mardi 14 août 2012

un peu d'optimisme dans la littérature

Voici mon livre de l'été, lu d'une traite, un roman que je n'arrivais plus à lacher, et cela faisait longtemps que ça ne m'était plus arrivé!


L'histoire se passe dans le Paris des années 50-60, Michel le narrateur grandit entre des parents débordés, un grand frère détaché et égocentrique, des amis idéalistes et révolutionnaires. Il est un lecteur compulsif, se passionne pour le Rock'n roll, est le roi de baby foot, se découvre une vocation de photographe amateur. Il fera la rencontre d'un groupe d'expatriés russes qui ont fuit le régime communiste et passé le rideau de fer pour des raisons de survie.

On suit Michel au fil de ses rencontres, on apprend beaucoup de choses sur la guerre d'Algérie qui frappera indirectement le jeune narrateur et sur le contexte intellectuel et politique de l'époque qui fut divisé par cette guerre. Les amis de Michel connaissent Sartre et Kessel qu'ils vénèrent ou détestent. Ils parlent littérature, poésie, musique, photo.
L'actualité internationale de l'époque est également très présente, l'histoire se déroule sur fond de Guerre Froide et l'auteur aborde l'idéologie communiste avec ses fervents défenseurs et ses idéalistes déçus obligés à fuir...

Le roman commence par un enterrement alors que le narrateur est adulte. On revient ensuite au temps de l'enfance et de l'adolescence et l'auteur dresse un portrait de la famille de Michel Marini, ses premières sorties et rencontres. On suit ensuite la vie de différents personnages russes qui ont tout quitté brutalement pour venir en France et et réapprendre à vivre en partant de rien. Pour survivre et se retrouver entre eux, ces expatriés se retrouvent dans un club d'échec au fond du Balto, un café parisien, le club des incorrigibles optimistes, un endroit où ils retrouvent un peu de joie de vivre entre compatriotes et passionnés d'échecs, lieu qui est aussi le QG du jeune narrateur. Vers le milieu du roman, les chapitres alternent entre le récit de l'adolescence de Michel Marini et le passé de ces expatriés russes, Igor, Leonid, Pavel et les autres, qui ont fuit leur pays. On apprend beaucoup de choses sur le régime stalinien. Plus on avance dans le roman, plus l'intrigue se met en place, on se demande comme le narrateur quel secret lie Igor, Leonid et Sacha et on ne peut plus lâcher le livre ! 

Michel sera sans cesse déçu par son entourage, sa famille, ses amis proches, son premier amour, ses amis russes, bref il verra ses illusions de l'enfance partir en fumée, sera confronté à la dure réalité...mais il se racrochera au club des incorrigibles optimistes.

Le ton est très juste, Jean-Michel Guenassia ne tombe jamais dans le mélo ou le sentimentalisme, les références historiques sont abordées avec brio. Un roman prenant et intéressant, un véritable régal.

Un roman plein de vie à dévorer d'une traite!

Quelques citations : 

"Le problème ce n'est pas les patrons, c'est le fric qui nous rend esclaves"

"Il y a des livres qu'il devrait être interdit de lire trop tôt. On passe à côté ou à travers. Et des films aussi. On devrait mettre dessus une étiquette : Ne pas voir ou ne pas lire avant d'avoir vécu."

"Tu nous emmerdes avec tes problèmes. Tu es vivant, profites-en pour vivre"

"Le cinéma ça fait oublier. C’est le meilleur remède contre la déprime. De préférence un film qui finit bien, qui rend meilleur, qui donne de l’espoir, avec un héros genou à terre, abandonné par ses amis, humain, avec de l’humour, au sourire enjôleur dont le meilleur pote meurt dans es bars, qui encaisse les coups avec une résistance incroyable, triomphe des méchants et de leurs complots, rend justice à la veuve et aux opprimés, retrouve sa bien-aimée, une superbe blonde aux yeux bleus, et sauve la ville ou le pays au son d’une musique entraînante."

Le club des incorrigibles optimistes / Jean-Michel Guenassia . - Le livre de Poche, 2009
Prix Goncourt des lycéens 2009

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