mercredi 4 mars 2015

Birdman : un film remarquable sur la forme, mais décevant sur le fond

Film étrange et pour le moins original que ce Birdman, récompensé récemment par trois oscars. Le réalisateur mexicain Alejandro González Iñárritu dépeint ce qu'est le métier d'acteur, les nuances entre comédien au théâtre et acteur de cinéma et amène à une réflexion sur le besoin de reconnaissance, l'égocentrisme et le narcissisme.


L'histoire : Riggan Thomson (Michael Keaon) était l'acteur principal d'un blockbuster des années 1990 dans lequel il incarnait un super-héros, the "Birdman", ce qui l'a rendu célèbre. Or, 20 ans après, il a perdu de sa renommée et regrette ces années où il était adulé. La voix grave de "Birdman" sonne toujours dans sa tête comme un alter-égo pour lui rappeler sa popularité de jadis, jusqu'à le rendre schizophrène. Aujourd'hui metteur en scène à Broadway, il monte une pièce dans laquelle il joue également et avec laquelle il cherche à regagner en prestige. Il aimerait ainsi redorer son image, montrer que l'acteur de blockbuster peut être aussi un talentueux et respecté metteur en scène de Broadway. Aidé de sa fille, incarnée par une Emma Stone aux yeux de biche, à la fois désinvolte et fragile, et de son ami producteur et avocat, il embauche un acteur populaire (interprété superbement par Edward Norton) à forte personnalité pour incarner un rôle important dans sa pièce.

Bande-annonce :

La réalisation est parfaite de bout en bout, à la fois réfléchie, harmonieuse et poétique. Un soin particulier est apporté à la lumière, au cadrage, à la scénographie avec, par exemple, la juxtaposition d'images insolites et métaphoriques au début et à la fin du film.

Riggan Thomson et son alter-égo the Birdman

Par ailleurs, on peut souligner la juste interprétation des acteurs, Michael Keaton, Edward Norton, Emma Stone et Naomi Watts jouent à merveille leur double jeu. Pour un film sur le théâtre, le texte a été particulièrement travaillé. Les dialogues sont riches, littéraires, alignant une suite de brillantes citations.
De plus, le film est sans cesse rythmé par des percussions souvent entêtantes et l'on aperçoit d'ailleurs à plusieurs reprises les musiciens : un spectacle en pleine rue, un batteur isolé dans le studio, etc.

Birdman, c'est une critique du métier d'acteur, de la "critique" justement et du microcosme culturel qui est y est lié, de la célébrité. Le film montre un milieu où l’orgueil et l'ambition sont des moteurs mais peuvent également être des handicaps. Mais c'est aussi un film sur le besoin d'amour et d'admiration. La femme de Riggan lui dit d'ailleurs à un moment : " Tu as toujours confondu amour et admiration".

Riggan Thomson et Mike Shiner se battant

Malgré quelques difficultés le premier quart d'heure pour entrer dans l'histoire, on se laisse finalement prendre au jeu de cette histoire un brin loufoque où on ne sait jamais si les personnages sont eux-même ou jouent leur rôle, la limite étant de plus en plus floue au fur et à mesure que l'on avance dans le film. Mike, un des acteurs vedettes de la pièce, dira d'ailleurs qu'il n'est vraiment lui même que lorsqu'il joue dans une pièce, il interprète le personnage à fond alors que dans sa vie il est superficiel.

Sam la fille de Riggan Thomson

Rien à redire donc sur la réalisation et la scénographie. Cependant, j'ai trouvé ce film trop intellectualisé, exagérément métaphorique, notamment la fin qui se veut sûrement poétique mais m'a semblé tirée par les cheveux.

Dans l'ensemble, je trouve donc que la performance technique et le jeu d'acteur sont certes remarquables, mais que l'histoire reste assez banale, en tout cas elle ne m'a pas emballée. C'est un film sur le théâtre, le cinéma, l'égo, le besoin de reconnaissance, de célébrité, bref, des choses qui ont probablement touchées les membres du jury de cette cérémonie des oscars 2015 ! Le film a effectivement reçu l'oscar du meilleur réalisateur, celui de meilleur film et celui de meilleur scénario. 

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire