dans nos malles, et ne plus les ressortir pendant de longues années."  (p 64)

Certaines n'avaient jamais vu la mer /  Julie Otsuka . - Ed. Phébus, 2012.

lundi 3 février 2014

Depeche Mode en Live !

Concert de Depeche Mode, le 2 février 2014 au Zénith de Strasbourg,

Cela fait presque un an que j'avais ma place bien rangée au fond d'un tiroir. Mais le temps passe vite, et le jour pour voir Dave Gahan, Martin L Gore et Andrew Fletcher en live, c'était hier!
Un concert qui s'est avéré complet en deux jours, puisque sur cette tournée DM n'a fait que 3 dates en France pour ce Delta Machine Tour 2014: 2 à Paris et une à Strasbourg avant de poursuivre vers l'Allemagne et les pays de l'Est.

Mon hésitation face au prix de la place (plus de 60 € quand même) fut récompensée par un show incroyable d'1 heure 45, le plaisir de voir un trio mythique qui n'a pas pris une ride et pour qui  l'expérience de près de 30 ans de scène est gage de qualité et de maturité. (Le groupe a quand même été formé en 1979.  Je n'étais même pas encore née !)


En première partie, j'ai découvert The Soft Moon (et non Feather comme c'était le cas à Paris et qui est annoncé sur le site du zénith de Strasbourg) , groupe américain que je ne connaissais pas. On retrouve des influences new wave comme chez DM, mais en plus brouillon, les voix sont plus crillardes.

20h, les lumières s'éteignent, une musique électro se met à résonner, le public s'échauffe et tape dans les mains. Les écrans géants s'allument, il est 20h15 lorsque les trois membres du groupe entrent sur scène, Dave Gahan en tournant sur lui même comme une toupie. D'emblée, il magnétise la salle, je suis surprise de voir qu'il a l'allure d'un jeune homme, mince, musclé et tatoué, les yeux maquillés, dans un débardeur en cuir pailleté, il a toujours la même classe que dans les années 80! Et surtout une énergie incroyable, communicative.


Le concert s'ouvre par le tube issu de leur dernier album : Welcome to my world. S'en suivent plusieurs titres de Delta Machine, (Retrouvez ma critique de cet album ici ) dont un de mes morceaux préférés : Should be highter. Mais ils interprètent aussi d'autres titres, beaucoup plus vieux : Walking in my shoes (1993), Black Celebration (1986), d'autres un peu plus récents comme le morceau Precious (2005) accompagné pour support visuel de plein d'images de chiens de toutes races !  (ci dessous un extrait du live de Tel Aviv pour ce même morceau)


Avec Policy of Truth, DM met la foule en liesse, les vieux tubes ça fait toujours son effet! De plus, Dave Gahan s'amuse à faire chanter le public, à faire durer la chanson.


Alors que le concert monte en puissance, que le public est chaud, au bout de 45 min environ de cette première partie du concert, le trio anglais quitte la scène quelques instants. Martin L Gore revient alors seul pour une superbe interprétation de deux morceaux calmes, en acoustique, Slow et But not tonight que je ne connaissais pas. Il dévoile ainsi sa très belle voix suave sur les notes de piano de Peter Gordeno, le tout est très délicat.

Après cet interlude, Dave Gahan revient, avec toujours la même énergie. Lorsque les premières notes des A Pain that I'm used to se font entendre, le public des gradins se lève, la foule s'électrise, on en a des frissons ! S'en suivent plusieurs tubes : A Question of Time, Enjoy the Silence (ils font durer le plaisir de ce tube en faisant reprendre le refrain en choeur par le public pendant plusieurs minutes). Puis, sur Personal Jesus, la foule saute et tape dans les mains, là aussi le refrain est repris en chœur. Et les tubes continuent avec Just can get enough...

L'ensemble du concert mêle donc des morceaux rock pure new wave et d'autres plus électro, plus récents. Les trois décennies Depeche Mode sont représentées. Le tout toujours supplanté de la voix grave, sombre et fascinante du chanteur - crooner qu'est Dave Gahan. Malgré ce coté sombre, limite gothique par moment, les morceaux sont souvent entraînants et magnétisent la foule au plus haut point. On garde les refrains en tête longtemps après.

De plus, la mise en scène est à souligner également, ce show est savamment mis en avant par trois écrans géants diffusant clips, vidéos, images, ou zoom sur le trio, selon les morceaux. Bref, un concert à la fois rassurant et surprenant, empreint de gravité et de dynamisme. Peu de "vieux" groupes arrivent ainsi à doser ces contrastes avec autant de brio !

