dimanche 28 avril 2013

La réparation, un roman-docu-autobiographique grave et beau

La Réparation

Colombe Schneck est une journaliste de TV (I-Télé) et de radio (France Inter où elle tient notamment une chronique littéraire). Écrivain reconnue et récompensée par plusieurs prix littéraires, elle a publié son dernier ouvrage, La Réparation, en 2012.


Ce livre est à la fois un témoignage, une autobiographie, un documentaire et un roman. 
Lors de la naissance de sa fille Salomé, l'auteur et narratrice se rappelle que sa mère lui avait recommandé ce prénom en hommage à une cousine disparue. Elle se plonge alors dans l'histoire de sa famille juive d'origine lituanienne qui fut déportée par les nazis durant la Seconde Guerre Mondiale et ira à la rencontre des membres de sa famille et des lieux où ils ont vécu afin de mieux connaitre leur histoire.


C'est l'histoire d'un secret de famille, d'une histoire tragique et d'un terrible passé. En partant sur les traces de sa famille, Colombe Schneck (re)découvre l'histoire de la Lituanie, petit pays d'abord envahit par l'Allemagne nazie puis par l'Union Soviétique, celle des juifs persécutés et en particulier des juifs de Lituanie et du ghetto de Kovno et aborde le sujet de la diaspora juive aujourd’hui. C'est l'histoire de deux femmes qui ont choisi de vivre après avoir connu les pires horreurs. C'est un récit sur la filiation, l'importance de connaitre ses origines.

Le titre "La réparation" fait allusion à une indemnisation financière dérisoire faite par l'Allemagne à sa grand-mère trente ans après la guerre, mais ce sujet n'est abordé qu'à travers quelques lignes au début du roman et c'est un peu surprenant. Mais, au bout du compte, peut être que le titre fait davantage référence à une quelconque "réparation" intérieure, pour ne  pas s'être penchée sur la généalogie de sa famille plus tôt par exemple ou un hommage aux personnes disparues.

Colombe Schneck se décrit elle même comme une femme quelque peu nombriliste et légèrement paresseuse et fait part de ses doutes sur l'écriture d'un livre parlant d'un sujet aussi grave que la Shoah. Toutefois, elle laisse un témoignage poignant et plein de pudeur sur la question juive pendant la Seconde Guerre Mondiale.


Quelques citations :

"Ma grand mère mentionne un chèque qu'elle a reçu d'Allemagne en "réparation". Elle me propose, j'ai huit ans, d'aller aux galeries Lafayette acheter la plus belle poupée.[...] Elle ne me demande pas pourquoi je ne veux pas de poupée, je ne lui demande pas pourquoi les Allemands veulent la "réparer". Rien ne pourra réparer sa détresse." (p. 21)

"Il n'y a pas de transmission aux enfants et petits enfants. Le monde d'avant est enterré et il n'en reste que quelques survivances." (p. 26)

"Macha pense avoir une dette infinie envers le monde vivant" (p.61)

"La paix n'apporte pas de consolations, les morts ne ressuscitent pas, seul, croit-elle, le silence permet de vivre encore." (p. 91)

"Une autre vie doit être possible quelque part, il faut qu'elle trouve la force pour entrer dans cette nouvelle vie, pour que tous redeviennent des vivants" (p. 101)

"<< Comprenez-vous pourquoi l'Etat Israélien a construit ce mur entre nous, ces check-point pour sortir de nos villes? Les juifs ont souffert de cela et aujourd'hui cette stigmatisation est répétée, appliquée par le peuple qui en a le plus souffert.>>" (p.137)

"Ils avaient cette force en eux. Ils sont tous tombés à nouveau amoureux. Ils ont tout reconstruit de zéro." (p.166)

"Ginda avait insisté auprès de son fils. D'un coté il y avait les lituaniens, de l'autre les juifs, on ne se mélangeait pas." (p. 188)

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