mardi 11 décembre 2012

Un film bien populaire

Populaire c'est le genre et le titre du dernier film que je suis allée voir. Réalisé par un inconnu, Régis Roinsard (son premier film apparemment), je préfère prévenir en disant que ce n'est pas un grand film d'auteur, c'est même assez nunuche par moments et dès le début on sent arriver la fin tellement prévisible et romantique!


Mais bon, peu de films sont susceptibles de m’intéresser en ce moment, et comme j'adore l'ambiance rétro des années 50, je me suis laissée tenter par une comédie romantique française...
Pour commencer, le générique de début est très esthétique et coloré et nous plonge d'emblée dans les années 50.

Bande annonce :

L'histoire c'est celle de Rose Pamphile, fille du gérant du bazard d'un petit village de Normandie, jolie blonde, la petite vingtaine, qui rêve d'intégrer le monde des "dames de la ville". Le film commence par un entretien d'embauche pour un poste de secrétaire chez un assureur (interprété par Romain Duris). La file est longue pour ce poste car, comme l'affirme Rose, dans les années 50, secrétaire est le métier dont toutes les femmes rêvent! D'ailleurs, une secrétaire se doit d'avoir des lunettes même si elle a une bonne vue. Ses concurrentes ne manqueront pas de lui faire remarquer et de lui donner des conseils vestimentaires.

Malgré ses maladresses et son ignorance du métier, elle se démarque en tapant rapidement à la machine avec juste deux doigts. Son patron, l'assureur Louis Echard, l'embauche donc à l'essai et voit en elle sa pouliche qu'il pourra entraîner en vue de la faire participer aux concours de dactylo qui font alors fureur. Romain Duris interprète l’archétype du patron dans les années 50 : en costume, gros fumeur, macho, misogyne, appelant les filles "mon chou" et ne voyant en Rose qu'un moyen de se mettre en valeur...Toutefois, au fur et à mesure de l'avancée dans l'histoire, on verra des fêlures dans sa carapace et le machiste s'éclipsera pour faire face au sentimental. La transition est d'ailleurs un peu rapide et surtout très clichée.

Déborah François interprète quant à elle une Rose Pamphile plus subtile, une jeune fille sage mais qui s'émancipe rapidement, une femme à l'étroit dans sa vie, dans son époque, qui rêve de se démarquer et se lamente d'être "une fille banale qui ne sait rien faire". Quand son amie (l'ex de Louis Bejard, interprétée par la pulpeuse Bérénice Béjo) lui demande quel homme elle aimerait rencontrer, elle répond "un homme qui considère la femme comme son égale", un gros silence s'installe en face!
Lorsque son patron lui propose de s'installer chez lui afin de la coacher pour la faire participer aux concours de dactylo, elle y verra un moyen de sortir de l'ordinaire, voir de se rapprocher de lui. Or, celui-ci prendra la chose très sérieusement et, comme il le dit à son ami au début du film, une relation est inenvisageable entre un sportif et son entraîneur!


C'est également un film sur l'histoire de la dactylographie. Afin d'assister le plus rapidement possible leurs patrons qui croulent de plus en plus sous la paperasse, les secrétaires se doivent d'écrire le plus vite possible sur leur machine à écrire. Comme le film le souligne, "la vitesse c'est le progrès" et les machines à écrire visent à améliorer la technique de frappe.Une véritable compétition s'instaure entre secrétaires. 
Louis Echard entraîne Rose Pamphile comme si c'était une sportive de haut niveau en lui apprenant à taper avec tous ses doigts, en lui instaurant un code couleur (qui l'amènera à se vernir les doigts de différentes couleurs ce qui entraînera ensuite une mode!), en lui faisant suivre des cours de piano afin d'assouplir ses doigts puis enfin en l'incitant à taper sans regarder les touches.


Elle est ensuite fin prête pour remporter le tournoi de dactylographie de Normandie, puis pour participer au championnat de France et viser le concours mondial qui a lieu aux Etats-Unis. Devenue star publicitaire, Rose affirmera d'ailleurs : "l'avenir, c'est le clavier!" Tout au long du film on voit défiler toutes les marques de machines à écrire de l'époque, dont les commerciaux voient dans ces concours un excellent moyen de promotion et sont prêts à exploiter le filon jusqu'au bout. Les représentants de la marque Jipa, le père et le fils du même nom, excellent dans leurs rôles cyniques et hypocrites!
A la fin du film, Louis Echard dessine d'ailleurs le prototype de la machine à bulle, qui sera réellement commercialisé en 1961 par IBM.
Populaire, Rose le deviendra notamment grâce aux médias (télévision, radio, cinéma) qui en font une icône féminine. Populaire, c'est également le nom de la dernière machine à écrire à la mode que toutes les ménagères rêveront d'avoir, grâce ou à cause des publicitaires.

Comme je l'ai dit plus haut, l'histoire d'amour qui se trame est un peu niaise et beaucoup de personnages sont des stéréotypes (la copine de village rondouillette, simple et enthousiaste, le papa ronchon, la gouvernante d'internat vieille fille fourbe et hypocrite...). Par ailleurs, certaines scènes semblent surjouées, notamment au début du film.
Toutefois, j'ai apprécié l'ambiance rétro mais assez bien retransmise des années 50 : quantité d'objets de l'époque y sont représentés, on admire un défilé de vieilles voitures, les vêtements rappellent une époque où rares étaient les filles qui portaient des pantalons... Les mentalités sont également bien retransmises, entre tradition et modernité, avec l'apparition de nouveaux appareils électro-ménagers et le développement des médias, cette comédie retrace aussi le début de l'émancipation féminine. De plus, on apprend beaucoup de choses sur la dactylographie. La dactylo, un art ou un sport? En tout cas un moyen de pouvoir travailler et donc de s'émanciper pour les femmes des années 50.

Dans l'ensemble, Populaire est donc une comédie douce et plaisante,  une bluette sympathique mais sur laquelle il y a quand même pas mal de choses à dire!

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