jeudi 9 avril 2015

Immersion dans une prison pour femmes avec "Orange is the new black", une série au ton très juste

On était un peu triste que la série Weeds soit terminée, après sept saisons à suivre les aventures de cette mère de famille sexy et désinvolte devenue trafiquante de drogue. On peut dorénavant se consoler en regardant la nouvelle série de Jenji Kohan, Orange is the new black.


L'héroïne de cette série est là aussi une femme un peu borderline. Piper est une jolie trentenaire qui mène une vie plutôt banale et heureuse. Mais tout bascule lorsque son passé la rattrape et qu'elle doit payer pour ses erreurs de jeunesse. En effet, dix ans auparavant elle a trempé dans du trafic de drogue avec sa petite copine de l'époque, la sulfureuse Alex. Voilà donc que la douce et naïve jeune femme doit quitter son fiancé, sa famille et sa petite bulle pour purger une peine de prison de 8 mois entourée de délinquantes de toutes sortes : des filles blasées, sans tabou, dès fois brutales, dès fois attendrissantes... C'est un véritable choc des cultures pour Piper ! Elle découvre des conditions de vie difficiles, les petites humiliations du quotidien, avec notamment l'indifférence et la perversité des gardiens et, plus généralement, les dures lois de la prison entre co-détenues.

Trailer : 

Au début, Piper a pas mal de préjugés vis à vis de ses codétenues aux allures renfermées, un peu illuminées, souvent effrayantes. Mais, au fur et à mesure, elle apprend à les connaitre et se rend compte que ce sont justes des femmes qui, pour la plupart ont manqué de chance dans leur vie, ont fait de mauvaises rencontres ou ont voulu se défendre. 

Piper et Suzanne "folle-dingue"

On suit donc l'histoire de Piper qui retrouve en prison celle par qui tout à commencé, son ex copine Alex, pour qui elle éprouve des sentiments partagés. S'en suit toute une histoire entre son fiancé, sa copine Alex, sa meilleure amie qui vient d'avoir un bébé, sa famille...

Piper et Alex

Chaque épisode retrace en parallèle la vie d'une détenue avant la prison. De cette manière, on en apprend davantage sur le passé de ces femmes, ce qui les a amené à être ce qu'elles sont aujourd'hui : des prisonnières. On apprend à les connaitre en même temps que Piper et on finit par s'attaches à ces personnages : une ancienne cuisinière russe, une jeune junkie lesbienne, une arnaqueuse harceleuse, une braqueuse de banque, une ex sportive de haut niveau, une nonne militante, etc.


Cette série pointe aussi la ségrégation qui existe en prison avec l'appartenance à des groupes : le clan des blanches, celui des latinas, le clan du troisième âge et celui des femmes noires... Chaque clan a une chef de groupe, une "mère" adoptive, à la fois dure et bienveillante avec "ses filles". Ce qui constitue une sorte de famille recomposée pour ces femmes qui ont tout perdu ou presque.
Et c'est autour de ces différents clans que se construit une bonne partie de l'intrigue : des luttes de pouvoir pour l'attribution de privilèges comme celui de tenir la cuisine, la mise en place de marché noir et trafic en tout genre dans la prison, etc. Mensonge, manipulation, amitié, amour, déception et émotions en tout genre, voilà ce qui fait vivre ces femmes en prison.


Les personnages sont interprétés avec beaucoup de justesse par des actrices prometteuses. Tous sont entiers, avec  leurs qualités et leurs défauts, on en oublie presque que ce sont des actrices tellement elles jouent bien ! Il y a plein de protagonistes mais tous ont leur importance. La réalisatrice parvient à rendre compte avec beaucoup de maîtrise et de subtilité des émotions de ces femmes. Elle décrit leur quotidien avec force de détails, ce qui fait de Orange is the new black une série pleine de vie.
De plus, la série porte un regard omniscient sur tous les personnages puisque les gardien(e)s et le personnel administratif ne sont pas en reste. Tantôt sadiques, tantôt bienveillants, soufflant le chaud et le froid, ils ont un rôle déterminant dans cette vie en prison.


Enfin, la série est superbement bien construite, Jenji Kohan donne à ce huis-clos en prison une grande force qui réside notamment dans la complexité des relations entre les personnages. 
La réalisatrice n'y va pas par quatre chemins et le ton de la série est plutôt "cash" voir trash ! Oreilles sensibles s'abstenir. On y parle souvent de sexe, notamment entre femmes. Mais, malgré les paroles vulgaires, il y a  une grande sensibilité qui se dégage de la série, notamment à travers les cascades d'émotions qui secouent les personnages et l'évolution constante du personnage de Piper.


La série a été récompensée par plusieurs prix, notamment les Golden Globes 2015 (en tant que meilleure série comique, alors que je trouve qu'elle ne rentre pas du tout dans cette catégorie!)


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