La Set list (récupérée sur le site des Inrock'!) :
Welcome To My World  (Delta Machine, 2013)
Angel (Delta Machine, 2013)
Walking In My Shoes (Songs of Faith and Devotion, 1993)
Precious (Playing the Angel, 2005)
Black Celebration (Black Celebration, 1986)
Should Be Higher  (Delta Machine, 2013)
Policy Of Truth (Violator, 1990)
Slow (acoustique)
But Not Tonight (acoustique)
Heaven (Delta Machine, 2013)
Behind The Wheel (Music for the masses, 1987)
A Pain That I’m Used To (Playing the angel, 2005)
A Question Of Time (Black Celebration, 1986)
Enjoy  The Silence (Violator, 1990)
Personal Jesus (Violator, 1990)
Shake The Disease (acoustique) (single, 1985)
Halo(Violator, 1990)
Just Can’t Get Enough (Speak and Spell, 1981)
I Feel You (Songs of faith and devotion, 1993)
Never Let Me Down Again(Music for the masses, 1987)

A lire aussi cet article du Monde décrivant très justement le concert donné à Paris le 31 janvier, le même qu'à Strasbourg 2 jours après !

La tournée de Depeche Mode en Europe : http://www.depechemode.com/tour/

samedi 1 février 2014

L'amour est un crime parfait

Les frères Larrieu ont réalisé ici une sorte de thriller psycho-sentimental plutôt bien ficelé, tiré du roman Incidences de Philippe Djian.


L'histoire :
Marc (interprété par le génial Mathieu Almaric) est professeur de littérature à l'université de Lausanne, (D'ailleurs, très beau bâtiment vitré au milieu des montagnes enneigées) où il apprend "l'art d'écrire et accessoirement l'art d'aimer" à de jolies étudiantes, selon ses propres dires. En effet, il ramène de temps en temps dans son chalet isolé au milieu de la montagne de belles étudiantes fascinées par leur professeur de littérature.


Un jour, il reçoit la visite d'un inspecteur de police : sa dernière conquête a semble-t'il disparu. S'agit t'il d'une fugue, d'un accident, d'un drame?
La jeune et séduisante belle-mère de l'étudiante disparue, interprétée Maiwenn, vient ensuite à sa rencontre. Ils vont progressivement se rapprocher...


Mais bientôt Marc va se retrouver sous pression et vite dépassé, que ce soit au niveau familial, professionnel et sentimental. En effet, il doit calmer la jalousie de sa soeur (Karin Viard) avec qui il partage le chalet et entretient des relations troubles ou encore faire face au harcèlement sexuel d'une de ses élèves (Sara Forestier), très déterminée à avoir des cours particuliers... 

Bande-annonce :

Si dans la première partie du film le rythme est plutôt lent le temps de faire connaissance avec les personnages, une certaine tension se met ensuite en place, le film devient angoissant tout en gardant un coté décalé, légèrement absurde. Un comique de situation cher aux frères Larrieu, que l'on retrouvait déjà (un peu trop à mon goût) dans Peindre ou faire l'amour.

Le cadre du film est à la fois beau et inquiétant : il commence par Marc conduisant dans de petites routes de montagnes enneigées, s'enfonçant dans l'obscurité. Une métaphore pour ses propres ténèbres? Durant tout le film, il fait froid, il neige, le printemps est attendu avec impatience et les protagonistes se réchauffent comme ils peuvent, privilégiant la chaleur humaine.


Ce film ne serait pas le même sans la forte présence de Mathieu Almaric qui joue à la perfection le prof doux-dingue, comme à son habitude, il est à la fois drôle et flippant ! Karin Viard est excellente aussi dans le rôle de la sœur possessive, on a du mal à cerner sa personnalité. Tous deux sont shootés à la nicotine, ils fument cigarette sur cigarette comme un besoin incontrôlable pour ne pas exploser de colère ou d'angoisse.


Toutefois, certaines scènes m'ont semblé surjouées. En effet, la diction et le choix des mots ont certes toute leur importance pour ce prof de littérature et sa soeur bibliothécaire, mais, de là à s'échanger des répliques dignes d'une pièce shakespearienne, c'est des fois un peu exagéré.
Autre démesure : il semblerait que toutes les étudiantes en littérature soient de jeunes et jolies nymphomanes, c'est terriblement cliché !

Cela dit, le film tient la route, c'est plaisant à regarder, je ne me suis pas ennuyée et ai même été surprise par le dénouement. On peut regretter que le profil psychologique des personnages ne soient pas davantage dévoilé, mais cela laisse une part de mystère, l'impression de ne pas forcément tout comprendre. Mais c'est aussi peut-être ça l'effet escompté du film !

L'amour est un crime parfait / Jean-Marie et Arnaud Larrieu, avec Mathieu Almaric, Karin Viard, Maiwenn, Sara Forestier, Denis Podalydès... Sorti le 15 janvier 2014.