samedi 1 juillet 2017

Ozez le dernier Ozon, thriller psychologique à tendance érotique !

J'aime les films de François Ozon car ils explorent toujours les méandres de la psychologie humaine : en partant de situations banales, le réalisateur parvient, à partir d'une faille psychologique, à construire des thrillers haletants qui mettent souvent mal à l'aise. C'était le cas dans Swimming Pool, dans Jeune et Jolie et Dans la maison, et c'est de nouveau le cas dans son dernier film, L'Amant double, vu il y a plus de trois semaines maintenant


Marine Vacth, qui interprétait déjà l'adolescente désinvolte de Jeune et Jolie, interprète ici Chloé, une jeune femme de 25 ans un peu perdue, sans boulot, sans famille, qui vit seule avec son chat. Elle souffre depuis toujours de mystérieux maux de ventre pour lesquels les spécialistes ne trouvent pas d'explications ni de remèdes. Supposant une origine psychologique, elle se rend alors chez un psychiatre que sa gynécologue lui a conseillé.
Le psy, Paul, interprété par Jérémie Renier, la reçoit plusieurs fois avant de succomber à son charme. Quelques mois plus tard, les deux amants emménagent ensemble. En fouillant dans un carton, Chloé découvre que Paul porte un autre nom de famille sur son passeport. S'en suit d'autres faits étranges et voici Chloé poussée à découvrir qui est véritablement son amant. Elle met ainsi le pied dans un engrenage dont elle va vite se retrouver prisonnière...

Bande-annonce :

Un film à forte dimension psychologique

Dès les premières images on sent chez le personnage de Chloé une certaine fragilité. Lorsqu'elle rencontre son psy, elle se positionne très vite dans le rôle de la séductrice, reconnaissant apprécier être dans le rôle de la "jeune fille en détresse" ayant besoin d'être sauvée par une sorte de "prince charmant". Mais, derrière son regard perdu et sa moue triste, on sent aussi une forme de détermination, de mystère, et même dès fois d'arrogance. Elle lui confie qu'elle aurait voulu avoir une soeur et qu'elle a des relations compliquées avec sa mère. Par ailleurs, elle semble attirée par tout ce qui a attrait à la terre, aimant mettre sa main dans les pots des plantes vertes. Bref, ce n'est que le début d'un véritable casse-tête freudien !  
Paul, quant à lui, semble avoir un secret qu'il cache derrière une certaine désinvolture. 


L'amant double est un film sur les relations de couple, la filiation, le double-jeu, les fantasmes, l'inconscient, sur la quête d'identité et sur la gémellité.
La réalisation est particulièrement soignée. En effet, pour coller au thème du double jeu et des faux-semblants, Ozon a filmé de nombreux jeux de miroir, s'amusant avec les reflets, les impressions, la lumière. Certains plans sont vraiment sublimes.
Les acteurs sont remarquables aussi, jouant parfaitement l'ambiguïté, se fondant dans leurs personnages respectifs. Ils sont à la fois fascinants, troublants et dérangeants par moment. Le réalisateur a une impressionnante manière de les filmer, jouant avec le flou, alternant les visions doubles, triples, quadruples grâce aux reflets des miroirs. 

Un érotisme constant mais pas dominant

Dans une interview à Télérama, François Ozon révèle avoir été marqué par la manière dont Hitchcock suggérait les scènes érotiques de ses films avec de magnifiques paraboles. Ici l'élève copie le maître et c'est tout aussi réussi. A la différence que, Ozon, en 2017, peut aussi se permettre de filmer des scènes érotiques de manière assez explicites contrairement au maître du suspens des années cinquante !  Et il ne s'en prive pas.


Car des scènes érotiques, il y en a dans ce film. Mais, bien que la presse promeuve ce film comme un "thriller érotique", je trouve qu'il s'agit plutôt d'un thriller psychologique avec des scènes érotiques. Et à la fin du film, ce ne sont vraiment pas ces scènes qui restent en mémoire mais davantage le cheminement psychologique des personnages. Personnellement, seule une scène m'a gêné, d'autant plus que je n'ai pas compris ce qu'elle apportait de plus à l'histoire...

Une réalisation soignée, un suspens qui monte crescendo, une fin un peu éludée

Le film est superbement réalisé : Ozon filme de magnifiques plans séquences et apporte un soin particulier aux détails ainsi qu'à la lumière.
Par exemple, quand Chloé est assise à son poste de gardienne de musée au milieu des oeuvres contemporaines, on dirait qu'elle même fait partie du tableau, tout en noir et blanc. Je suis particulièrement sensible à ce genre de scénographie soignée et réfléchie.


Un autre personnage fait rapidement son apparition dans l'histoire (mais là je préfère ne pas en dire plus pour ne pas spoiler) et c'est à partir de là qu'une intrigue se met en place, que le suspens monte. On arrive même à un moment de tension quasi insoutenable vers la fin du film, (la musique oppressante, accompagnant parfaitement ce moment) et je me suis demandée si ça allait basculer vers le gore à un moment, peu de temps avant le dénouement, qui reste pour le coup assez conventionnel. En effet, la fin (non je ne vais rien dévoiler !) m'a semblé un peu trop rapide, directe, manquant d'éclaircir certains points. Et, du coup, elle semble un peu décevante par rapport au reste du film.

Mais, dans l'ensemble, L'amant double est un film réussi, réfléchi, soigné et captivant. Comme à son habitude, Ozon signe un film qui dérange, pousse ses personnages dans leurs retranchements, fait réfléchir et interroge sur les sentiments humains, les fantasmes et le ressenti.

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