vendredi 17 juillet 2020

"Par les routes" une belle écriture pour relater l'envie d'évasion.

Cela fait bien longtemps que je n'ai pas écris sur ce blog. Faute de temps principalement, et ce malgré deux mois de confinement à la maison, mais entre le télétravail et la garde d'enfant il ne me restait guère de temps pour faire autre chose.
Et pourtant j'ai tout de même lu pas mal de livres depuis décembre dernier ! Certains que j'ai aimé, d'autres moins... Je vais essayer de me rappeler les coups de cœur littéraires depuis ce début d'année et de rattraper mon (gros) retard prochainement.

Je vais commencer par ce livre lu en tout début d'année.
Par les routes de Sylvain Prudhomme est un roman français assez facile à lire qui a notamment reçu le prix Fémina en 2019.

J'ai plutôt apprécié ce roman à l'écriture fluide, légère, teintée de poésie et d'une bonne dose de mélancolie. Signe particulier : la ponctuation y est simplifiée : pas de point d'interrogation, d'exclamation, de guillemets pour les dialogues. Cela surprend au début, mais on s'y habitue assez vite.

Voici l'histoire. Le narrateur, lui même écrivain, quitte Paris pour une petite ville du Sud de la France afin d'y trouver plus de calme et d'authenticité et de renouer avec l'inspiration littéraire. Il tombe par hasard sur un ami de jeunesse, ce qui fait resurgir bien des souvenirs. Il raconte ici l'histoire de "l'auto-stoppeur", c'est comme ça qu'il nomme son ami tout au long de l'histoire.

Par les routes, c'est l'histoire de deux quadragénaires qui ont du mal à vivre leurs vies d'adultes.  L'un s'est plus ou moins "rangé" dans une vie d'artiste et d'écrivain, l'autre dans une vie de famille. Mais pour ce dernier, le besoin de vadrouiller en stop est plus fort que tout. Bien qu'il ait une femme et un enfant qu'il aime et qui l'aiment, l'"auto-stoppeur" ressent ce besoin permanent de partir "sur les routes" en stop, d'aller à l'aventure, à la rencontre des gens, et de chercher quelque chose que finalement lui même ignore.

Au fur et à mesure, Sacha l'écrivain va se rapprocher de Marie, la femme de son ami, qui est toujours en vadrouille sur les petites routes de France et de Navarre. Ce roman, c'est l'histoire d'un mari, d'un père et d'un ami plein de mystère qui s’efface progressivement. C'est une ode à la campagne française, aux petites routes. L'auto-stoppeur envoie des cartes postales à ses proches de tous les bleds où il passe avec simplement quelques mots pour dire qu'il va bien. (c'est bien la première fois que je vois mentionné Dieuze dans un roman !)

Cette histoire se veut aussi un hymne au partage, aux rencontres. De belles idées, en somme. Mais là aussi je n'adhère pas au fait de faire des rencontres sur des aires d'autoroute et de voyager uniquement en voiture. Question de point de vue sûrement !

A l'issue de cette lecture, on peut y faire différentes analyses psychologiques des personnages mais je ne vais pas m'étaler là dessus de peur de dévoiler l'issue du roman.

Personnellement, si j'ai apprécié la forme du roman, j’émets quelques réserves sur le fonds. D'abord j'ai assez peu d'empathie pour les personnages principaux, l'éternel baroudeur qui ne sait pas apprécier sa vie de famille et l'artiste incompris qui se cherche... L'un en quête d'aventure, l'autre en quête de stabilité. Il y a quelque chose de très "bobo" dans cette histoire et dans ces personnages (même si je n'aime pas vraiment ce terme). On sent une certaine complaisance car c'est un roman d'un écrivain sur un écrivain. Il y a probablement une bonne dose d'autobiographie dans ce récit !

Bref, j'ai beaucoup aimé l'écriture de ce roman mais n'ai pas été convaincue par l'histoire. Cependant Par les routes reste un livre agréable à lire et une belle découverte littéraire.


Quelques citations :

Référence à une chanson de Leonard Cohen "Famous Blue Raincoat" la chanson préférée de l'auto-stoppeur, qui raconte une lettre à un amis " Et il lui fait cette déclaration dont je ne pense pas que beaucoup de longs poèmes l'égalent en beauté, en justesse, en conscience de l'impermanence des choses en ce bas monde : Je suis heureux que tu te sois trouvé sur ma route. Parole de voyageur. Parole d'habitué des routes, des carrefours, des rencontres. Parole de vrai amoureux de la vie, reconnaissant aux surprises qu'elle réserve. " p 386


"J'ai réalisé qu'il ne se passerait rien [...] Des jours tantôt habités avec intensité, imagination, lumière, des jours pour ainsi dire pleins, comme on dit carton plein devant une cible bien truffées de plombs. Tantôt abandonnés de mauvais gré au soir venus trop tôt. Désertés par excès de fatigue ou de tracas. Laissés vierges du moindre enthousiasme, de la moindre récréation, du moindre élan véritable. Jours sans souffle, concédés au soir trop tôt venu, à la nuit tombée malgré nos efforts pour différer notre défaite, et résignés alors nous marchons vers notre lit en nous jurant d'être plus rusés le lendemain - plus imaginatifs, plus éveillés, plus vivant." p 125



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